C’est dans un climat de totale méfiance et de suspicion entre les députés de l’Opposition et leurs collègues de la Majorité Présidentielle que le président de l’Assemblée Nationale, Aubin Minaku, a procédé le samedi 27 décembre 2014 au Palais du peuple à l’ouverture de la session extraordinaire de la chambre basse du parlement congolais. D’entrée de jeu, il a tenu à apaiser tout le monde, en donnant quelques éléments d’information sur la nature de cette session extraordinaire, juste après la lecture de l’acte de convocation par le rapporteur de l’Assemblée nationale.
Dans son intervention, Aubin Minaku a porté un cinglant démenti aux allégations selon lesquelles le bureau de l’Assemblée nationale a inscrit l’examen de la proposition ou du projet de la loi électorale pour dans l’intention de modifier certaines dispositions légales de la Constitution et d’opérer un glissement du calendrier électoral pour prolonger le mandat des animateurs des institutions en place.
Il a rappelé que dans son discours sur l’état de la Nation devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès, le 15 décembre dernier, le Président de la République avait recommandé au parlement de doter la CENI des instruments juridiques nécessaires devant lui permettre de mener à bien le processus électoral.
A ce sujet, Minaku a souligné que le bureau avait retenu la proposition de loi modifiant la loi électorale déposée par le député Sessanga, en lieu et place des 3 projets de loi du gouvernement sur la même matière, en vertu du principe de l’antériorité. Le speaker de la chambre basse du Parlement a fait savoir que le député Sessanga avait résolu de retirer son texte, au motif que les améliorations apportées par le bureau auraient dénaturé sa lettre et son esprit.
Face à cette situation inattendue créée par l’auteur de la proposition de la loi électorale, a-t-il indiqué, le bureau ne disposait pour le moment sur sa table d’aucun texte en matière électorale en état d’être présenté en plénière. Il a toutefois précisé que le gouvernement arrivait à déposer en urgence un projet de loi électorale unique pour combler le vide, la plénière en serait pleinement informée et devrait lever l’option d’en débattre ou non.
Des députés de l’Opposition en dehors de la salle
Il convient de préciser qu’au début de la cérémonie d’ouverture de la session extraordinaire, les députés de l’Opposition avaient opté pour la politique de la chaise vide. Retranchés dans la salle des Banquets du Palais du peuple, ils n’ont accepté de reprendre leurs places au sein de l’hémicycle qu’après s’être assurés que la révision constitutionnelle n’était pas à l’ordre du jour.
Dans l’entendement de ces membres de la chambre basse du Parlement, il n’y a aucune raison pour justifier la modification de la loi électorale. D’où, toute initiative allant dans ce sens cacherait, au bout du compte, une manœuvre de charcutage de la Constitution et, partant, de prolongation des mandats du Chef de l’Etat et d’autres animateurs des institutions de la République.
Maitre Mayo, un des membres de cette plate-forme politique, a affirmé que l’examen d’un nouveau projet de loi électorale est inopportun, étant donné que le texte en vigueur ne pose aucun problème et a permis à l’actuelle CENI dirigée par Malumalu d’organiser récemment des élections législatives partielles à Befale, dans la province de l’Equateur.
Tout en faisant remarquer que dès la convocation de la session extraordinaire, le bureau de l’Assemblée Nationale devrait être en possession de toutes les matières inscrites à l’ordre du jour, ce député de l’UNC estime qu’amener un projet en pleine la session extraordinaire constituerait une violation du Règlement intérieur et de la Constitution de la République.
De son côté, le président du groupe parlementaire PPRD, Shadari, a déclaré que la Majorité usera de son poids politique pour faire entériner le projet de loi électorale attendu du gouvernement, même si l’Opposition choisissait la stratégie du boycott.
On note par ailleurs qu’à la veille de l’ouverture de cette session extraordinaire, le président de l’UNC (Union pour la Nation Congolaise ), Vital Kamerhe, a lancé un appel à la vigilance à la population congolaise, en vue de barrer la route à toute tentative de passage à force de la Majorité, qui mijote un plan de glissement du calendrier électoral et de révision de certaines dispositions de la Constitution, dont l’article 197 portant sur l’élection des députés provinciaux au suffrage universel direct.
ERIC WEMBA