LES CALCULETTES SORTENT AU JUBILE D’OR DU PALU : 2025 ; projections chiffrées de Muzito

Lundi 1 décembre 2014 - 09:41

Dans son diagnostic de l’économie RD-congolaise, l’ancien Premier ministre a fait part de la bonne surprise de la gouvernance Kabila, affirmant que sous le Rais le PIB du pays est passé d’USD 4 milliards à USD 40 milliards et sa richesse multipliée par dix pendant 13 ans, contre USD 1 milliard à USD 7 milliards pendant la période coloniale, USD 7 milliards à 7,5 milliards sous Kasa-Vubu, USD 7,5 milliards à USD 9 milliards puis USD 9 milliards à USD 4 milliards sous Mobutu.

Place à l’économie aux ateliers du Jubilé d’or du Parti lumumbiste unifié -PALU-, ouverts depuis la fin du mois d’octobre. La situation économique de la RD-Congo est examinée période après période, année après année et Régime après Régime. L’entrée en scène de l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito, passé à cette occasion du côté des orateurs alors qu’il assurait jusque-là la modération, restera bel et bien dans les annales. Les chiffres ont parlé. Journalistes, financiers, décideurs et simples participants ont écouté avec curiosité les comparaisons de l’économie de la RD-Congo de l’époque coloniale au règne de Joseph Kabila, et les prédictions de Muzito pour 2025 et 2035 ainsi que les brillantes interventions des professeurs Daniel Mukoko Samba, Tiker Tiker et du président de l’Association congolaise des banques –ACB-, Michel Losembe.

Adolphe Muzito est de retour. L’ancien Premier ministre a sorti sa calculette samedi 29 octobre à Kinshasa alors que les assises de 50 ans de vie du PALU ont atteint leur phase d’évaluation économique. Economiste, inspecteur des finances, ancien argentier du pays, Muzito était dans son élément. Sévère sur l’état des lieux, il a expliqué que pendant la période coloniale, le PIB de la RD-Congo est parti d’un milliard à 7 milliards de dollars. Sous Kasa-Vubu, le PIB est passé de 7 milliards à 7,5 milliards tandis que pendant la période Mobutu, le PIB est passé de 7 milliards à 9 milliards avant de rechuter à 4 milliards. A en croire l’ancien Premier ministre, la bonne surprise de l’économie de la RD-Congo a été constatée ces dernières années. Depuis 13 ans, progressivement, sous le leadership de Joseph Kabila le P18 du pays est passé de 4 milliards de dollars Us à 40 milliards! Kabila a donc multiplié la richesse du pays par dix contrairement à Mobutu, qui l’a divisée en deux pendant 32 ans de règne. Si les réformes initiées ces dernières années continuent à aller dans le bon sens, Muzito a estimé que la RD-Congo pourrait tabler sur cette embellie pour entamer sa construction d’ici 2035. Il projette 2025 sur l’hypothèse que le PIB cumulé des 20 prochaines années atteindrait USD 2,150 milliards, le budget cumulé de la même période à USD 434 milliards, tandis que les dépenses courantes cumulées s’élèveraient à USD 234 milliards et le budget cumulé des investissements à USD 200 milliards. Muzito en a fait la ventilation suivante : USD 50 milliards de 2015 à 2025 et USD 150 milliards de 2026 à 2035. L’expert du PALU en a déduit que le pays a des atouts pour se doter des infrastructures. Voies obligée : une politique de la primauté des besoins, opposée à celle des recettes fiscales.

Muzito croit dur comme fer qu’il suffit de recourir au système de crédit fournisseur calculé sur la base du’ budget prévisionnel des investissements. Il est aussi d’avis que cette primauté des besoins permettrait à la RD-Congo de se doter d’une grande ambition en évitant d’être tributaire de la politique de la trésorerie. Cette politique a déjà démontré sa pertinence par exemple dans l’acquisition des engins de génie civil et autres agricoles pendant son séjour à la Primature. Muzito a également évoqué la question du chômage des masses, essentiellement des jeunes, se posant la question de savoir comment concilier la courbe économique et la courbe démographique, lançant un débat public pour des options fédératrices à prendre.

