(Monusco Presse) Le trafic illégal du bois en RDC continue d’alimenter le débat. Cette fois-ci, l’administration forestière est pointée du doigt. L’implication d’hommes armés, les fraudes dans l’administration forestière et l’influence des politiciens
favorisent l’exploitation et le commerce illégaux de bois en Province Orientale, a déclaré jeudi 5 mai à Kisangani le ministre provincial des Ressources naturelles. Il l’a dit à l’occasion du lancement du projet « Exploitation et commerce légaux de bois, affaire de tous dans la Province Orientale ». Le projet est financé par l’Union européenne et le Fonds des Nations unies pour l’alimentation (FAO).
«Nous avons de sérieux problèmes en ce qui concerne l’intervention intempestive des hommes en arme. Les militaires aussi exploitent le bois. A Mambasa par exemple, ce sont les militaires qui exploitent le bois. Au Nord-Kivu, c’est encore les militaires qui exploitent le bois dans la concession d’ENRA », a indiqué Paulin Odiane, ministre provincial des Ressources naturelles.
Les véhicules achetés avec l’argent qui provient des impôts payés par la population, a-t-il déploré,
servent maintenant au transport du bois coupé d’une façon illégale.
Intervenant sur les antennes de radio Okapi, Paulin Odiane a aussi mis en cause l’administration
forestière qu’il accuse d’élaborer de fausses statistiques. «Il y a certaines personnes dans notre propre administration, qui favorisent également cette exploitation illégale. Les statistiques sont fantaisistes par rapport à la réalité sur le terrain. Nous avons également des politiciens qui interviennent dans l’exploitation illégale du bois», a-t-il martelé. Le projet « Exploitation et commerce légaux de bois, affaire de tous dans la Province Orientale » sera exécuté pendant une année dans six territoires des districts de la Tshopo et de l’Ituri, par l’ONG néerlandaise Tropenbos international. Les territoires ciblés sont Bafwasende, Isangi, Ubundu, Mambasa, Aru et Mahagi.
Les organisations de la Société civile de ces territoires seront impliquées pour la sensibilisation, à
travers des radios locales, à l’importance de l’exploitation et le commerce légaux du bois.
En décembre 2014, la Police nationale congolaise (PNC) a saisi, dans le territoire de Watsa, district du Haut-Uélé (Province Orientale), un camion transportant du bois appartenant à un groupe des hommes d’affaires somaliens. Ce bois était sur le point d’être exporté illégalement, avait alerté à Bunia, le ministre provincial en charge des Ressources naturelles, Paulin Odiane. Suite à ce comportement, il avait ordonné la suspension du superviseur de service de l’Environnement, accusé d’être impliqué dans l’exploitation illicite du bois par des expatriés.
«J’ai ordonné la saisie d’un camion immatriculé en Ouganda avec autant de bois, saisi par l’état
major de la police de Watsa. Nous avons demandé à ce qu’on puisse auditionner ces Somaliens, qui ont déjà exporté plus de 400 mètres cubes des bois sans licence», avait indiqué le ministre provincial des Ressources naturelles, sans préciser la quantité du bois saisi.
Au cours d’une mission de service à Watsa, le ministre provincial avait également demandé à la régie financière locale de « suivre la procédure pour que tout le monde puisse payer la licence d’exportation de bois, l’agrément, les permis de coupe et les pénalités qu’il faut avant de libérer le véhicule», avait-il ordonné. «Il y a coulage à grande échelle des recettes du Trésor public. J’ai ordonné à l’administrateur du territoire de suspendre le superviseur chargé de l’Environnement du territoire de Watsa, parce que c’est un type qui n’est pas en mesure de rendre un service utile à l’Etat congolais», avait-il precise.
{jcomments on}