Les Mzeistes veulent faire prévaloir les idéaux de L-D Kabila au sein du dialogue politique

Jeudi 14 janvier 2016 - 12:40
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Müller Ruhimbika, président des Forces républicaines fédéralistes originelles (FRFO), est à l’origine d’un vaste mouvement dénommé « les Mzeistes ». Ce forum non dénominationnel regroupe des personnalités de tous bords qui reconnaissent en Laurent-désiré Kabila leur mentor politique et acceptent d’al1er au dialogue politique national inclusif pour défendre les valeurs et idéaux prêchés par Mzee, notamment l’amour de la patrie et la tolérance. Dans un entretien à bâtons rompus, M. Müller Ruhimbika s’est prêté à tous les questions de la Rédaction. Interview.

 

La nation commémore ce weekend le quinzième anniversaire de l’assassinat de Mzee L-D Kabila, que représente-t-il pour vous? Quel héritage tenez-vous de lui quinze ans après sa mort?

Le héro ne meurt jamais. Laurent Désiré Kabila est un complément à l’action de Patrice-Emery Lumumba. Mzee est notre mentor politique. C’est le libérateur du Congo de l’une des plus féroces dictatures d’Afrique. C’est pourquoi il a rebaptisé notre pays de Congo démocratique. Quinze après l’assassinat de Mzee, le peuple congolais a encore le sens du patriotisme. Les jeunes et moins jeunes se souviennent qu’il appelait le peuple congolais au travail et à la tolérance. Il voulait construire une nation forte, unie et un Etat prospère. Qu’est-ce qu’on voudrait en dehors de cela ?

 

Le président de la République, chef de l’Etat, a fait l’état de la nation dans sa dernière adresse. Quelle appréciation faites-vous de ce discours?

Nous avons beaucoup apprécié l’humilité du chef de l’Etat. De par sa sincérité, reconnaître que l’état de la Nation est pour le moins contrasté. « L’état de la Nation congolaise ce lundi 14 décembre 2015 est pour le moins contrasté, l’embellie dans certains secteurs ne pouvant occulter les préoccupations légitimes de chacun de vous dans d’autres. Tel est cependant le sort commun à toutes les nations du monde». Joseph Kabila ne se présente pas comme un super homme, il sait que bien des choses sont encore à réaliser avec e concours et ‘effort de tout un chacun d’entre nous. j’ai également apprécié le fait qu’il ne ménage aucun effort pour appeler les Congolais à dialoguer pour baliser le chemin d’un futur proche.

 

L’actualité politique au pays reste accaparée par la tenue du dialogue national voulu inclusif par le chef de l’Etat. Quelle est, selon vous, l’opportunité d’un tel forum à la fin d’une mandature?

C’est parce qu’à la fin d’un mandat il y a des tensions. Il ne faut pas que ces tensions se transforment en confrontation et violences dans les rués comme nous l’avons vu par e passé. Nous pensons que c’est le meilleur moment, meilleur carrefour pour nous parler et nous préparer à une alternance en douceur. Il ne faut surtout pas gâcher les acquis, notamment la paix et l’unité nationale. La situation actuelle est telle que nous n’avons qu’un seul choix : aller au dialogue politique national inclusif. Penser à une autre solution en dehors de ce cadre serait se tromper. Toute autre solution nous conduit tout droit vers un mur.

 

Si, réellement, la solution à la crise qui prévaut au pays passe par ce dialogue, pourquoi le chef de l’Etat tarde à mettre en place le cadre convoquant ces assises (comité préparatoire, facilitation, ordre du jour...)?

Il faillait un temps pour convaincre. Ceux qui hésitent ne sont, en réalité, pas contre le dialogue mais ils veulent se rassurer que leurs préoccupations seront prises en compte. Il y en a qui craignent qu’ils seront engloutis par d’autres leaders politiques. Ils n’ont rien à craindre. En ce qui nous concerne, nous ne pensons pas que le dialogue sera un cadre où l’on va se partager le gâteau. C’est le meilleur moment pour faire prévaloir nos projets. Les meilleurs d’entre nous en sortiront certainement renforcés, revigorés.

 

Vous êtes à l’origine d’un mouvement de revalorisation des idéaux de Mzee Laurent-Désiré Kabila. Pourquoi remettre en valeur une révolution qui a échoué faute de continuateur et à cause de dissensions internes?

La révolution de Mzee est vivante. Nous en appelons simplement au rassemblement de ceux qui se reconnaissent dans les valeurs prônées par-lui. La continuité des idées de Mzee est bien là. Il y a eu simplement de nombreux défis dont les guerres à l’Est du pays et l’épineuse question des groupes armés étrangers, entre autres. Ce serait un grand manque à gagner si les idées et les valeurs prêchées par Mzee Laurent-Désiré Kabila tombaient en désuétude. Nous voulons, en plus d’autres forces qui ont aidé Mzee à mettre fin à la dictature (les chrétiens, l’UDPS), que ses idées soient présentes dans le forum politique national à venir.

 

Votre Mouvement appelle les Congolais au dialogue. Pourquoi pensez-vous qu’il faille aller à ce forum?

