Le changement climatique risque d'anéantir 50 ans d'aide au développement

Vendredi 26 juin 2015 - 04:25

Le changement climatique menace sérieusement d'anéantir les dernières 50 années de progrès en matière de santé publique et de développement, selon une étude publiée le 23 juin 2015 par The Lancet.

La revue médicale The Lancet s'est penchée sur l'impact sanitaire du changement climatique. Le résultat de ses recherches est inquiétant.

« Le changement climatique est une urgence médicale. Il est donc nécessaire de réagir d'urgence », estime le co-président de la commission, le professeur Hugh Montgomery, directeur de l'institut pour le comportement et la santé humaine au University College of London (UCL).

« Aucun médecin n'envisagerait qu'une série de discussions annuelles soit un traitement adéquat, pourtant c'est exactement comme ça que la communauté internationale réagit ! ».

Dans les années à venir, le changement climatique accentuera les phénomènes météorologiques extrêmes, en particulier les vagues de chaleurs, les inondations, les sécheresses et les tempêtes, rappelle la commission, formée de scientifiques, ingénieurs, spécialistes des politiques énergétiques, politologues, professionnels de la santé et économistes européens et chinois.

Les coûts sanitaires indirects du changement climatique sont notamment liés à la pollution de l'air, aux changements dans les modèles des maladies infectieuses, l'insécurité alimentaire, la malnutrition, l'immigration involontaire, les déplacements et les conflits.

L'action climatique aurait des retombées positives immédiates dans le secteur de la santé, assurent les auteurs de l'étude. La réduction de la combustion fossile entraine une réduction des maladies respiratoires, tout comme le remplacement des voitures par la marche et le vélo limitent la pollution, l'obésité, les maladies cardiovasculaires et le diabète.

Selon la Commission européenne, la lutte contre le changement climatique devrait avoir des conséquences équivalant à une économie de 38 milliards d'euros par an en 2050 grâce à la baisse de mortalité engendrée par la pollution de l'air.

Un accord international nécessaire

L’étude souligne la nécessité de parvenir à un accord international qui permettrait de faire de la planète une économie à faible intensité de carbone. Cet accord doit en outre garantir la protection de la santé humaine, et ce tout particulièrement dans les pays les plus pauvres, qui seront les plus affectés par le changement climatique.

Des dirigeants du monde entier se rencontreront à Paris en novembre pour tenter de fixer un objectif légalement contraignant pour maintenir le réchauffement climatique en dessous des deux degrés.

« L'argument des avantages sanitaires de l'action climatique devrait être bien plus présent dans les négociations pour un projet climatique ambitieux », estime Génon Jensen, directeur exécutif de l'ONG l'Alliance pour la santé et l'environnement.

« Grâce à ce nouveau rapport, les chefs d'État et de gouvernement qui participeront aux négociations de Paris auront sous la main les preuves nécessaires à l'adoption d'un accord ambitieux, à l’abandon plus rapide des énergies fossiles et à la mise en place d’un plan de décarbonisation qui améliorera la santé de leurs citoyens. »

Les auteurs de l'étude estiment qu'un organe mondial indépendant devrait être formé pour surveiller le changement climatique et son impact sur la santé.

« Le changement climatique pourrait annuler les progrès sanitaires engendrés par le développement économique de ces dernières décennies », souligne quant à lui le professeur Anthony Costello, co-président de la commission de The Lancet et directeur de l'institut pour la santé mondiale à UCL.

« Notre analyse montre clairement que la lutte contre le changement climatique sera également bénéfique à la santé et qu'elle représente en fait l'une des meilleures occasions de faire progresser la santé humaine pour les générations à venir. »

Contexte
Le changement climatique devrait causer 250 000 morts supplémentaires par an entre 2030 et 2050, touchant en premier lieu les pays les plus pauvres, dotés de systèmes de santé fragiles.

Des dirigeants du monde entier se rencontreront à Paris en novembre pour tenter de fixer un objectif légalement contraignant pour maintenir le réchauffement climatique en dessous des deux degrés.

L'article paru dans la célèbre revue médicale The Lancet donne aux dirigeants du monde les preuves nécessaires à un accord ambitieux, qui bénéficiera aussi à la santé publique.

Prochaines étapes

Novembre-décembre 2015 : Conférence sur le changement climatique de l'ONU à Paris (COP21).