Majorité présidentielle : ces « créatures» qui vouent un culte au « créateur»

Jeudi 7 avril 2016 - 13:28

Dans la famille politique du chef de l’Etat les cadres rivalisent d’ingéniosité, en cette fin de mandat. Tout cela dans le but montrer à leur autorité morale qu’ils lui seront fidèles à jamais. Face à ce culte de fidélité éternelle au Raïs, ceux qui usent de leur liberté de quitter la Majorité présidentielle sont qualifiés de traitres. Le G7 continue de payer les frais. A croire que la MP est devenue une secte où les « créateurs » vouent un culte à leur « créateur ».

 

Les Britanniques disent : «En politique, il n’y a pas d’adversaires éternels ni d’alliés perpétuels ». Cette thèse est en contradiction avec la conception de la politique à la Majorité présidentielle (MP). Dans cette plateforme politique, aucun adhérant ne peut user de son droit, ni de sa liberté de claquer la porte. Il y aurait une règle non écrite dans ce sens. Pire, les adhérents à la MP deviennent des « créatures » et l’autorité morale en est le « créateur ». L’expression est de Lambert Mende Omalanga, l’un des membres influents de cette famille politique, dans l’émission Top Presse de la radio Top Congo Fm du 2 avril.

 

On comprend dès lors le calvaire que vivent les responsables de G7 qui se sont « auto-exclus» en septembre 2016 de la famille politique du chef de l’Etat. Leur péché : avoir exigé simplement le respect de la Constitution et l’alternance démocratique à la fin du deuxième et dernier mandat du président Joseph Kabila. Ces frondeurs du G7 continuent d’être indexés de traitrise, d’ingratitude et même de rouler pour les intérêts de certains milieux étrangers.

 

Le même châtiment est infligé à l’ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, qui a claque la porte du PPRD, le parti présidentiel, après avoir remarqué que cette formation politique s’écartait des préceptes démocratiques de base. Depuis, il est devenu l’homme à abattre.

 

UNE CONCEPTION, POLITIQUE SURANNEE

Cette conception de la politique inquiète et suscite plusieurs interrogations. Quel est le sens de la politique à la Majorité présidentielle ? Un membre de la MP est-il obligé de vouer un culte de fidélité à son parrain politique? Est-on vraiment obligé de vouer un culte «de fidélité » à une autorité morale pour montrer son degré de loyauté ? Qui sont les vraies créatures du créateur de la MP ? Y’a-til un pacte qui lie les acteurs de la MP jusqu’à la mort ? Quelle a été le but de la création de la plateforme MP? Comment se fait-il que les anciens mobutistes, qu’on pourrait considérer par parallélisme de forme comme des créatures du Maréchal Mobutu, se font passer pour des créatures di l’autorité morale de la MP ? Les créatures de la MP sont-elles au service de leur «créateur » ou du peuple congolais qu’ils sont censés servir?

 

Autant de questions qui paraissent légitimes en ce moment où la RDC négocie un tournant décisif de son histoire. Alors que la Constitution prône l’alternance démocratique, la tenue des élections dans le délai convenable, la MP cherche, par des voies détournées, à rompre le pacte républicain et instaurer un nouvel ordre politique sur base des méthodes non démocratiques. C’est la cause qui a créé l’impasse artificielle dans laquelle se trouve la RDC aujourd’hui. D’où, l’idée du dialogue que cette famille politique prône et veut l’ériger en passage obligé avant le déblocage du processus démocratique.

 

Naturellement, ni les acteurs politiques de l’opposition et de la Société civile, ni la communauté internationale, encore moins le peuple congolais ne sont dupes pour ne pas dénicher une telle supercherie. Résultat des courses : le dialogue risque de demeurer une promesse éternelle. Si l’UDPS, le seul grand parti qui a donné son accord de principe, tient à ce que ce dialogue ait lieu à ses conditions, à elle. Du coup, le glissement devient un projet lointain pour la MP.

 

LE PRÉSIDENT EST LE PERE DE LA NATION ET NON UN « CREATEUR »

«En démocratie, la seule grandeur du chef, c’est de se soumettre à la volonté du peuple », disait le professeur Abbé Mugarul, dans une de ses nombreuses interventions sur les questions politiques en RDC. Au regard de la crise politique qui sévit en RDC, tous les regards sont désormais tournés vers le président de la République, garant de la nation, que les caciques de la MP ont égoïstement privatisé en le désignant autorité morale. Dans une République, le chef de l’Etat est le père de la nation. Il est au-dessus des partis politiques pendant l’exercice de son mandat. Et personne, encore la MP ne devait le réduire au titre en vogue en ce moment, celui d’autorité morale.

 

«La politique n’est pas un métier, c’est un don de soi pour servir son pays ». La RDC a besoin d’hommes politiques qui travaillent non pas pour faire plaisir à des individus mais à la nation, dans le respect de la Constitution.

 

Voilà pourquoi le chef de l’Etat prête serment en ce sens «Moi.... élu Président de la République Démocratique du Congo, je jure solennellement devant Dieu et fa nation d’observer et de défendre la Constitution et les lois de la République; de maintenir son indépendance et l’intégrité de son territoire; de sauvegarder l’unité nationale; de ne me laisser guider que par l’intérêt général et le respect des droits de la personne humaine; de consacrer toutes mes forces à la promotion du bien commun et de la paix, de remplir, loyalement et en fidèle serviteur du peuple, les hautes fonctions qui me sont confiées ».

Ce serment, couché dans la Constitution fondatrice de la 3ème République, est aujourd’hui soumise à rude épreuve.

Par Le potentiel

 

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