Matata et Bahati sous surveillance

Vendredi 25 septembre 2015 - 10:28

Le leader de l’AFDC ne fait pas officiellement partie du G7 mais tout le monde se rappelle de son appartenance, avec Kamitatu et Endundo, au courant qui avait initié la première fronde dans les rangs kabilistes. Alors qu’on attend davantage des signaux de la part de cette personnalité dont le parti, AFDC, est devenu, par la force des choses, la deuxième force de la Majorité présidentielle, la tiédeur du Premier ministre inquiète aussi certains sociétaires de la MP.

A la publication de Matata 2, Modeste Bahati Lukwebo avait publiquement fait part de son mécontentement pour avoir obtenu moins des postes ministériels que souhaités. A la faveur d’une rencontre avec ses militants et sympathisants le 11 décembre 2014 à Kinshasa, I’AFDC, sa formation politique, avait affirmé qu’elle n’était pas satisfaite de la composition du gouvernement Matata 2, s’estimant peu représentée dans cette équipe alors qu’elle constituait à l’époque la troisième force politique de la Majorité avec ses 43 députés et 3 sénateurs. «Toute chose a une fin et notre patience a également une fin. Nous avons enregistré des frustrations », avait déclaré Bahati visiblement remonté et prêt à tout envoyer balancer, avant de se résigner quelques jours tard. Mais d’après plusieurs analystes, que Bahati, dont le parti est devenu la deuxième force de la Majorité présidentielle après l’exclusion du G7, n’ait jusque-là fait aucune déclaration de soutien à Kabila est inquiétant. Analyse.

Rappel. Olivier Kamitatu, José Endundo et Modeste Bahati ont créé le Centre libéral et patriotique –CLP- en 2009. Tout en affirmant leur appartenance à la défunte AMP, ils ont entrepris de dénoncer l’échec du gouvernement et la volonté délibérée d’une partie de la Majorité d’appliquer la décentralisation. Voici qu’il n’y a eu jusque-là aucune déclaration ni en bien ni en mal de la part de Bahati ou de son parti, l’AFDC, depuis le déclenchement de l’épisode G7 à l’origine du séisme au sein de la Majorité. Le silence fait jaser au regard du gabarit de Bahati et de ses accointances d’il y a quelques années avec deux de ténors du G7, notamment Kamitatu et Endundo. Bahati apathique alors qu’il a toujours manifesté l’ambition de jouer les premiers rôles au sein du groupe? Dans ces conditions, l’attitude du boss de l’AFDC est interprétée pour ce qu’il est: â minima, l’ancien co-animateur du CLP ne veut pas se brouiller avec ses amis Kamitatu et Endundo passés au G7; au maximum, à moins qu’il ait un deal avec eux et tout le G7 et attende son heure pour ôter le masque.

Epreuve de loyauté: Matata, Je plus attendu
Bahati réfléchit-il avant de renouveler publiquement sa loyauté à Kabila? Sa conduite signifie-t-elle qu’il entend lui aussi tourner la page? A la Majorité présidentielle où l’on se pose ces questions, les stratèges affirment que la désignation des successeurs de Charles Mwando à la 1ère présidence et de Norbert Ezadri au poste de rapporteur de l’Assemblée nationale constitue une occasion propice pour Kabila de jauger le degré de fidélité de Bahati. Motif: tout le monde devine que le ministre de l’Economie fera certainement prévaloir l’importance de ses troupes à la chambre basse pour revendiquer un poste au bureau. Mais dans cette épreuve de loyauté, celui que tout le monde attend est évidemment Matata Ponyo. Alors que la Majorité est sur pied de guerre, le Premier ministre n’a fait qu’une brève apparition à la réunion du Bureau politique de la Majorité présidentielle consacrée à l’examen du cas G7, lundi 14 septembre. «Le Premier ministre n’a même pas attendu l’issue de cette importante réunion. Il a demandé de partir parce que, semble-t-il, il avait d‘autres charges apparemment plus importantes que l’avenir de sa propre Majorité», a laissé entendre en début de semaine un membre du Bureau politique de la MP s’inquiétant du quasi manque d’engagement politique du Premier ministre, supposé être le véritable meneur de la Majorité. «Matata Ponyo s‘est tu alors que Kamitatu, son ministre du Plan, fait partie du groupe qui lui a savonné la planche, suivi de ses ministres des Affaires foncières Bolenge Tenge et des Sports Sama Lukonde, solidaires avec le G 7», a-t-il regretté. Certains cadres MP critiquent sévèrement cette tiédeur de la part de leur Premier ministre estimant que la Majorité présidentielle est désormais contrainte de le placer sous surveillance. Ça parait raisonnable si l’on compare la crise que traverse la MP à celle qui a secoué la majorité en France en 2011 quand le président François Hollande a eu droit à un soutien public de taille de la part de Jean-Marc Ayrault, son Premier ministre d’alors. Toujours en France, quand a éclaté en 2014 une nouvelle tempête avec le départ du gouvernement du ministre de l’Economie Arnaud Montebourg et son ami frondeur et ministre de l’Education Benoit Hamon, le Premier ministre Manuel Valls, en guise de solidarité avec Hollande, a présenté sa démission avant d’être reconduit par ce dernier. Puisque des têtes sont tombées, il est logique que Matata Ponyo rende le tablier et espère être rappelé pour pouvoir constituer une équipe en cohérence avec, d’éventuelles nouvelles orientations.

Par AKM

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