Les médias plaident pour un journalisme de spécialité

Lundi 9 février 2015 - 08:09

Une quarantaine de délégations des journalistes venus d’Afrique, d’Australie, de France, sans compter une forte représentation de la presse tchadienne ont pris part à la VIème Assemblée générale du Forum Africain des éditeurs (TAEF) organisée du 2 au 4 février 2015 à N’Djaména, République du Tchad. Le thème général de cette rencontre était " les Médias et les crises en Afrique : insécurité et épidémies ". Des diverses recommandations issues de cette rencontre, il y a lieu de relever l’invitation des chevaliers de la plume à professionnaliser les médias africains par la spécialisation des journalistes.

L’Afrique est en proie aujourd’hui à des crises aigues comme l’insécurité occasionnée par le terrorisme et les épidémies. " Que peut faire la presse africaine face aux enjeux des épidémies et de l’insécurité ambiante sur le Continent ? ", c’est à cette problématique que les professionnels des medias réunis au pays de Toumaî, c’est-à-dire le berceau de l’humanité ont mené une réflexion commune. Ils ont également planché sur les défis de leur métier et ont esquissé des pistes des solutions à travers le thème principal et les sous-thèmes à savoir : " les défis sécuritaires en Afrique ", " les médias et les crises sanitaires en Afrique " et " les médias en insécurité en Afrique ".

Pour faire face aux différentes crises, " les médias, peuples et dirigeants africains sont invités à se mobiliser et à faire bloc pour la libération du continent des Shab’abs ; Boko Haram, Aqmi, etc, en évitant simplement de " servir de relai à leur propagande par la diffusion des images des horreurs des actes commis et de leurs messages destinés aux désœuvrés, aux désespérés "
Les intervenants ont été unanimes du fait que l’environnement dans lequel se meut le journaliste africain est caractérisé par de difficiles conditions de travail, la faiblesse des salaires, la précarité des entreprises de presse. Mais qu’à cela ne tienne, le journaliste africain doit travailler à fournir une information de qualité.
Les travaux ont été menés au pas de course à travers trois panels de conférenciers, suivis de débats. L’intervenant qui a exposé sur le thème : " Les défis sécuritaires en Afrique " a mis l’accent sur le fait que le continent africain est le continent qui vit une insécurité quasi permanente ; situation qui remonte au lendemain des indépendances des Etats africains. Elle résulte d’une mauvaise gouvernance des affaires de l’Etat et de la société. Que peut faire la presse africaine face à ce défi ?, s’est interrogé l’intervenant. Dans sa tentative de réponse il souligne : " Rien ou pas grand-chose ". Il justifie sa réponse par le fait que le terrorisme est une guerre asymétrique, où l’ennemi est difficilement identifiable, et ne respecte aucune règle ou convention contrairement à la guerre conventionnelle, où on peut trouver des correspondants de presse. Les médias africains, a-t-il souligné, n’ont ni les moyens, ni l’impact nécessaire pour couvrir les activités terroristes. Pour ce dernier, les médias ne peuvent qu’accompagner la lutte des Etats en relayant ce que ces derniers veulent bien leur donner. Il a conclu que les médias ont un rôle de prévention, d’explication et de pédagogie dans le combat contre le terrorisme.

Par rapport aux défis sécuritaire et sanitaire, l’on a déploré le fait que des nombreuses personnes en Afrique succombent sous l’effet dévastateur des catastrophes naturelles et des maladies. Pour ce faire, les médias doivent être les premiers éducateurs, à travers la sensibilisation pour inciter les populations à considérer l’apprentissage des gestes de premiers secours comme un devoir civique.

L’orateur du sous-thème : "Le Rôle des médias dans la gestion des crises ", a relevé différentes crises, que ce soit au niveau de l’agriculture, de la santé, du changement climatique. Il s’est interrogé, si les médias aident leurs populations, entretiennent le dialogue avec les autorités sur ces grandes questions.
Sur la question de la fièvre Ebola, il a déploré le fait que les journaux africains n’ont repris que tout ce que les journaux occidentaux ont dit. Il regrette également que les médias africains n’aient pas touché un sujet aussi crucial comme les systèmes de santé quasi inexistants dans certains pays affectés par la fièvre à virus Ebola. Il appelle les journalistes, qu’il compare à des " des chiens de garde ", à la vigilance. Il a préconisé que les journalistes africains se spécialisent dans tous les domaines.

Lors du débat, les participants ont mis l’accent sur les rapports souvent difficiles qu’entretiennent les gouvernants et les journalistes, sur la fragilité et la précarité des médias africains. Malgré cela, les médias doivent être des outils pédagogiques pour une culture de paix à travers l’éthique, l’exactitude de faits, surtout lorsqu’il s’agit des questions de sécurité, d’intégrité territoriale
Dans le cadre du panel sur "les médias et les crises sanitaires ", l’intervenant a estimé qu’en temps de crise, les médias sont parfois amenés à jouer un rôle ambivalent. Ils peuvent être une source d’information sur les épidémies, de même qu’ils peuvent se révéler une source de désinformation à l’origine de la panique des populations.

Le Premier ministre de la République du Tchad, M. KALZEUBE PAYIMI DEUBET a fait honneur aux participants en donnant le go des assises le 2 février 2015. Evoquant le thème de cette assemblée générale, le Premier ministre du Tchad a souligné que, " le journaliste doit utiliser les armes qui sont les siennes pour apporter sa contribution aux efforts que fournissent les autres composantes de la société pour l’enrayer " pour faire face à la problématique de l’insécurité.

Intervenant en ouverture de la cérémonie, le Président du comité d’organisation de la VIème assemblée générale du TAEF et président du Forum des responsables des médias de l’Afrique Centrale (FREMAC), Michael DIDAMA, a souligné que le thème de la VIème assemblée du TAEF s’inscrit dans un contexte difficile marqué par la folie meurtrière des Shebab dans la corne de l’Afrique, les menées des mouvements terroristes au nord Mali, et le nord Nigéria mis en coupe réglée par Boko Aram.

Le Ministre de la communication du Tchad, HASSAN SYLLA BAKARI, qui n’avait pas quitté d’une semelle les participants, a souligné que pendant les crises et les épidémies, la presse africaine, a un rôle irremplaçable à jouer pour une prise de conscience collective de nos populations face à ces multiples défis.
Le président du TAEF, par le biais du Secrétaire général a salué l’initiative des autorités tchadiennes, qui après leur intervention au Mali pour combattre les forces djihadistes, engagent leurs forces contre l’insécurité imposée au Cameroun par Boko Aram. Tout en reconnaissant les efforts du gouvernement tchadien pour l’amélioration de l’espace médiatique, il a souhaité que l’engagement du Tchad contre le fondamentalisme, n’affecte pas le droit des Tchadiens à une information crédible. Dina BUHAKE De retour de Ndjamena/Tchad

 

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