Des membres de l’Opposition congolaise sont entrés en grand nombre dans la nouvelle équipe gouvernementale à la faveur d’une ordonnance présidentielle rendue publique le dimanche 07 décembre 2014. C’est la grande agitation dans certains états-majors, tel celui du MLC, où des têtes viennent de tomber, sous la pieuse formule d’ « auto-exclusion », qui ne veut dire rien d’autre que la révocation de Thomas Luhaka (Vice-Premier ministre et ministre des PTT/NTIC), Germain Kambinga (ministre de l’Industrie) et Omer Egwake (ministre de l’Aménagement du territoire, Urbanisme et Habitat).
Depuis la participation aux Concertations nationales (septembre-Octobre 2013) de plusieurs délégués des partis et plates-formes de l’Opposition, on s’attendait à une opération de débauchage de la Majorité Présidentielle dans les rangs de cette dernière. Pendant plusieurs mois, certains opposants ont donné l’impression d’avoir infiltré la famille politique du Chef de l’Etat lors ces assises juste pour pirater ses stratégies en rapport avec la volonté de conserver le pouvoir.
Mais, comme à l’époque de Mobutu, la longueur du temps a fini par trahir ceux et celles qui se faisaient passer pour des citoyens remplissant tous les critères de participation au « bal des chauves ». Sentant sans doute des poils repousser sur leurs crânes « rasés », ils ont vite fait de sortir du cercle des « danseurs » pour ne pas avoir à se justifier sur leur véritable statut, celui de porteurs et porteuses de « tignasses ».
On se souvient qu’aux temps des reniements de l’Opposition radicale par ses filles et fils qui paraissaient au départ comme des adversaires politiques irréductibles de Mobutu, un visionnaire avait prophétisé que «le bal des chauves» n’allait jamais s’arrêter sur la scène politique «zaïroise» hier et congolaise aujourd’hui. A la lumière de la composition du gouvernement Matata II, il est désormais permis de faire la différence entre les hommes et femmes réellement opposés à la gouvernance actuelle et ceux qui faisaient chorus avec eux juste pour monter les enchères et se faire caser dans l’équipe ministérielle ici et maintenant pour les uns, dans les entreprises du Portefeuille ou les ambassades demain pour d’autres.
L’Opposition sans idéal politique ?
Le constat à faire pour l’heure est que l’Opposition alimentaire se porte bien. Grâce à elle, nombre de cadres des partis autres que ceux de la famille politique du Chef de l’Etat viennent de rompre avec le chômage. Au regard de l’entrée massive de plusieurs de ses membres au gouvernement, d’aucuns se demandent si cette famille politique a un idéal politique. Les faits ont plutôt tendance à démontrer que le véritable combat politique des opposants congolais est celui de la satisfaction du ventre et de l’amélioration de leur confort personnel.
Car, au rythme où les vrais-faux opposants traversent la rue, les masses populaires sont de plus en plus déçues et déboussolées de voir s’éloigner l’espoir d’une alternance politique crédible. Le sentiment qui les gagne est celui de servir simplement de marchepieds à des opportunistes de tous poils ayant pour unique visée le marchandage de leur combat politique contre des postes de gestion.
Alors que les nouveaux alliés de la Majorité au pouvoir se réjouissent de mettre fin à plusieurs années de disette, les candidats malheureux aux portefeuilles ministériels ne cessent de maudire le démon qui les avait poussés à se jeter dans les bras des organisateurs des Concertations nationales.
Certains parlent de la rupture du «Pacte Républicain» et jurent qu’on ne les prendra plus au jeu du débauchage. Mais, l’histoire renseigne que tant que l’homme politique congolais va considérer la carrière politique comme une source sûre d’enrichissement, il serait difficile d’assister à l’émergence d’une classe politique où des membres s’assemblent ou s’affrontent selon leurs projets de société. Le grand dindon de la farce, dans tout cela, c’est le souverain primaire, qui croit naïvement que ses élus se battent pour son bonheur.
Kimp