Le dialogue nous permettra d’éviter de possibles violences postélectorales. Les résultats issus du dialogue auront été consensuels, prélude d’un avenir meilleur pour le pays. Le dialogue étant un dénominateur commun est un cadre donnant droit de participation et d’expression à toutes les couches sociales. Le dialogue politique national inclusif permettrait à chaque acteur politique de limiter ses ambitions personnelles à travers un projet de société reflétant les attentes réelles du peuple congolais. La précipitation ainsi que l’improvisation nous conduiraient tout droit vers une situation aux conséquences imprévisibles. Pour mémoire, les Kinois se rappellent les scènes désolantes de pillages qui ont eu lieu en 1991, les violences qui ont suivi les élections de 2006 et 2011, les attaques dans les rues de Kinshasa en 2013, les violentes contestations de janvier 2015.

 

L ‘Opposition politique redoute le dialogue tel que défini par le président de la République. Il conduirait, selon elle, droit au glissement. Ne trouvez-pas l’argumentaire fondé?

Le doute est toujours permis. Nous voulons le dissiper. Il y a deux glissements possibles : celui du pouvoir actuel ou celui du pays. Pour nous, c’est dans ce dialogue que nous pouvons bien analyser les deux situations. L’Opposition n’a pas toujours tort. Une démocratie sans opposition est « une voiture sans roue de rechange », dit-on. L’Opposition veut le pouvoir. C’est son droit le plus absolu. Mais il faut éviter que des ambitions personnelles prévalent sur les intérêts de la nation. L’expérience rend sage. Elle n’a donc rien à craindre du dialogue. Les échanges permettent toujours de dénouer des situations difficiles. Les élections telles que programmées ne sont pas une solution. C’est du dialogue politique national inclusif que jailliront des innovations pour la suite. Nous avons des propositions à faire aux compatriotes. Propositions tirées des valeurs de Mzee Laurent-Désiré Kabila. D’autres personnes, organisations viendront avec les leurs. La situation politique actuelle ne nous permet pas d’aller tout de suite aux élections.

 

Ce n‘est pas seulement l’opposition qui a des doutes, il y a aussi la population qui appelle de ses vœux l’alternance pour changer son vécu quotidien...

La population ne se limite pas simplement à la ville de Kinshasa. Nombreux d’entre nous viennent du Congo profond. Là, on ne refuse jamais le dialogue, c’est une tradition, C’est la manière séculaire par laquelle on régule tout problème. Savez-vous que les institutions judiciaires modernes sont en faillite el l’intérieur du pays? Les Congolais pensent que l’entente à l’amiable pour tout problème est le meilleur moyen de trouver une solution à leur problème. Oui, la population a besoin d’un changement. Mais changement ne veut pas dire le départ de Joseph Kabila. Le dialogue est un cadre qui permettra de renforcer la cohésion nationale.

 

La CENCO invite les Congolais à un sursaut patriotique et à rejoindre la dynamique du dialogue. Comment interprétez-vous cet appel?

C’est la victoire du christianisme, celle de revenir aux bons sentiments. La CENCO a mené des consultations et en appelle aujourd’hui tous les Congolais à adhérer à la logique du dialogue politique national inclusif. L’Eglise commence à jouer son véritable rôle, celui de médiateur.

 

Les chrétiens ont fort contribué à l’unité nationale. Ils ont là encore une occasion en or pour démontrer leur force. Par ailleurs, ce n’est pas seulement l’Eglise catholique qui appelle les Congolais à adhérer à l’idée du dialogue mais aussi le respectable président de l’UDPS lance un appel pathétique à tous ceux qui hésitent à rejoindre le camp de pro-dialogue.

 

Savez-vous que le trépied de la révolution congolaise est constitué de l’action conjuguée de l’Eglise, de l’opposition et de l’action de l’AFDL conduite par Mzee Laurent Désiré Kabila. L’Eglise est un des acteurs de la paix.

Les congolais sont croyants. Dieu aime la RD Congo. Les animateurs de l’Eglise sont des hommes respectables. Et la parole de Dieu nous recommande de « prier pour les autorités ».

 

De quelles valeurs de Mzee Laurent-Désiré Kabila le peuple congolais doit-il s’abreuver en ce moment de grande manœuvre avant le dialogue?

Mzee était porteur de plusieurs valeurs dont l’amour de la Patrie et la Tolérance. La RDC a actuellement besoin d’une adhésion massive à ces deux valeurs pour ne pas sombrer dans le chaos.

 

Quels sont les acquis du régime Kabila et pour lesquels vous pensez qu’il y a nécessité de dialoguer?

Sans hésiter, nous relèverons l’unité nationale. Nous ne pouvions penser au début des années 2000 que la RDC allait garder ses limites officielles. Joseph Kabila a su négocier. Il a fait preuve de patience et de tolérance. C’est sa grande force. C’est un acquis à préserver. Le bon cadre pour le faire, c’est le dialogue politique national inclusif.

 

Que conseillez-vous à cette classe politique qui réclame un changement hic et nunc?

Quel changement demande-t-elle ? Ce qui importe n’est pas le changement des animateurs des institutions mais le changement d’un système qui date des années 60 et qui a du mal à disparaitre. Précipiter le changement risque de mener à « jeter le bébé avec l’eau du bain».

 

Propos recueillis par ST AUGUSTIN K.

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