«Il est bien établi que, plus d’une fois, des questions orales, interpellations et motions adressées à certains membres du gouvernement et au Premier ministre par quelques députés de l’Opposition proviennent en réalité des membres de la Majorité et même de Parti auquel nous appartenons. Cela est bien connu des instances tant de la famille politique que du Parti, et des preuves irréfutables existent», affirme un communiqué de la Primature.
La crise s’empare du PPRD et de la Majorité. Elle risque de s’aggraver après la publication du communiqué officiel de la Primature daté du 13 mai 2016, une philippique d’une rare violence entre camarades, alliés ou soutiens politiques, qui sonne comme un coup de poignard dans le dos du Parti, le PPRD, en particulier, et de la famille politique en général, la MP, accusés par Matata Ponyo et ses services de parrainer questions orales,, interpellations et motions de certains députés de l’Opposition. C’est bien là que le bât blesse pour les adeptes de la voix parlementaire.
Ce n’est pas une opinion. C’est un fait. Ce sont des faits. Un communiqué officiel de la Primature daté du 13 mai 2016 et publié dans la presse locale, dans lequel le Premier ministre accuse la Majorité, sa majorité, et le PPRD, formation politique dont il est issu, le parti présidentiel, de travailler avec l’Opposition... contre lui et son gouvernement. Comment? «... Il est bien établi que, plus d’une fois, des questions orales, interpellations et motions adressées à certains membres du gouvernement et au Premier ministre par quelques députés de l’Opposition proviennent en réalité des membres de la Majorité et même de Péril auquel nous appartenons. Cela est bien connu des instances tant de la famille politique que du Parti, et dés preuves irréfutables existent», affirme l’avis.
Puis, ses auteurs reviennent sur des séquences qui, visiblement, sont restées en travers de la gorge du boss. «A maintes reprises, certaines affirmations mensongères portant atteinte à la dignité des membres du gouvernement et du Premier ministre, ont été faites du haut de la tribune de 1‘hémicycle et en direct de la radiotélévision nationale, sans être démenties par la suite, en dépit des corrections sollicitées par les membres du gouvernement incriminés», se plaint-on.
Boule puante
Et on évoque, à titre d’exemple : «Un député de la Majorité a déclaré que le Chef du gouvernement a accordé des marchés de salubrité de la ville de Kinshasa à un membre rapproché et désigné de sa famille, alors que cela n‘est pas vrai. Cette affirmation n‘a pas été, démentie». Et aussi : «Lors de la dernière question orale adressée au Premier ministre, son auteur a affirmé sans fondement que le chef du gouvernement est copropriétaire de Congo Airways, entreprise totalement publique dont tout le monde connait la composition de l’actionnariat… ».
Il fallait que cela sorte après les passes d’armes et suspicions de ces derniers jours. La lecture qu’on peut faire de cet avis du cabinet du Premier ministre est simple. Matata Ponyo, enflammé, le dit une fois pour toutes : son parti et sa majorité complotent avec l’Opposition... contre lui et son équipe. Il affirme détenir des «preuves irréfutables». Ça tire à vue. On se tire dessus. Le Premier ministre fait donc un aveu de crise. Sinon, il attaque son camp politique. C’est frontal. C’est direct. Sans nul doute, ce communiqué est un pamphlet d’une rare violence entre camarades, alliés ou soutiens politiques, qui sonne comme un coup de poignard dans le dos du Parti, le PPRD, en particulier, et de la famille politique en général. Gravissime. Le chef du gouvernement réalise-t-il la portée politique de ces écrits? Comprend-il que cette production est suicidaire et qu’elle constitue une offense, un affront à l’endroit de ceux qui ont mouillé la chemise aux élections législatives pour constituer la Majorité dont il émane, donc son socle, sa chance et ses acquis? S’est-il laissé convaincre qu’il peut titiller le groupe et lui tourner le dos sans être inquiété? Est-il prêt à assumer les éventuelles conséquences, et quelles conséquences, de cette attaque? Voudrait-on imposer le musèlement de la voix parlementaire à marche forcée? Aurait-on levé l’option de couper le cordon ombilical? Serions-nous à la veille d’un tournant?
Les questions abondent. Le constat de crise est indiscutable.
Le climat politique se détériore dans un pays où le chef du gouvernement est de plus en plus critiqué pour sa gouvernance et des dépassements pour le compte de la Primature. Et le dernier incident en date, la boule puante lancée par le Premier ministre, tous crocs dehors, aura contribué à envenimer la situation. La météo est mauvaise. La défiance grandit dans l’entretemps.
Déjà, les écuries politiques fulminent de colère. «Il se pose un sérieux problème de discipline et d’éthique que doivent clarifier la Majorité, le PPRD et leur Autorité morale ou initiateur, visés indistinctement et publiquement», tempête un député PPRD choqué. «Il n‘est plus mon Premier ministre», confie à son directeur de cabinet un membre du gouvernement, un des poids lourds, remuant chef de parti et membre du Bureau politique de la MP. Ça risque de dégénérer. Tout le problème est dans le sentiment justifié qu’ont tant d’élus PPRD et MP d’avoir été «outragés»... par le PM, «suppléant d’un candidat défait aux législatives de 2011 à Kindu».
Par AKM