Dans les tâches dévolues à la Monusco et redéfinies lors du récent renouvellement à la nième reprise de son mandat, il n’est fait aucune allusion à 1′ Accord-cadre d’Addis-Abeba ni à la précédente Résolution 2098, en d’autres termes aucune mention du dialogue entre le pouvoir et la classe politique en RDC.
Les manquements et déficiences caractéristiques de la carence du pouvoir, dont le constat expressif est dressé dans l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, ne font que s’amplifier et deviennent de plus en plus inquiétants après la signature de cet accord-cadre par plus d’une dizaine da chefs d’Etat en présence du Secrétaire général de l’ONU en personne.
Œuvre du Conseil de sécurité et du Secrétaire général de l’ONU, ce dialogue était alors jugé nécessaire et incontournable pour déblayer le terrain er baliser le chemin vers la Restauration de la démocratie et de l’Etat de droit en RDC, du fait que les élections de 2006 et 2011 se sont révélées malheureusement contre-productives en replongeant le pays dans un climat de crispation et de crise chronique.
Quid alors de ce dialogue au moment où l’échéance de 2016 est à l’ordre du jour et l’organisation même de l’élection présidentielle à cette échéance est encore tout à fait visiblement hypothétique?
Des leaders politique lucides de l’opposition et des militants honnêtes de la société civile, conscients de l’absence d’Etat eu de l’impasse que préfigure l’impossibilité d’organiser les scrutins présidentiel et législatif apaisés, sont nombreux qui souscrivent à l’idée du dialogue pour agiter ensemble les problèmes majeurs et refonder l’Etat tombé en déliquescence « .
Néanmoins, des analystes politiques autoproclamés de bas étage, et des politiciens limités et obtus bombent piètrement le torse sur les plateaux des chaînes de tv et parlent de ce dialogue comme un aveugle des couleurs.
Ils n’y comprennent absolument rien. Ils n’en connaissent pas les tenants et les aboutissants même dans les moindres détails. Pour eux ce dialogue c’est la voie vers le partage du gâteau, avec Joseph Kabila toujours président d’une nouvelle équipe de transition.
Ignorants qui ne se cachent pas de leur médiocrité ces politiciens limités, poussent le bouchon un peu trop loin en cassant du sucre sur le dos du président de l’UDPS Etienne Tshisekedi, qu’ils vilipendent et caricaturent comme s’il était lui le promoteur du dialogue.
Et pourtant le leader charismatique, la coqueluche du peuple congolais, a tout simplement repris à son compte ce schéma de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et l’a rappelé aux décideurs du monde qui incarnent la communauté internationale.
La feuille de route de Tshisekedi
Ces gens malintentionnés et mesquins croient que Tshisekedi demande à Joseph Kabila de convoquer le dialogue, et se disent étonnés qu’il accepte de dialoguer avec celui qui traite d’imposteur! Rien de tout cela ne se trouve nulle part dans feuille de route, que ces esprits malveillants ne se sont pas donné la peine de lire intelligemment et attentivement comme ils sont imbus de préjugés et de sentiments haineux à l’égard de Tshisekedi. Le leader de l’UDPS rappelle tout simplement à l’ONU le contenu de son propre accord-cadre d’Addis-Abeba.
Il retrace l’évolution de la situation du pays depuis le rendez-vous de Sun City en Afrique, évoque les mésaventures des élections de 2006 et 2011, souligne le danger qui plane sur le pays à cause de la politique à la petite semaine du système en place en RDG. En leader averti, visionnaire et vieux routier de la politique de ce pays, Etienne Tshisekedi crie au loup et tire la sonnette d’alarme.
Des flatteurs serviles du pouvoir actuel, des individus qui ont un bandeau sur les yeux et l’esprit obnubilé par des préjugés de haine, et des politiciens en panne de popularité1 qui prennent ombrage de l’aura et de l’ascendant de Tshisekedi, s’accommodent tous mal de la présence du leader de l’UDPS sur la scène politique de ce pays.
