Le Prof André Mbata éprouvé: la communauté nationale pleure la mère du Constitutionnaliste

Jeudi 7 juillet 2016 - 11:25
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 Il est des héros et des héroïnes qui ne font jamais la une des médias. Et pourtant, leur contributionà la nation peut être plus grande que celle des personnes qui sont généralementcélébrés. Tel est le cas des parents qui nous ont donné la vie.

Maman Tshimbiambo Muendenalo Henriette est sûrementl’une de ces héroïnes. Sans elle, la nation congolaise et le reste du monde n’auraient jamais entendu parler d’AndréMata Mangu, ce professeur ordinaire à la Faculté de Droit de l’Université de Kinshasa, professeur de recherche au Collège de Droit de l’Université d’Afrique du Sud et premier noir professeur de droit public dans cette université qui compte parmi les dix plus grandes universités de la planète, professeurinvité dans plusieurs autres universités, membre du comitéexécutif du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA, Dakar, Sénégal), membre du conseil d’administration d’Africa PeacebuildingNetwork (APN) – Social Science Research Council (SSRC, New York, Etats-Unis), membre du Réseau des constitutionalistes africains, et sans ambages l’un de plus grands intellectuels et constitutionnalistes que ce pays aura connus dans plus d’un demi-siècle de son indépendance.

Cette humble et discrètemère qui nous a donné le plus grand universitaire défenseur de la Constitution et de l’Etat de droit dans notre pays. Les hommes politiques de toutestendances, qui ne jurent plus que par la Constitution ainsi que les milliers d’étudiants qui suivent les enseignements du Prof André Mbata Mangu devraient rendre hommage à cette mère qu’il avait fait de faire partir de son village de Bena Tshiadi dans le Secteur de Lukibu au Kasaï central et qui n’avait cessé de l’encourager dans l’opiniâtreson combat contre la monarchisation du pouvoir présidentielet l’Etat de droit dans notre pays.

Trèsrécemment, lorsque toutes les forces réfractaires au changement démocratique s’étaientliguées contre l’organisation du colloque international sur les 10 ans de la Constitutionpar son institut, l’Institut pour la démocratie, la gouvernance, la paix et le développement en Afrique (IDGPA), et que le pouvoir en place faisait tout pour l’empêcher en connivence avec certainstambourinaires du pouvoir tapis dans nos universités, la communauté nationale et internationale devrait à présent savoir que le courage du Professeur et la décisionfinale d’organiser ce colloque contre vents et marrées avaient été inspirés par sa mère. Elle connaissait bien l’importance de la Constitution alors même qu’elle ne l’avait jamais lue ni étudiée.

Lorsque le Prof Mbata décidede s’opposer à la révision de l’article 220 de la Constitution et organise en juin 2013 l’historique conférence au cours de laquelle il réfute les thèseshérétiques de l’auteur de l’«inanition de la nation », il agit avec la bénédiction de sa mère. De même, lorsque l’IDGPA lance une campagne nationale de vulgarisation de la Constitution pour en assurer le respect par tous, c’est également sa mère qui l’inspire. Cette mère s’est paisiblement endormie le vendredi 1er juillet 2016 vers 21 heures aux Cliniques universitaires de de Kinshasa à l’âge de 83 ans. Le corps de l’illustre défunte sera exposéà la paroisse CPK de MateteLokorole vendredi 8 avant son inhumation le samedi 9 juillet 2016 au cimetière de Kinkole à Kinshasa.

L’équipe éditoriale et les lecteurs de RDC-News se joignent à plusieurs milliers de personnalités congolaises et étrangères, y compris des parlementaires et des membres du gouvernement congolais et ceux de certains pays africains, aux politiciens aussi bien de la Majorité que ceux de l’Opposition, aux diplomates, aux intellectuels et aux étudiants pour rendre hommage à notre maman et présenternos sincères condoléances ainsi que nos encouragements au Professeur André Mbata et à sa famille.

Comme ses enfants et petits-enfants aimaient bien l’appeler, « Baba Muende » aura sans doute vécu assez longtemps pour voir l’un de ses enfants se hisser parmi les meilleurs chercheurs et intellectuels du continent, mais pas assez longtemps pour voir la premièrealternancedémocratique dans son pays aujourd’huidans la tourmente suite au « rétropédalage » continuel d’une Majoritéprésidentielle qui cherche à se cramponner au pouvoir au motif que ces partisans de la politique du ventre ne seraient pas encore rassasiés par plus d’une décennie de mauvaise gouvernance, de corruption, et de pillage éhonté de ressources nationales.

Elle a rejoint son mari Samy Mangu Manyadans l’éternité. Devenus immortels, ils continueront d’encourager le combat que mènent leur fils et toutes les forces du changement pour le respect de la Constitution et l’Etat de droit démocratique dans notre pays. Loin de se décourager, le constitutionnaliste devra puiser dans cet évènement des énergies nouvelles pour mener un combat avec l’assurance de la victoire. Que l’âme de notre Maman repose dans l’éternelle paix du Seigneur auquel elle avait cru et qu’elle avait servi durant toute sa vie terrestre!