Plus que deux groupes en lice pour le grand Inga III

Vendredi 13 mai 2016 - 10:20

Le canadien SNC-Lavalin ne figure plus parmi les trois consortiums en lice pour la construction du premier des barrages hydroélectriques d’Inga sur le fleuve Congo, selon Bruno Kapandji, le directeur de l’Agence pour le développement et la promotion du projet Grand Inga, cité par l’agence Reuters mardi 10 mai 2016.

 

L’échéance est désormais fixée à octobre 2016 : c’est la date à laquelle le gouvernement de République Démocratique du Congo (RDC) départagera les deux consortiums encore en lice pour la construction du premier barrage du projet Inga III, dit “ Inga III basse chute ».

 

Celui-ci doit permettre à la RDC - pays où seul 15 % de la population a accès à l’électricité - de produire 4 800 mégawatts (MW) supplémentaires. Premier volet d’un projet décalé à de multiples reprises qui vise à étendre les capacités de production électrique sur le site exceptionnel des chutes d’Inga, à environ 350 km au sud de Kinshasa, où existent actuellement deux barrages construits dans les décennies 1970 et 1980 et fonctionnant aujourd’hui bien en-deçà de leurs capacités.

 

Projet à très long terme, “ Grand Inga “ prévoit plusieurs phases d’extension des capacités de production électrique sur le site.

 

S’il venait à être réalisé, le site d’Inga aurait une capacité de production de 40.000 MW, soit l’équivalent de plus de 24 réacteurs nucléaires de troisième génération, qui seraient exportés jusqu’en Afrique du Sud, mais aussi vers l’Afrique de l’Ouest voire plus au nord.

 

Deux consortiums en lice

Deux consortiums sont encore en lice, selon Bruno Kapandji, l’ancien ministre des Ressources hydrauliques et de l’Énergie nommé directeur de l’Agence pour le développement et la promotion du projet Grand Inga, créée par le président Joseph Kabila au sein de son cabinet en octobre 2015.

 

Il s’agit du groupement d’entreprises chinois, mené par China Three Gorges Corporation, qui a réalisé le barrage des Trois-Gorges en Chine, et du consortium emmené par le groupe de BTP espagnol ACS.

 

« Nous sommes dans l’attente de leur offre en juillet. Nous choisirons la meilleure en termes d’expérience, de capacité à mobiliser des fonds et de technologie “, a indiqué Bruno Kapandji.

 

En gestation depuis plus de dix ans, Inga III - d’un coût total estimé à 12 milliards de dollars - a été ressuscité en 2013 par la promesse faite par l’Afrique du Sud d’acheter plus de la moitié de la production d’électricité du futur barrage (2.500 MW) assurant ainsi une viabilité financière au projet.

 

Soutenu par la banque mondiale (BM) et de la banque africaine de développement (BAD), Inga III a néanmoins pris du retard.

 

Exit SNC-Lavalin

Exit donc le groupe canadien SNC-Lavalin qui avait été présélectionné en association avec les coréens Daewoo et Posco, et dont Bruno Kapandji ne fait plus mention.

 

La firme d’ingénierie canadienne et ses filiales avaient été « blacklistées », en avril 2013, par la Banque mondiale. Deux de ses cadres avaient été accusés de corruption d’agents étrangers au Bangladesh, dans le cadre d’un chantier de construction de pont auquel l’institution de Bretton Woods prévoyait d’allouer 1,2 milliard de dollars.

 

Or la Banque mondiale est très impliquée dans le projet Inga III. En mars 2014, rassérénée par l’engagement de l’Afrique du Sud à acheter la moitié de la future production électrique du barrage congolais, l’institution internationale a accordé un don de 73,1 millions de dollars à la RDC, pour de l’assistance technique dans le développement de ce projet.

 

Le démarrage du chantier, lui aussi décalé de manière répétée, est désormais attendu pour juin 2017. Cependant, “des financements supplémentaires doivent être sécurisés “, a indiqué Bruno Kapandji. Qui n’a toutefois pas précisé dans quelles proportions le coût total de Inga III basse chute, estimé à 12 milliards de dollars, a pour l’heure été sécurisé.

 

Vivement l’accélération d’extension du projet

L’on rappelle que la République démocratique du Congo et l’Afrique du Sud avaient réaffirmé, le vendredi 17 octobre 2015 à Kinshasa leur volonté d’accélérer le projet d’extension des barrages hydroélectriques d’Inga sur le fleuve Congo, qui pourrait fournir du courant à l’Afrique entière. C’était au cours d’un entretien entre le président congolais Joseph Kabila et son homologue sud-africain Jacob Zuma. Les deux chefs d’Etat avaient “ salué le progrès enregistré dans la mise en œuvre du traité sur le projet Grand Inga “, conclu en 2013, selon le communiqué final de leur rencontre.

 

  1. Kabila et Zuma” avaient exhorté “les services concernés dans leurs deux pays “ à accélérer le processus en vue de résoudre toutes les questions en suspens r...] afin de baliser la voie pour l’exécution de ce projet panafricain “, avait ajouté le ministre des Affaires étrangères congolais, Raymond Tshibanda, en donnant lecture de ce communiqué.

Par DMK