Les préalables à l’émergence de la RD-Congo

Certains participants ont le sentiment que des éléments de réponse à cette préoccupation de l’ancien Premier ministre se trouvent dans les interventions de deux autres économistes de renom, également montés à la tribune. D’une part, le Vice-Premier ministre en charge du Budget, Daniel Mukoko Samba, qui a planché sur le thème Quelles perspectives d’avenir d’ici 2025? et donné les préalables à l’émergence de la RDCongo. Tirant le bilan de 50 ans d’indépendance, il a indiqué que le pays a passé 32 ans à détruire ses richesses, sans un modèle économique standard. Il a connu seulement 18 ans de croissance en dents de scie. En dépit de cette croissance, la RD-Congo a le PIB par habitant le plus bas du monde. Rectifier le tir impose le changement de rythme, la volonté politique, la volonté d’être une puissance régionale, une croissance rapide à deux chiffres à l’instar de la Chine et la mise en place des instruments de puissance : l’armée, la police et une diplomatie agissante. D’autre part, le professeur Tiker Tiker, invité à parler de l’évolution de l’économie RD-congolaise de la période d’avant indépendance à ce jour. Dans la rétrospective de la période allant de 1959 à 2002, Tiker Tiker a renseigné que tout l’édifice construit pendant l’époque coloniale a été détruit par les RD-Congolais. En cause : le problème des ressources humaines appelées à prendre la relève des Belges sans avoir ni la formation ni l’expérience requises, la zaïrianisation, les pillages des années 1991-1993, la mauvaise gouvernance. Tiker Tiker a fait savoir que pendant cette sinistre période, la RD-Congo a enregistré le PIB d’USD 50 par habitant en 2002, avec une inflation de 1000%. Le professeur a également déploré de nombreux désordres dont la conséquence a été la destruction du tissu économique avec une pauvreté avancée.

Tiker Tiker a indiqué que la période allant de 2002 à ce jour est marquée par une croissance motivée par la libéralisation de l’économie et des prix, par la reprise des relations avec les institutions de Breton wood, la stabilisation du cadre macroéconomique et l’équilibre de la balance de paiement. Du coup, la courbe économique, descendante pendant la période précédente, est devenue depuis 2002 jusqu’à nos jours, ascendante. L’économiste a cependant précisé qu’il s’agit d’une croissance molle, basée essentiellement sur les activités minières réputées non génératrices d’emplois et de revenu pour le grand nombre. D’où a-t-il plaidé pour la diversification de l’économie en priorisant les secteurs agricole et de l’industrie. Comme son collègue professeur Daniel Mukoko, Tiker Tiker a conditionné l’émergence au passage de l’économie de la rente â l’économie de marché ainsi qu’à la mise en place d’une diplomatie agissante, d’une administration performante, d’une justice impartiale et la promotion obligatoire de la paix. Michel Losembe, président de l’association congolaise des banques -ACB-, s’est essentiellement penché sur la présentation de sa structure, ses missions, ses objectifs et les difficultés que les 18 banques membres de l’association rencontrent. Il a précisé que I’ACB accompagne le gouvernement dans sa lutte pour le financement des activités économiques. Il a rapporté qu’il existe trois types de banques en RD-Congo: les banques internationales, les banques panafricaines et les banques locales. Losembe s’est félicité de la progression nette du dépôt bancaire, passé d’USD 90 millions en 2001 à USD 3 milliards en 2014 et du nombre de comptes passé de 50.000 en 2001 à 5 millions en 2014. Pour sa part, le crédit à l’économie situé à USD 30 millions en 2001 a grimpé à USD 2 milliards en 2014. Losembe a souligné que beaucoup d’efforts ont été fournis, mais il faut encore travailler pour amener le pays à la moyenne africaine. Les chiffres sont performants, certes, mais insignifiants au regard du poids géographique et démographique.
AKM

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