La réunion du bureau politique de la plate-forme présidentielle tenue le 22 mars à Kingakati n’a hélas pu aborder la question ultra sensible de l‘alternance politique en 2016, ou mieux de la succession de Joseph Kabila préférant la renvoyer à une date ultérieure.
La ferme de Joseph Kabila située dans la périphérie kinoise a accueilli du beau monde le 22 mars. À l’initiative de l’autorité morale qui tenait à voir ses affidés débattre en toute liberté des questions en rapport avec l’avenir politique de la majorité, la réunion de Kingakati s‘est muée en une opportunité pour crever l’abcès eu égard aux dissensions qui ont cours au sein de la coalition au pouvoir. Membres du bureau politique, présidents des groupes parlementaires et des regroupements politiques et quelques personnalités proches de la majorité étaient, en effet, réunis autour de Joseph Kabila qui a juste introduit le débat avant de le laisser évoluer sous la modération d’Aubin Minaku, secrétaire général de la majorité.
Cette réunion qui fait suite à la lettre adressée récemment à Joseph Kabila par une frange des partis politiques de la majorité (MSR, ARC, Unafec, Unadef, MSDD, PDC et ARCO) tenant à être clarifiés sur sa position par rapport aux enjeux de l’heure, s’est vite transformée en une « explication verbale » entre extrémistes et modérés. Les deux tendances se sont mutuellement rejeté la responsabilité de la léthargie décriée actuellement au sein de la plate-forme face à une opposition et une société civile faisant preuve de cohésion. Revenus aux bons sentiments après d’âpres discussions, les uns et les autres ont reconnu l’impérieuse nécessité de recréer l’unité au sein de leur regroupement politique avant d’aborder les prochaines échéances électorales. Sans interférence de Joseph Kabila qui aura joué au stratège, les linges sales ont finalement été lavés en famille. Aucune décision ni résolution n’a été prise au cours de cette rencontre mais l’on retiendra qu’unanimement, les membres présents ont pris l’option de soutenir le découpage en vingt-six provinces du territoire national, y compris les Katangais hier encore réfractaires à cette idée. Le démembrement du Katanga en quatre provinces ne les effraie pas d’autant plus que la possibilité de regroupement leur est garantie.
Le calendrier électoral global publié par la Céni pour lequel la majorité a déclaré s’y investir afin d’en garantir le strict respect a été également au centre des préoccupations avec, à la clé, la volonté d’accompagner la réalisation des échéances électorales fixées. « Nous resterons en éveil et agirons sur le gouvernement pour qu'il soit respecté », a assuré Aubin Minaku. Plus que jamais, la majorité a ressenti le besoin de pallier le déficit du dialogue qui la gangrène à travers la tenue, à intervalle régulier, de telles rencontres.
Cependant, la réunion de Kingakati n’a hélas pu aborder la question ultra sensible de l‘alternance politique en 2016, ou mieux de la succession de Joseph Kabila. Ce dernier est resté aphone sur cette matière intelligemment évitée du reste. À quelques mois des échéances électorales, de nombreux cadres de la majorité sont toujours réduits dans l’expectative, incapables de se déterminer politiquement suite à ce qui apparaît comme une fâcheuse indécision de la part de l’autorité morale. « Seul Kabila peut mettre fin à ce suspense et libérer enfin la majorité », susurre-t-on. Une prochaine réunion est envisagée dans un proche avenir, en vue de formaliser les idées ayant circulé dans tous les sens.
Alain Diasso