(Par Fyfy Solange TANGAMU, sous la direction de Yves KALIKAT)
L’une des principales artères de Kinshasa, la route ’’By Pass’’ connaît quotidiennement un trafic intense. Reliant la place Echangeur au Triangle de Cité verte, dans la commune de Selembao, ce tronçon est fréquenté à longueur de journée par des remorques, des camions de gros tonnage, des bus… en partance ou en provenance de la province du Kongo central. Comme les principaux boulevards de la capitale, ’’By Pass’’ est en train de subir une cure de jouvence. Démarrés depuis trois ans, ces travaux de modernisation permettent à cette artère de faire peau neuve, mais ses intersections continuent à poser problème au niveau de la commune de Lemba.
Rouler sur la route ’’By Pass’’ est devenu très aisé depuis le début de l’année. Hormis aux heures de pointe. Depuis l’élargissement du tronçon compris entre la place Echangeur et la station service de Salongo, les conducteurs peuvent désormais se donner le loisir de filer à vive allure sur cette voie bitumée, devenue de plus en plus lisse. Les seuls couacs demeurent les trois principales intersections au niveau des stations services : à Salongo, sur Sous-Région et à l’Echangeur.
Sur ces intersections, les véhicules sont obligés de ralentir pour éviter de basculer dans les crevasses de plus en plus béantes. Les conducteurs doivent ainsi faire montre de dextérité pour trouver un passage sans nid-de-poule.
LA CREVASSE PROFONDE DE SOUS-REGION
L’ornière la plus profonde de toutes, c’est celle qui s’est créée sur la jonction de la route provenant de Super-Lemba et celle qui mène vers la commune de Matete, au niveau de Sous-région. Si l’on n’y prend garde, le chauffeur véreux peut facilement endommager l’amortisseur de son véhicule, tant la crevasse est profonde.
Même les motocyclistes sont tenus d’être prudents quand ils empruntent ce tronçon. Une vitesse maladroite leur coûterait la vie ainsi que celle de leurs clients, si jamais il leur arrivait de chuter dans l’ornière. Pas étonnant qu’il y ait déjà eu des cas de fractures sur ce croisement !
Aujourd’hui, plusieurs usagers de la route qui fréquentent cette artère, préfèrent carrément passer à travers la station Cobil pour contourner la crevasse. D’où, les nombreux embouteillages qu’on enregistre sur le lieu aux heures de pointe.
GARE AU CHAPELET DE MOELLONS
Le scénario est quasiment le même au croisement de l’avenue ’’By Pass’’ et du Boulevard Salongo, au niveau de la station service Engen. Les automobilistes sont confrontés à des difficultés pour se frayer un passage, la route étant ponctuée de nombreux nids-de-poule.
Il en est de même au prolongement de la route ’’By Pass’’ vers rond-point Ngaba, où les véhicules sont contraints de ralentir pour éviter d’éventuels chocs. Les conducteurs imprudents se heurteraient, dans leur course effrénée, au chapelet de moellons, étalés tout le long du croisement, aux abords de la station service. Des moellons qui attestent que les travaux, inachevés, restent encore pendants sur ce tronçon.
DES EMBOUTEILLAGES AU NIVEAU DE L’ECHANGEUR
Au seuil de la route ’’By Pass’’, tout aux alentours de la station Total, au niveau de l’Echangeur, la bitume s’est considérablement dégradée jusqu’au niveau de l’entrée du ’’Camp riche’’, à Lemba. Sur ce tronçon, les conducteurs sont tenus de jouer à la prudence. Surtout quand il faut emprunter les deux descentes profondément rongées qui font jonction avec le Boulevard Lumumba. Les plus pressés slaloment carrément à travers la station et, parfois, brûlent les sens uniques, au point de heurter des véhicules qui roulent à la régulière.
Alertées par ce danger permanent, les autorités ont procédé, depuis le mardi 10 août dernier, au démarrage des travaux de réfection sur cette jonction. De gros moellons ont, dès lors, été entreposés entre la station et la bande de séparation la plus proche pour empêcher les conducteurs audacieux de rouler sur l’autre bord de l’artère principale, opposé au ’’Camp riche’’.
Les automobilistes roulants n’ont plus qu’à se cantonner sur une seule bande de la voie. Ce qui occasionne des fréquents embouteillages aux heures de pointe, paralysant parfois la circulation dans les alentours pendant de longs moments.
INTENSITE DES TRAVAUX
Pendant ce temps, les travaux continuent sans désemparer. Sous les regards des dizaines de curieux qui s’amassent à longueur de journée le long du tronçon en réfection pour admirer le labeur. D’un air amusé, ils scrutent ces ouvriers congolais qui, pelle à la main, creusent la voie pour permettre aux engins roulants de déverser aisément la couche de caillasses.
On les entend asséner, à tour de rôle, des coups de pioche dans le sol, leurs fronts dégoulinant de sueur. Ces bruits sont quasiment étouffés par un vacarme assourdissant émanant des moteurs de niveleuses, de bennes et d’autres engins roulants qui s’activent dans le périmètre cerné. Tout aux alentours, des ingénieurs congolais surveillent les travaux, en taillant bavette le long de ce chantier, élargi d’environ un mètre.
REACTIONS DE LA POPULATION
"C’est une bonne chose que les travaux s’effectuent à ce niveau du tronçon, soupire Ndaya, vendeur de matériels de construction aux abords de la Fikin. Les automobilistes sont épargnés de faire de nombreux détours, comme dans le temps. Ils nous permettent ainsi d’accueillir nos clients qui n’ont plus peur de se faire écraser. Une véritable aubaine pour notre commerce. Mais, nous sommes juste dérangés par la poussière".
Cet optimisme n’est toutefois pas partagé par tous les usagers de cette route. Loin de se laisser emporter par l’enthousiasme, certains se montrent beaucoup plus critiques. "Jusques à quand va-t-on continuer à travailler sur cette route ?", s’indigne le passager d’un taxi, de passage dans les environs. "Pourquoi ne planifie-t-on pas le travail une fois pour toute, afin que l’avenue ’’By Pass’’ soit totalement opérationnelle, au lieu d’attendre toujours des mois pour travailler sur tel ou tel tronçon dégradé ou inachevé ?", martèle-t-il.
Il aura fallu trois ans pour que la route ’’By Pass’’ fasse peau neuve. Les travaux ont commencé en 2012 avant de connaître un long moment d’arrêt, consécutif à l’absence de moyens. C’est finalement en 2015 que la première couche de bitume a été revêtue sur la majeure partie de cette artère comprise entre l’Echangeur et la station de Salongo. Cette voie asphaltée fait aujourd’hui la fierté de bon nombre d’usagers de la route qui, jadis, étaient contraints de se livrer à plusieurs acrobaties pour atteindre leur destination.