Après Beni, théâtre des massacres en série dans la province du Nord-Kivu, le drame s’est déporté à Kinshasa où des corps sans vie sont charriés depuis un temps par les eaux de la rivière N’Djili. Le décompte macabre approche déjà la dizaine. Ce qui a été présenté comme un règlement de comptes entre gangs de jeunes délinquants se mue aujourd’hui en des tueries ciblées. Seule une enquête indépendante permettra d’élucider ce mystère. Pour l’instant, le silence des autorités intrigue.
En l’espace d’une semaine, plusieurs corps sans vie ont été repêchés dans la rivière N’Djili au quartier Kingabwa, entre la commune de Limete et celle de Masina.
Dans la capitale, tout le monde en parle. Faut-il parler de mystère ou des faits anodins ?Après les sept de la semaine passée, trois autres viennent d’être extraits des eaux de cette rivière qui traverse la ville de Kinshasa par sa partie Est. Selon des témoins, ces corps présentaient des lésions corporelles assez semblables, corroborant ainsi la thèse d’une exécution sommaire.
Le lundi 11 juillet 2016, le Parquet général de Kinshasa/Matete aurait confirmé la découverte de trois nouveaux corps dans la rivière de N’Djili à Kinshasa. Selon cette juridiction, cela porte à six le nombre de morts repêchés dans ce cours d’eau depuis le dimanche 3 juillet 2016. Mais, des riverains parlent plutôt d’une dizaine de corps qui seraient déjà récupérés dans la rivière.
A en croire ce Parquet cité par radio Okapi, l’enquête judiciaire qu’il mène à la suite de ces découvertes se poursuit en vue de déterminer l’origine des décès, et certaines personnes sont aux arrêts et subissent des interrogatoires. Cette instance judiciaire promet de donner la suite à son enquête ce vendredi 15 juillet.
Dans la capitale, la peur se lit déjà sur les visages des Kinois. Pire, le silence des autorités tant au niveau central que provincial ravive les inquiétudes. Comme si le gouvernement ne s’en émouvait pas, le dernier Conseil des ministres n’en a nullement fait mention.
La population kinoise se sent livrée, du moins abandonnée entre les mains des tueurs en furie qui parcourent la ville dans une sorte d’impunité. Dans la fièvre pré-électorale, la psychose est totale. On n’est plus loin des scenarios de Beni où des Congolais sont tués dans une extrême atrocité sans que l’Etat ne déploie de gros moyens pour arrêter le carnage. Kinshasa serait-il sur le point d’emboiter le pas à Beni ? Les Kinois sont anxieux, sinon terrorisés.
Il y a anguille sous roche
Si dans les milieux officiels on privilégie la thèse d’un règlement des comptes entre gangs de jeunes délinquants, communément désignés sous le nom de « Kulunas », des Ongs telles que la Voix des Sans voix pour les droits de l’homme (VSV) évoquent plutôt l’hypothèse des exécutions sommaires. La VSV s’appuie à cet effet sur des témoignages concordants recueillis auprès des riverains qui disent avoir repéré des traces des tortures et de supplices corporels subis par les infortunés. Ils vivent dans la peur d’être de prochaines cibles à l’approche de la fin du dernier mandat du président de la République.
Face au silence des autorités, la VSV se dit dépitée. Repris par radio Okapi, Rostin Manketa, son directeur exécutif, n’est pas allé par le dos de la cuillère, interpellant ouvertement les autorités politiques et policières de la ville. « Nos enquêteurs étaient sur le terrain et nous dénonçons toute banalisation de la vie humaine et vous savez qu’il y a une psychose de l’insécurité et un climat de peur qui règne actuellement à Kinshasa après la découverte de ces corps sans vie », a-t-il déclaré.
Chose curieuse, clame la VSV, tous ces corps des personnes adultes de sexe masculin présenteraient « des lésions corporelles assez semblables, corroborant ainsi la thèse d’une exécution sommaire qui aurait été perpétrée ailleurs avant d’être jetés dans la rivière N’Djili ».
Selon les riverains, c’est la première fois qu’ils venaient de découvrir de nombreux corps charriés par les eaux de la rivière N’djili et présentant des traces de violence presque similaires. L’hypothèse de la mort par noyade s’en trouve exclue quant à la cause réelle de ces meurtres atroces. Cela, du fait de l’absence du ballonnement des ventres qui aurait dû s’en suivre, consécutivement à l’absorption d’une certaine quantité d’eau.
Bon nombre d’habitants de Kinshasa expriment des inquiétudes et ne cachent pas leur peur d’être des cibles éventuelles à la veille de l’incertitude du lendemain liée au processus électoral en République démocratique du Congo.
