MALGRE LES ASSURANCES DE MARTIN KÖBLER A GOMA FDLR et ADF : la guerre sera rude !

Mercredi 12 novembre 2014 - 08:25

En voici les raisons.
C’est d’un air très confiant que l’Allemand Martin Köbler, le patron de la Monusco qui se trouve à Goma a parlé de la traque contre les FDLR et les ADF/NALU. Pour les premiers, puisqu’ils ont fait preuve de mauvaise foi, à l’expiration de l’ultimatum au 2 janvier, ils seront face au feu de la Monusco et des Fardc.

Quant aux deuxièmes, c’est-à-dire les islamistes ougandais de l’ADF qui ont massacré à la machette plus de 120 personnes dans la seule zone opérationnelle de Beni, les deux forces notamment les Fardc et la Monusco vont les engager tout de suite.
Tout observateur miliaire avisé ne peut cependant perdre de vue le fait que tout engagement contre ces deux groupes armés sera rude, même très très rude. La raison ? D’abord, quelle est la doctrine que les Casques bleus et les Fardc vont mettre en œuvre pour le succès d’une telle opération qui ne sera pas une sinécure ? Il ne s’agit pas du M23 localisé dans un secteur bien précis et qui fait la guerre conventionnelle.
Avec les FDLR et les ADF, ce sera une guerre asymétrique entre un ou des groupes armés qui pratiquent presque du terrorisme urbain à Beni et la guérilla rurale dans Beni-Territoire. Ils n’ont pas une ligne de front sur laquelle on peut les engager comme l’affirme avec assurance Martin Köbler.
Mais, ils opèrent plutôt directement dans la population civile qu’ils utilisent comme bouclier humain contre toute attaque-surprise. Où se trouve donc le front où les forces loyalistes et la Monusco vont les engager. Nulle part. Il s’agit donc d’une guerre asymétrique, sans ligne de front précise. D’où la rudesse de l’opération militaire.

CHANGEMENT DE STRATEGIE DE COMBAT
Commençons par les ADF qui ont changé leur stratégie de combat après avoir été chassés de leur forteresse de la zone de Kamango. Là, ils avaient un front, et donc une position physique qu’on pouvait attaquer par un engagement terrestre et même aérien.
Aujourd’hui ces ADF n’ont pas une ligne de front. Ils surgissent de nulle part et frappent de nuit par de très petits groupes et se volatilisent juste après l’opération. Ni vu ni connu. Où Köbler irait-il les engager et avec quels hommes de troupes formés pour quel type de guerre ? C’est là où réside la vraie difficulté. Là n’est que l’aspect ADF.
Mais le gros du problème c’est avec les Hutu rwandais des FDLR. Ceux-ci n’ont jamais eu une ligne de front depuis 20 ans qu’ils vivent dans le Kivu. Eux vivent dans la population civile d’autant plus facilement qu’ils ont des alliances avec des milices redoutables les APLCS de Janvier Kalairi, le NDC Cheka ou les Nyatura.
Ils sont mobiles et évoluent dans la forêt et le parc des Virunga avec femmes et enfants. Pas de ligne de front comme avec le M23 ou les ADF de Kamango. Ce n’est pas n’importe quel soldat qui peut se lancer aux trousses de tels groupes d’une aussi grande mobilité.
C’est l’affaire des forces spéciales. Ces hommes savent bien que la Monusco n’en dispose pas. Pas plus que les Fardc qui ont d’ailleurs à ce sujet une excuse d’être en réforme. Sur les 21.000 Casques bleus de la Monusco, aucun n’a la formation requise pour ce genre de missions.

CONTRIBUTIONS DES ETATS MEMBRES
En plus de cette difficulté, il y a celle qui fait que l’Onu ne disposant pas d’une force armée homogène en attente, on recourt pour des mandats comme celui de la Monusco en Rdc aux contributions des Etats membres. Ce sont eux qui fournissent des troupes, chacune ayant sa philosophie de combat, comme par exemple les Indiens, les Pakistanais ou les Guatémaltèques.
Mises ensemble, ces différentes troupes ont l’effet d’une alchimie. Ce qui fait plusieurs petites armées difficiles à coordonner surtout pour des opérations d’envergure. Ce qui crée l’inaction ou l’immobilisme souvent constaté ça et là.
C’est ce qui explique que la Monusco ne soit pas vraiment visible sur la zone des combats. Difficulté aggravée par le fait que les Casques bleus ne veulent pas du tout aller mourir à la place des Fardc et le proclament à chaque occasion.
D’où ils refusent d’aller en première ligne. Sur ce point précis, ils obéissent souvent aux ordres de leurs Etats dont le souci est de ne pas les voir revenir au pays dans des cercueils. Il ne reste alors que les 3.000 Africains de la Brigade d’intervention qui, eux, ont vocation à se battre et l’ont démontré lors des croisades contre le M23 et les ADF à Kamango. Ce sont eux qui étaient au feu. Là, c’est sur le plan de la guerre conventionnelle. Mais sont-ils bien outillés pour la guerre asymétrique contre les FDLR et les ADF new look ? Cette guerre sans ligne de front, ou plus particulièrement dont cette ligne de front est dans la population civile. La question reste posée. KANDOLO M.

 

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