Le malheur des uns fait le bonheur des autres’’, dit-on. Cette maxime vaut son pesant d’or à Maba, un quartier de la commune de la N’sele. Si, dans plusieurs contrées de la ville de Kinshasa, les averses répétées plongent les familles dans le désarroi, il n’en est pas le cas dans cette zone périurbaine de la capitale où les fortes pluies constituent une aubaine. Une occasion providentielle pour chaque ménage de s’approvisionner en eau.
"Ici à Mpasa, quand il pleut abondamment, nous sommes en liesse, car c’est pour nous l’occasion de faire des provisions pour nos foyers, avoue Mme Mado, une mère de famille habitant le quartier. C’est seulement pendant la saison de pluie que nous pouvons profiter de cette manne du ciel. Je sais que, dans d’autres communes, les fortes pluies de ces derniers temps causent des dégâts. C’est dommage pour ceux qui habitent ces recoins de la ville, mais que voulez-vous ! Nous aussi, nous souffrons du déficit d’eau potable !"
Dans cette zone urbano-rurale de la ville de Kinshasa où les eaux de pluie sont englouties dans le sable, la population n’a pas encore accès aux services de la Regideso. Faute d’eau potable, surtout lors de la saison sèche, les habitants se sentent obligés de recourir à la rivière proche, baptisée "Mayi ya mutsholi" (L’eau qui coule, NDLR). "A force de consommer régulièrement ces eaux polluées, nos ménages s’exposent aux maladies hydriques", assure Mme Adèle Nsunda, voisine de Mme Mado.
Les habitants de ce quartier enclavé parcourent également plusieurs kilomètres pour aller chercher de l’eau dans une source mal entretenue. "Je débourse mensuellement environ 50.000 FC (près de 55 $) pour m’approvisionner en eau potable pendant la saison sèche. C’est beaucoup d’argent pour moi", déplore un père de famille, résidant dans le quartier.
"A CHAQUE PLUIE,LES FAMILLES SE MOBILISENT"
Face à cette litanie de difficultés, la population de ce coin de la ville considère l’eau de la pluie comme une véritable manne céleste. "A chaque pluie, c’est toute la famille qui se mobilise, raconte Mamisa T., une adolescente du quartier. Même aux heures tardives, on voit des gens écourter illico leur sommeil pour pouvoir puiser. Papa, maman et tous leurs enfants se précipitent pour glisser leurs récipients sous les pentes des tôles d’où coule l’eau de pluie".
Mais, cette situation n’est pas facile à vivre. C’est pourquoi les résidents du quartier Maba sollicitent l’implication des autorités compétentes pour que de l’eau potable remplace celle de pluie.
"Les autorités doivent s’impliquer pour mettre un terme à notre calvaire. Puisque nous sommes obligés de nous réveiller, même à 1h00 du matin s’il commence à pleuvoir. Sans l’eau de pluie, la vie serait vraiment pénible ici. Heureusement qu’au quartier Maba, il n’y a pas vraiment de cas d’insécurité. Nous voulons donc bénéficier aussi des effets de la Révolution de la modernité comme ailleurs dans la capitale", lâche Dieudonné Kifukidi, un chauffeur de taxi.
Clavier YALADIAKU/ Correspondance particulière