Tout en réitérant ses vives inquiétudes face à la recrudescence de l’insécurité dans la ville de Kinshasa, la VSV demande aux autorités congolaises compétentes de « diligenter effectivement une enquête indépendante, en vue de faire la lumière sur la cause réelle de ces meurtres et d’en établir les responsabilités… ».
Que dire enfin ? Après Béni dans le Nord-Kivu, Kinshasa serait-il la nouvelle cible de tous ces tueurs en série qui sèment la mort dans différents coins de la RDC ? En tout cas, dans la ville de Kinshasa, les Kinois ne cachent plus leur désarroi. Ils ne savent pas prédire la suite de tous ces morts mystérieux de la rivière N’Djili. Suite au silence dans lequel se renferment les autorités, des observateurs n’excluent pas la thèse d’un complot qui vise à semer la peur dans la ville. Une façon d’étouffer toute contestation liée à l’enlisement du processus électoral. De quoi déduire qu’il y aurait de bonnes raisons de craindre le pire.
Psychose de l’insécurité à Kinshasa après la découverte de nombreux corps sans vie
La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) exprime ses vives préoccupations suite à la recrudescence de l’insécurité dans la ville province de Kinshasa plongeant ainsi la population dans la peur d’être de prochaines cibles à l’approche de la fin du dernier mandat du Président de la République, M. Joseph Kabila Kabange. La dernière illustration en date est la découverte des corps sans vie charriés par les eaux de la rivière N’djili dans sa partie dénommée Ngwele, au quartier Kingabwa, entre la commune de Limete et celle de Masina.
En effet, jeudi 30 juin 2016 vers 7h05’, le corps portant l’uniforme des FARDC sans béret de l’Officier Lumbu, Adjudant de 1ère classe, affecté au Corps de Génie Militaire/Construction est découvert charrié par les eaux de la rivière Ngwele (dénomination de la rivière N’djili à partir du pont-rail jusqu’au fleuve Congo). La dépouille portait des lésions corporelles visibles, des plaies à la bouche et au nez…
Dimanche 03 juillet 2016, six (6) corps charriés par la même rivière en amont vers Ngwele sont découverts et repêchés. Il revient à la VSV que l’un de ce corps a été identifié et reconnu par les proches et membres de famille comme celui de leur fils répondant au nom de M. Eric Bakupenda. Ce dernier serait l’enfant d’un agent de la Police de Sécurité Routière (PSR), résidant sur avenue Kipusi, quartier Kingasani ya Suka, Commune de Kimbanseke. La victime était sortie du toit paternel depuis le 30 juin 2016 et elle n’y est jamais rentrée.
L’un de six (6) corps découvert sur la même rivière à la hauteur de l’avenue Mukonzo portait des tatouages et serait apparemment celui d’un sportif non autrement identifié. Ce corps portait également des lésions corporelles graves, du sang coagulé à la bouche et au nez, le cou probablement tordu et la tête légèrement aplatie…
Chose curieuse, tous ces corps des personnes adultes de sexe masculin présentaient des lésions corporelles assez semblables corroborant ainsi la thèse d’une exécution sommaire qui aurait été perpétrée ailleurs avant d’être jetés dans la rivière N’djili.
Selon les riverains, c’est la première fois qu’ils venaient de découvrir de nombreux corps charriés par les eaux de la rivière N’djili et présentant de traces de violence presque similaires. L’hypothèse de la mort par noyade s’en trouve exclue quant à la cause réelle de ces meurtres atroces du fait de l’absence du ballonnement des ventres qui aurait dû s’en suivre, consécutivement à l’absorption d’une certaine quantité d’eau.
Bon nombre d’habitants de Kinshasa expriment des inquiétudes et ne cachent pas leur peur d’être des cibles éventuelles à la veille de l’incertitude du lendemain liée au processus électoral en RD Congo.
La vie d’un être humain étant sacrée, la VSV fustige toute banalisation de la vie sous quels que prétextes que ce soient. C’est ici l’occasion pour la VSV de rappeler l’article 3, de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui stipule : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sureté de sa personne ».
Eu égard à ce qui précède, tout en réitérant ses vives inquiétudes face à la recrudescence de l’insécurité dans la ville province de Kinshasa, la VSV demande aux autorités rdcongolaises compétentes de :
- diligenter effectivement une enquête indépendante, en vue de faire la lumière sur la cause réelle de ces meurtres et d’en établir les responsabilités ;
- renforcer les équipes de patrouille nocturne en leur dotant de la logistique nécessaire pour faciliter l’accomplissement efficient de leur mission ;
- exhorter les riverains à accroitre la vigilance en dénonçant auprès de la Police et autres autorités de la place, tout fait ou présence insolite en amont et en aval, dans le périmètre immédiat de la rivière N’Djili.
- prendre en charge les frais funéraires et l’indemnisation des familles des victimes pour les préjudices subis.
Fait à Kinshasa, le 07 juillet 2016.