Les unes soutiennent la commémoration de cette date avec faste, les autres estiment qu’il faut réflechir sur les conditions des femmes.
Le 8 mars est une journée de manifestations à travers le monde, une occasion de faire un bilan sur la situation des femmes. Traditionnellement, les groupes et associations de militantes préparent des manifestations, pour fêter les victoires et les acquis. Aussi, pour faire entendre leurs revendications, afin d’améliorer la situation des femmes. « Forum des As » publie ci-dessous les avis des Kinoises sur la célébration de la journée internationale de la femme le 8 mars.
Pour certaines, le 8ème jour du mois de mars est une journée d’auto-évaluation. C’est le cas de la ménagère Kitoko Assina, 45 ans révolus. Elle se réjouit du fait qu’on ait universellement choisi une journée pour célébrer la femme après tant de luttes. "Cette journée me permet d’évaluer ma vie sociale, c’est-à-dire ce que j’ai fait de positif pour mon pays ", dit-elle.
" Beaucoup de femmes ne connaissent pas leurs droits ", déclare, pour sa part, une femme agent dans une entreprise de la place. Pour Mme Lycie Madele, 35 ans, "c’est une journée de réflexion où les femmes doivent débattre de l’apport de la gente féminine dans la société ". Le 8 mars, poursuit-elle, n’est pas une journée où l’on ne peut se contenter que de s’habiller en pagne à Kinshasa.
Gloridie Isamola (22 ans), étudiante en 1ère licence, indique que " le 8 mars est une journée où la femme doit se souvenir des injustices dont elle a été longtemps victime ". "On devrait normalement organiser des conférences pour expliquer aux femmes ce qu’est cette journée".
Agée de 52 ans, Mme Pascaline Bako, employée dans une entreprise de la place, déclare que la journée du 8 mars est celle de conscientisation des femmes. " Chaque femme doit se remettre en cause et réfléchir sur ce qu’est sa position aujourd’hui dans la société. C’est une journée normalement où l’on devrait suivre des enseignements sur les luttes menées par des femmes à travers le monde ». Une occasion de partager les expériences… " A la place du défilé, suggère-t-elle, le Gouvernement devrait créer des espaces d’échange, consacrés au plaidoyer, au forum à l’intention des femmes, toutes tendances confondues, en vue de les responsabiliser et les conscientiser ».
" C’est plutôt une journée tout comme les autres ", avance Mlle Grâce Muvunga, détentrice d’un diplôme de licence au chômage. " J’ai constaté que c’est une date qui est à base des mésententes dans plusieurs foyers où le mari n’a pas su acheter un pagne à sa femme. Ce qui ne devrait normalement pas se faire. Seulement, si toutes les femmes connaissaient le pourquoi de la célébration de la femme ", déplore-t-elle.
Quant à Mlle Sunday Tusamba, 25 ans, étudiante en 2ème licence, la journée du 8 mars doit être celle de la réflexion. "En tant que femme, les autres, et moi comprise devons nous poser la question de savoir ce qu’on doit offrir à la société en vue de valoriser nos valeurs. Ceci doit se faire à travers des conférences, la mobilisation sociale, le plaidoyer, pour faire comprendre à toute femme qu’elle est capable de se battre au lieu de chercher à être favorisée ", a-t-elle relevé.
Nicole Kyamakya (39 ans), pour sa part, déclare que la journée du 8 mars est celle où les femmes doivent se réjouir à travers le défilé. "Le port de pagne n’est pas du tout synonyme de la féminité. Les femmes ont droit à un défilé pour se réjouir tout en se rappelant de ce que marque cette date. Quand certains parents habillent même des fillettes en pagne, ça devient comme si l’on leur envoyait le message selon lequel c’est une journée où les femmes doivent porter les pagnes, au lieu de faire comprendre à la gente féminine qu’on célèbre l’égalité des chances entre les femmes et les hommes ", souligne la ménagère.
Les maraîchères ne sont pas en reste sur ce débat autour de la journée du 8 mars. Agées d’environ soixante ans, Mwambuyi et Toa Tchungu déclarent que la journée de la femme n’a pas de raison d’être et qu’à leur époque, elles ne l’ont a pas connue.
Pour Mwambuyi, la célébration de la journée du 8 mars constitue une perte de temps : "C’est l’évènement qui amène les jeunes filles à être têtues, qui occasionne le vol. En tout cas, c’est énervant de voir qu’au lieu de trouver autre chose de mieux, on célèbre la femme. Tu vas voir en cette journée là toutes les femmelettes se vêtir de pagne, alors qu’au cours d’autres jours de l’année, elles s’habillent indécemment ".
Pour l’autre maraîchère, Toa Tchungu, c’est plutôt une journée de réjouissance pour les jeunes. " C’est une journée au cours de laquelle les parents ont l’occasion de constater à quel point leurs enfants ont grandi. Occasion aussi d’admirer leur beauté en se disant : Maintenant j’ai retrouvé mon trésor. Bientôt, je vais marier ma fille ".
Officialisée par les Nations Unies en 1977, la Journée Internationale des Femmes trouve son origine dans les luttes des ouvrières et suffragettes du début du XXème siècle, pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote. Cette Journée reste d’actualité. Car, tant que l’égalité entre hommes et femmes ne sera pas atteinte, cette journée sera toujours célébrée.
Les couturières ont donné de la voix sur la journée réservée à la femme. Mme Elise Zola renseigne que, "contrairement aux années précédentes, la journée du 8 mars 2015 ne se fait pas sentir. Les clientes viennent régulièrement, mais je ne le dirais pas par rapport à la célébration de la journée de la femme de cette année ".
Pour cette modéliste-styliste de 60 ans, la journée du 8 mars rappelle à la femme qu’elle n’est pas un être inférieur. "La femme doit prendre conscience de ce qu’elle est. Elle doit connaître et défendre ses valeurs du fait qu’elle n’est pas inférieure, mais égale à l’homme du point de vue professionnel. Je pense bien qu’il est grand temps que les femmes prennent la journée du 8 mars pour une date où elles doivent faire un bilan, c’est-à-dire voir ce qui reste à faire et s’y mettre ". C’est de cette façon qu’elles donneront un sens à cette journée ».
Pour Christelle Bwanga (27 ans), les femmes sollicitent moins les services de son atelier de couture cette année, parce qu’elles ont compris que le 8 mars n’est pas simplement une journée de port de pagne. "Je dirai plutôt que les femmes ont pris conscience qu’il faut faire mieux que s’habiller en pagne la journée du 8 mars. Ce qui n’est pas du tout une mauvaise chose, bien que cela n’est pas bon pour mon travail " confie-t-elle.
Lady Sifa Sabrina (stagiaire)