Le Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo a ouvert hier jeudi 2 octobre, le Forum international de haut niveau sur la réforme de l’Administration publique (AP) en RDC. Pendant deux jours, soit du 2 au 3 octobre, les participants vont réfléchir sur le rôle de l’Administration publique et du service public pour faire de la RDC, après plusieurs années de léthargie et d’instabilité, un pays émergent à l’horizon 2030. Les délégués du Maroc, de la Tanzanie, du Congo-Brazza et du Burundi- vont partager leurs expériences avec les Congolais.
Dans son mot d’ouverture, le Premier ministre Augustin Matata Ponyo a fait savoir que la réforme de l’Administration publique est bel et bien le point de départ pour la mise en œuvre du Programme d’action du Gouvernement (PAG). " En effet, si la RDC veut rejoindre rapidement le cercle des économies à revenu intermédiaire, nous n’avons d’autre choix que d’engager une réforme courageuse de notre Administration publique ".
Selon le Premier ministre, cette réforme doit viser, d’une part, à transformer l’Administration publique en une véritable administration de développement et de fourniture. Et d’autre part, renforcer significativement les capacités des structures régaliennes.
Pour le locataire de l’avenue Roi Baudouin, cette démarche volontariste est traduite à travers l’intitulé du Forum que le Gouvernement a pris l’initiative d’organiser à savoir : " Le rôle de l’Administration publique pour la transformation d’un Etat post-conflit en pays émergent : quelles réformes en vue de moderniser l’Administration publique pour l’efficacité et l’accessibilité des services publics ".
A ce stade, a précisé le chef du Gouvernement congolais, " il est fondamental pour optimiser les chances de réaliser ce saut qualificatif, de bâtir un profond consensus entre les institutions. Je dirai même que toutes les institutions et parties à cette réforme devront être capables de s’engager dans un véritable " contrat social " autour de la vision ainsi que des modalités de mise en œuvre de cette réforme, voulue ambitieuse de notre Administration publique ".
ORDRE DANS LA GESTION DES EFFECTIFS}
Pour Matata Ponyo, le Gouvernement a lancé un signal fort en procédant au gel des recrutements en dehors des besoins formulés par les services utilisateurs, rompant ainsi avec les pratiques du passé. A titre d’illustration, le Premier ministre a indiqué que, de 2010 à 2012, près de 31 arrêtés ministériels d’admission de fonctionnaires sous statut, ont été signés pour un effectif nouveau de 73.951 agents. A cette occasion, il a également informé l’assistance que le ministre de la Fonction publique Jean-Claude Kibala, en deux ans d’exercice, n’a signé qu’un seul arrêté en 2012. Cela, pour l’admission des 107 jeunes universitaires, recrutés sur concours et destinés à administration des finances.
Selon le Premier ministre, " la pierre angulaire de cette réforme est donc la capacité à restaurer une gestion orthodoxe des entrées, de la performance en cours de carrière ainsi que du cadre relatif aux conditions salariales et à la protection sociale des fonctionnaires. Des activités structurantes sont en cours, comme la révision du cadre légal dont les projets de lois fixant l’organisation et le fonctionnement des services publics du pouvoir central, des provinces et des Entités Territoriales Décentralisées, ainsi que celui portant nouveau statut des agents et fonctionnaires de l’Etat, qui ont été transmis au Parlement. Je citerai aussi la réalisation de l’étude de faisabilité pour la création d’une caisse de retraite autonome des fonctionnaires ".
De son côté, le ministre de la Fonction publique, Jean-Claude Kibala a jugé opportune la réforme en cours qui s’inscrit, selon lui, dans l’eprit de la Constitution du 18 février 2006. La Loi fondamentale présente en fait la décentralisation comme le nouveau mode de gestion des affaires publiques, animée par le gouvernement issu des élections de 2011 à élaborer le Programme d’Actions dit " PAG 2012-2016 ", consacrant le lancement de l’actuelle réforme. Par ce programme, a souligné le ministre Kibala, le Gouvernement affirme sa volonté de réformer la gouvernance administrative et institutionnelle.
FAVORISER UNE ADMINISTRATION PUBLIQUE EFFICACE}
Pour le ministre de la Fonction publique, le premier objectif retenu par le Gouvernement dans le PAG est de poursuivre et de finaliser les réformes institutionnelles afin de renforcer l’efficacité de l’Etat, à travers son bras séculier qu’est l’Administration publique.
Selon lui, l’Exécutif congolais vise à mettre en place une administration publique efficace, réceptive, transparente et responsable de ses missions et fonctions au sein de l’Etat. Ces objectifs, a-t-il fait savoir, sont essentiels pour garantir le bon fonctionnement et la bonne organisation de la nation tant ils stabilisent le Gouvernement et tendent à stimuler la croissance et l’émergence.
Ainsi, pour réjoindre le cercle des économies africaines à revenu intermédiaire, le ministre Kibala a relevé que le défi le plus important de notre Gouvernent est celui d’engager une réforme à la fois profonde et efficace de l’Administration publique. " En effet, argumente le ministre, pour réussir cette réforme, il faut engager des actions d’envergure visant d’une part, les stratégies planifiées dans la durée et assurer la continuité de l’action publique et, d’autre part, ne pas avoir peur de prendre des mesures courageuses ".
Claude Kibala a notamment cité la réduction de la taille de la Fonction publique centrale au profit des Entités Territoriales Décentralisées, l’institutionnalisation dans la Fonction publique des nouvelles catégories d’agents publics pour occuper des emplois jusque-là permanents (cas de contractuels).
Il a aussi indiqué que ce Forum se veut un cadre d’approfondissement de la réflexion sur le rôle de l’AP et du service public.
Pour sa part, le chef des Opérations de la Banque mondiale en RDC a souligné que l’AP constitue la colonne vertébrale de l’appareil de l’Etat. Une Administration publique efficace est une priorité majeure pour la RDC. Alfred LUKAMBIL