Les « Combattants » de la diaspora à Kinshasa : un test pour le pouvoir en place

Mercredi 20 mai 2015 - 14:15

Certains d’entre eux sont déjà victimes de menaces d’arrestation de la part de certains lieutenants de la Majorité présidentielle

Depuis quelques semaines, plusieurs Congolais de la diaspora qui luttent pour le changement en République démocratique du Congo, effectuent des descentes à Kinshasa, sans nul doute assurés d’une protection quelconque de la part d’un « poids lourd » du pouvoir. Car, auparavant, ils conditionnaient leur retour au départ du régime en place.

Certains d’entre eux sont venus de la France, d’autres de la République sud-africaine et d’autres encore de la Grande Bretagne où ce mouvement est beaucoup plus actif.

Ils apparaissent sur des chaînes de télévision privées, avec un langage beaucoup plus modéré, sans pour autant s’écarter de la ligne maîtresse de leur combat, à savoir le « changement ».

Les insultes, les intimidations et autres menaces ont laissé la place à un débat d’idées, démocratique, avec une dose de tolérance inhabituelle.

Des sources indiquent qu’une personnalité influente du pouvoir est entrain de les convaincre à regagner Kinshasa et à se porter candidats aux prochaines élections, sans être inquiétés ou traduits en justice par qui que ce soit. Jusque-là, le jeu se déroule comme prévu. Mais des menaces fusent de quelques cadres de la Majorité présidentielle, visiblement victimes des attaques brutales des « Combattants » à l’étranger il y a de cela quelques années.

Il s’agit là d’un test pour le pouvoir en place qui prône, depuis un temps, la cohésion et le dialogue entre Congolais. De la même manière qu’on a pardonné aux anciens rebelles du RCD de Ruberwa et du MLC de Jean-Pierre Bemba, sans oublier le RCDN de Roger Lumbala ou le RCD/K-ML de Mbusa Nyamwisi après le dialogue inter congolais, les « Combattants » de la diaspora doivent également retourner au pays de leurs ancêtres et prendre part aux votes.

Les arrêter entachera davantage l’image de ce régime finissant auprès d’autres Congolais restés à l’étranger, et confirmera la thèse d’un gouvernement qualifié d’oppresseur par ceux-là qui crient « Ingeta » à chaque manifestation contre la République démocratique du Congo et ses dirigeants.

Des sources renseignent que plusieurs autres « Combattants » restés en Afrique du Sud et en Europe attendent voir la réaction de Kinshasa face à ceux qui sont déjà sur place pour revenir au bled.

Toutefois, bien de compatriotes « Combattants » restés à l’étranger contestent la démarche entreprise par leurs amis qui prennent le risque de descendre sur Kinshasa. Selon eux, ces membres de la diaspora sont devenus des « Collabos » du pouvoir, et certains auraient même été payés pour retourner au pays. Et bien, leurs déclarations à partir de Kinshasa n’engagent qu’eux, disent-ils. Argument balayé d’un revers de la main par ceux qui sont à Kinshasa.

Ces derniers déclarent par contre qu’ils seront candidats aux futures élections, notamment les députations provinciales et nationales, dans des circonscriptions bien indiquées, pour changer les choses dans ce pays.

Et que cette première descente entre dans le cadre de prise de contact avec la base pour mieux préparer les échéances. Quelques uns d’entre eux affirment être approchés par le pouvoir pour des offres alléchantes, mais ils ont refusé de mordre à l’hameçon pour le bien-être de l’ensemble de la population.

Par Lefils Matady