Faites un petit tour dans la ville. Vous y trouverez un peu de tout : des biscuits arrivés tout droit de Hong Kong , de l‟eau importée d‟Afghanistan etc. Pour consommer chinois, japonais ou russe, les Congolais n‟ont donc plus besoin de sortir du pays. Les habits qu‟ils portent, l‟eau qu‟ils boivent, les arachides qu‟ils grignotent viennent de tous les pays du monde. Rendez-vous sur la route de Mokali, vous y trouverez des véhicules de toutes marques : Volvo, Passat, Mercedès, Ford, Nissan etc engagés dans un défilé ininterrompu. Même délestés de leurs pare-chocs, ils rappellent aux Kinoises et Kinois la belle époque où des chaînes de montage avaient pris leurs quartiers à travers la ville, mettant à la disposition des moins fortunés des possibilités d‟acquisition de véhicules sans recourir à des actes délictueux. Toutes ces marques de prestige sortent des ateliers de Kimbanseke dont l‟ingéniosité surprend les esprits lucides.
Quand on a tant de produits sur le marché, il faut faire preuve d‟ingéniosité pour vendre. La semaine dernière, quelqu‟un a imaginé une campagne très spéciale en vendant, sans sourciller, la terrible maladie d‟Ebola. On a vu « Vieux Ebola » fleurir à tous les coins de la capitale, un peu comme pour appeler la malédiction sur une population déjà aux prises avec la malaria ++ et l‟inévitable fièvre typhoïde. L‟indignation suscitée par cette campagne insane, inhumaine, a conduit au retrait du produit avarié de la circulation.
Mais il n‟y a pas que « Vieux Ebola » sur nos routes. Donnez-vous la peine de traverser la capitale de part en part. Des panneaux publicitaires géants ne vont pas manquer de frapper vos yeux. Kinshasa continue de vendre du vent. Il vend des noms qui font rêver : New York, Paris, Ottawa, Tokyo, Hong Kong, Londres, Bruxelles, Francfort etc. Pour écouler un produit, la voie est toute tracée : il faut lui donner un nom représentant l‟une de ces destinations que les Congolais espèrent bien prendre un jour, lorsque la modernisation de la République leur permettra de se refaire une santé financière pour à la fois payer un titre de voyage et réussir un parcours de combattant que représente l‟obtention d‟un visa.
En appelant leur produit « Eau d‟Oslo » au lieu de « Makala » comme autrefois, les fabricants poursuivent l‟objectif de convaincre les consommateurs qu‟ils achètent la qualité parce qu‟il s‟agit d‟un produit importé. Le message est clair : tout ce qui est local n‟est ni digne d‟intérêt ni digne de confiance.
La publicité mensongère ainsi affichée sur toutes nos grandes artères pour des produits fabriqués pourtant à Kingabwa et ailleurs à travers la ville, devrait interpeller le ministère de l‟Economie où les marques sont déposées, le ministère de l‟industrie qui devrait combattre une campagne pernicieuse qui saborde les efforts menés pour faire consommer congolais, et le Conseil Supérieur de l‟Audiovisuel et de la Communication qui a reçu du législateur la mission de veiller sur le contenu des messages publicitaires.