Les organisations de défense des journalistes interpellent le CSAC

Jeudi 19 février 2015 - 13:14

Dans une déclaration rendue publique hier mercredi 18 février 2015, les organisations professionnelles de défense des droits des journalistes déplorent le musellement et la fermeture intempestive des médias par le gouvernement de la RDC. Cette situation, d’après l’UNPC et ses partenaires, ternit l’image de la RDC en matière de la liberté de presse, corollaire de la démocratie et de l’Etat de droit.

En effet, plus de 10 médias, notamment des stations de radiodiffusions et des chaines de télévisions émettant dans la ville province de Kinshasa et en provinces, sont fermés par le pouvoir en place.
C’est ainsi que les organisations professionnelles des médias signataires de cette déclaration en appellent à la responsabilité du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) pour statuer minutieusement sur les médias fermés injustement, en vue d’un climat électoral apaisé.

Déclaration sur la fermeture des médias en RDC

Les Associations et Regroupements des Journalistes et des Médias membres effectifs et associés de l’Union Nationale de la Presse du Congo se sont réunis les 16, 17 et 18 février 2015 au siège de l’UNPC dans le but d’examiner la situation des médias fermés à travers le pays. Il s’agit de médias suivants :

- CANAL KIN TV (CKTV) et de la Radio Télévision Catholique Elikya (RTCE) dont les signaux sont coupés à Kinshasa depuis le 16 janvier 2015 ;
– Radio Télévision JUA à Lubumbashi avec le signal coupé depuis le mois de décembre2014
– Deux Radios et une Télévisionréduites au silence à Béni depuis le 14 novembre 2014, à savoir : la Radio liberté Béni « RALIB »,la Radio Ngoma FM et la Radio TélévisionRwanzururu (RTR)

- Radio FURU de Butembo, égalementferméeà la même date.

Les Associations et Regroupements des journalistes et des médias ont égalementévoqué les cas de fermeture des chaines de télévision de Kinshasa Radio Lisanga TV (RLTV) le 05 août 2012 et Canal Futur depuis le 28 novembre 2011.

Apres débats et délibérations, il ressort ce qui suit :

1. La situation générale du pays est àl’apaisement avec l’adoption harmonisée de la Loi électorale au Parlement, suivie de sa promulgation par le Président de la République ainsi que de la publication du Calendrier électoralglobal par la Commission Electorale Nationale Indépendante(CENI) pour cheminer, dans la paix, vers les élections libres, démocratiques, transparentes et apaisées.

- 2. Cette amélioration de l’environnement vivement souhaitée par tous doit s’élargir à tous les secteurs dela vie nationale, y compris à celui des médias qui manifeste des inquiétudes de plus en plus ardentes au regard des mesures prises en contradiction avec les lois et réglementations qui régissent ce secteur dans notre pays sans en référer aux instances de régulation et d’autorégulation.

3. La dernière « mesure « frappant les chaines de télévision CKTV et RTCE n’est pas de nature à favoriser un climat serein de l’exercice de la profession journalistique dans notre pays. Cette situation vient de rajouter à l’angoisse de la profession journalistique qui se pose mille et une questions quant au comportement à adopter au cours des campagnes électoralesà venir quiseront, sans doute, émaillées de propos contrariants des uns et des autres.

- 4. Point n’est besoin de rappeler que le rôle des medias est crucial en démocratie en général, et particulièrement durant le processus électoral. A cet effet, le musèlement des médias et leur réduction au silence ne peuvent qu’amplifier les tensions dans le pays et compromettre dangereusement la tenue des élections dans un climat apaisé.

5. La fermeture intempestive des entreprises de presse a des conséquencessocioéconomiquesnéfastes sur les professionnels des medias, décourage l’investissement dans ce secteur, porte atteinte au climat des affaires et à la création des emplois.

6. Avec l’annonce des élections, le pays va entrer certainement dans une zone de turbulence. Ainsi donc,
– les médias sont appelés au sens de responsabilité et au professionnalisme ;

- les instances de régulation et d’autorégulationdoivent jouer pleinement leur rôle dans l’encadrement et la formation des journalistes ;
– le Gouvernement doit garantir les droits des médias en sauvegardant la liberté de la presse.

7. Nous en appelons au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et dela Communication, CSAC, qui a dans ses attributions, entre autres, la protection de la presse et le traitement de différents dossiers litigieux, de rapporter toutes les mesures susceptibles d’inhiber l’indépendance et la liberté de la presse et d’entacher, in fine, l’image de marque de la RépubliqueDémocratique du Congo.

Fait à Kinshasa, le 18 février 2015.

SIGNATURES

KASONGA TSHILUNDE, Président de l’UNPC
Polydor MUBOYAYI, Président de l’OMEC
Stéphane KITUTU O’LEONTWA, Vice-président de l’ANEAP
André IPAKALA, Président de l’ANECO
Stanis NKUNDIYE, Secrétaire Général du SNPP
Désiré-Israël KAZADI, Directeur de FFJ
N.B.:
UNPC : Union Nationale de la Presse du Congo
OMEC : Observatoire des Medias Congolais
ANEAP : Association Nationale des Entreprises de l’Audiovisuel Privé
ANECO : Association Nationale des Editeurs de Journaux du Congo SNPP : Syndicat National des Professionnels de la Presse
FFJ : Freedom For .Journalist