Au cours d’un point de presse qu’il a animé, jeudi 8 janvier, en sa résidence à Lubumbashi, Jean-Claude Muyambo Kyassa (JCMK), président du parti Scode (Solidarité congolaise pour la démocratie et le développement) a mis en garde le pouvoir kabiliste qui tenterait, selon lui, d’utiliser les quatorze “lettres ouvertes” qu’il avait adressées jadis au gouverneur Moïse Katumbi sur la situation générale au Katanga. Selon lui, la mouvance kabiliste voudrait “exploiter” le contenu de ces correspondances pour “neutraliser” l’actuel gouverneur du Katanga. Clamant qu’il s’était “trompé de cible”, “JCMK” invite les initiateurs de cette “stratégie” à y renoncer. A défaut, prévient-il, il y aura un “grand déballage” qui n’épargnera personne.
“La Commission électorale nationale indépendante doit publier le calendrier global des élections”. “Nous voulons l’alternance démocratique en 2016”. “L’Office national d’identification de la population est une pure distraction”. “Le pouvoir doit faire cesser les menaces et les intimidations”. “Toute tentative de discréditer des acteurs politiques entrainera une riposte qui n’épargnera personne”. C’est en gros les “messages forts” lancés par le président de la Scode au cours de son point de presse tenu, jeudi 8 janvier, en sa résidence lushoise. A Lubumbashi, le climat politique est tout simplement “explosif”. En cause, l’accueil délirant que la population avait réservé au gouverneur Moïse Katumbi le 23 décembre dernier, d’une part. Et d’autre part, la fameuse parabole du “Gouv” sur le “troisième pénalty inacceptable”. Une parabole que chacun décrypte au gré de ses fantasmes. Il faut dire que la présence prolongée de “Joseph Kabila” dans cette province est loin d’être propice à la sérénité. L’homme vit, depuis deux semaines, entre ses fermes situées dans le Parc de Kundelungu et sur la route de Kasumbalesa. Depuis mercredi 7 janvier, le Premier ministre Augustin Matata Ponyo l’a rejoint à Lubumbashi.
“Les durs de durs”
Après la “causerie morale” tenue par le “raïs”, lundi 5 janvier, devant des “notables katangais” une vague d’intolérance semble déferler sur le chef-lieu de l’ex-Shaba. On apprenait, le même lundi, que les responsables provinciaux de l’ANR (Agence nationale de renseignements) et de la DGM (Immigration) au Katanga ont été “rappelés” à leurs administrations centrales respectives à Kin. Il en serait de même pour l’ex-Demiap (renseignements militaires), de la police nationale et de la garde présidentielle. “Ils ont failli pour n’avoir pas pu empêcher la population à se rendre massivement accueillir Katumbi”, confie, sous l’anonymat, un officier de renseignements. Le Katanga se prépare donc à accueillir les “durs de durs” de la Kabilie. Mission : “mâter” les opposants à la révision constitutionnelle. Katumbi en tête! Le combat est loin d’être gagné d’avance.
Au cours de son point de presse, Muyambo a accusé les gouvernants actuels de “multiplier des stratégies” en vue de permettre à “Joseph Kabila” de briguer un troisième mandat. A l’appui de sa thèse, il cite notamment la toute récente création d’un Office national d’identification de la population (Onip) ainsi que les tentatives destinées à modifier la loi électorale. Et d’épingler à titre d’exemple l’article 47 de celle-ci. Cette disposition prévoit le vote en papier et par voie électronique. “Cette conférence de presse a commencé avec 30 minutes de retard suite à une coupure de courant, fera-t-il remarquer. Je vous laisse deviner ce qui se passera lorsque la fourniture d’électricité sera rétablie vers 3 heures du matin...”.
“Eventrer le boa”
L’ancien bâtonnier du barreau de Lubumbashi suspecte le pouvoir kabiliste de tenter d’exploiter les quatorze “lettres ouvertes” qu’il avait adressées jadis au gouverneur Katumbi. Selon lui, l’objectif poursuivi n’est nullement l’intérêt général. Bien au contraire. Le pouvoir cherche à “neutraliser” un adversaire. Pour lui, en s’en prenant à “Moïse”, il s’était trompé de “cible”. Il met en garde le pouvoir kabiliste contre toute exploitation malveillante de ces correspondances. Dans le cas contraire, il menace “d’éventrer le boa”. Selon lui, “tout le monde perdra des plumes”. Et d’insister : “La majorité présidentielle serait très mal inspirée d’utiliser mes écrits contre Moïse Katumbi”. Evoquant la situation sécuritaire, Muyambo s’est dit “préoccupé” par l’absence des conclusions des investigations menées sur les différents massacres à Beni et ailleurs. Sans omettre des assassinats des personnalités politiques et militaires.
S’agissant de la situation socio-économique, l’orateur a déploré la “vie misérable” que mène la population congolaise. Pour lui, la cause devrait être recherchée dans les “promesses non-tenues”. Et de relever que “60% du budget national sont consacrés au fonctionnement des institutions ainsi qu’à l’entretien du train de vie des dirigeants”. “Rien n’est fait pour répondre aux attentes de la population au plan de la santé, de l’éducation, de l’emploi et de l’alimentation”, a-t-il ajouté. Revenant sur l’intolérance ambiante, Muyambo de dénoncer la détention du député honoraire Vano Kalembe Kiboko à la prison centrale de Makala. “Il doit être libéré sans condition”. Kiboko est accusé d’inciter la population de Kolwezi à la “haine tribale”. “Entre Vano Kiboko qui n’a fait qu’exprimer ses opinions et un Lambert Mende - dont les miliciens ont passé à tabac des religieux à Lodja - qui incite la population à la haine tribale?”, s’est-il interrogé.
Katumbi et le “Baba” ont fait le bon choix”
En guise de conclusion, “JCMK” de tonner : “Joseph Kabila est notre frère et nous l’aimons mais il n’aura pas de troisième mandat à la tête du pays. Il est temps que le peuple congolais prenne la résolution de ne plus se laisser intimider. C’est ter-mi-né!” “Il faut que le pouvoir arrête d’énerver la population qui ne demande rien que l’alternance démocratique dans le respect de la Constitution...”. “Moïse Katumbi et Baba (Ndlr: Gabriel Kyungu wa Kumwanza) ont fait le bon choix en se mettant du côté du peuple”.
Ancien membre de la majorité présidentielle, Jean-Claude Muyambo Kyassa avait créé l’événement en annonçant, fin août dernier, son opposition à la révision constitutionnelle. «Il n’a jamais été question dans nos engagements que le président Kabila brigue un troisième mandat, clamait-il. En 2016, il faut qu’il y ait l’alternance». Le samedi 15 novembre, «JCMK» est revenu à la charge en claquant purement et simplement la porte de la majorité présidentielle...
CP