C’est le Conseil de sécurité de l’ONU en tant que l’artisan de 1’Accord-cadre et de la Résolution 2098 qui doit, par le truchement du représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et patron de la Monusco, convoquer le dialogue et jouer le rôle d’arbitre de la négociation entre les participants politiques et sociaux congolais, dont le pouvoir et ses alliés d’une part, l’Opposition et ses alliés d’autre part.
Tous les participants sont sur un pied d’égalité, comme ce fut le cas à Lusaka et à Sun City.Il ne faut pas confondre le dialogue préconisé par 1’Accord-cadre avec les concertations politiques qu’avait organisées le pouvoir avec la coprésidence assurée par les présidents de deux Chambres du parlement.
La conception et la tenue du dialogue sont donc la négation de la distinction entre les interlocuteurs et du statut spécial à revendiquer par ceux du pouvoir, à l’instar de Lusaka et de Sun City. C’est la réalité dure, pénible et cruelle à laquelle on est obligé de se rendre bon gré mal gré. Il ne sert à rien do se formaliser et de s’embarrasser de vaines considérations d’amour-propre. La signature apposée sur 1’Accord-cadre solennellement à Addis-Abeba atteste pour ainsi dire la reconnaissance de l’aliénation du privilège particulier en cas de dialogue.
New York dispose des leviers…
Le Conseil de sécurité vient de renouveler pour la nième fois le mandat de la Monusco de mars 2015 à mars 2016, et consenti d’autorité à réduire le nombre des Casques bleus de 10 % cette année, soit â 2.000 hommes, alors que Kinshasa exigeait le départ des troupes de l’ONU du territoire congolais ou leur diminution de 30 %, soit 6.000 hommes.
New York précise que la diminution de 2.000 unités se fera progressivement en fonction de l’évolution de la situation en RDC au point de vue de la sécurité, des droits de l’homme et de la démocratie.
Force est de constater que l’ONU a fait (Conseil de sécurité) bon marché des exigences du gouvernement congolais, ne s’en tenant qu’à son propre schéma ou agenda pour la RDC.
Il y a lieu de s’en rendre compte quand on met en balance les arguments développés d’un côté par Raymond Tsuibanda, et de l’autre par Martin Kobler à la tribune de l’ONU. C’était à New York une ¿joute oratoire à fleurets mouchetés, à l’issue de laquelle la balance a penché du côté du représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU.
Tout cela montre que le Conseil de sécurité dispose des leviers qu’il faut pour amener le pouvoir, 1*opposition et la société civile en RDC autour d’une table de négociation. Il n’y a aucun camp qui peut lui tenir tête.
Le dialogue est incontournable
A moins que la nébuleuse qu’on appelle vaguement communauté internationale » ne joue, selon les circonstances de temps et de lieu, le rôle tantôt de pyromane, tantôt de sapeur-pompier, on observe que le Conseil de sécurité semble avoir relégué au-placard le dialogue préconisé dans l’Accord-cadre d’Addis-Abeba dont il était lui-même l’inspirateur. Il n’en parle plus d’une manière ou d’une autre quand il s’agit de la situation en RDC.
Il condamne le cas échéant les violations des droits de l’homme et les actes d’insécurité qui sont commis; évoque la traque des FDLR et dénonce des généraux chargés des opérations parce que accusés de violations des droits de l’homme dans les rapports d’experts de l’ONU; décide d’autorité du renouvellement du mandat de la Monusco et de la réduction de ses effectifs militaires sur le terrain; recommande le respect de la Constitution et les élections apaisées; exige un calendrier électoral global etc… Mais plus question du fameux dialogue! Comment peut-on rêver d’élections apaisées, démocratiques et transparentes dans un pays où le climat politique et social est tout pourri au vu et au de tout le monde, sans qu’on ait d’abord songé
Assainir ce climat? A ce compte-là, les élections ne seraient pas moins pires que celles précédentes de 2006 et 2011. Voilà pourquoi le dialogue devient incontournable pour déblayer le terrain baliser le chemin remettre les pendules à l’heure en RDC.
Par Jean N’Saka wa N’Saka/ Journaliste indépendant