La société civile exige la relocalisation et l’indemnisation des bordiers d’Inga

Vendredi 14 août 2015 - 09:30

Le ministre de l’Energie, Matadi Nenga, ne serait pas opposé à la présence d’un représentant de la société civile dans le comité de facilitation des travaux sur le site d’Inga, CFI. La CORAP, Coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes et de l’action publique s’en est félicité. Mais elle recommande d’ores et déjà, l’indemnisation des familles affectées par Inga I et II ainsi que la mise en place d’une réelle politique de relocalisation des bordiers du site d’Inga.
La délocalisation du célèbre Kinshasa est inéluctable en vue de la matérialisation du projet Grand Inga dont Inga III n’est que la première phase.

Le gouvernement, sa commission ECOFIRE particulièrement, n’a jamais abordé cette question, ne l’a jamais effleurée, chaque fois que le dossier Grand Inga ou Inga III est en examen. Et, ce n’est un secret pour personne qu’en matière d’expropriation légale, l’Etat s’est toujours illustré par des pratiques peu recommandables. Ceux qui ont été expropriés dans le cadre de contrat sino-rdcongolais en savent quelque chose…dans la Capitale même. Et Kinshasa, ce camp (des ouvriers TT, tous travaux, qui ont servi de main-d’oeuvre lors de l’érection de la centrale d’Inga I) qui a absorbé des villages environnants le site d’Inga est au cœur de préoccupations de la mouvance de la société civile du Bas-Congo.
Il y a trois ans, ce fut le branle-bas quand la firme allemande VOIT Hydro avait entrepris la réhabilitation des groupes G11 et G15 de Inga II. Pour les populations bordières du site d’Inga, l’arrivée des Allemands était plutôt un signe annonciateur d’un déguerpissement forcé longtemps annoncé.
Cela se sait, la construction d’Inga III, première phase du Grand Inga qui alignera 8 barrages n’irait pas sans évacuation de la population. Cela se sait depuis des lustres. Et à Inga, l’on vit dans le qui-vive.
En avril 2007, l’on se rappelle, le commissaire local avait donné un ultimatum de 3 mois aux habitants de Camp Kinshasa de vider le lieu. Mais un pasteur Ne kongo, responsable de l’ONG COPECO s’y impliquera et mènera des actions de lobbying et la menace calmit jusqu’en juillet 2009, il y a 6 ans donc, quand, cette fois-ci, la SNEL dans un document distribué aux habitants du Camp laisse entrevoir, d’après l’ONG Counter Balance, la probabilité de recourir à la coercition en cas de résistance de dégager du lieu. Le chercheur Anders Lustgarten de l’ONG Counter Balance avait rencontré en 2009 le représentant légal de 6 clans qui occupent dans la région d’Inga avant même la construction des centrales I et II. Il exhibe à qui veut des documents juridiques, des requêtes, des plaintes et des réclamations relatifs au déplacement de sa population du site d’Inga en 1958 du temps où les projets étaient pilotés par des Belges. Le rteprésentant légal dispose également d’une pile des documents détaillants les montants compensatoires -convenus entre les colons et les six clans- qui n’ont jamais été versés. Mais la Banque mondiale soutient tout le contraire dans ses « documents projets » et prétend que « la population qui avait les droits d’usage de la terre lorsque furent construits les barrages d’Inga I et II ont reçu une compensation adéquate ». Et par conséquent, « il n’y a pas d’héritage social». Pour la Société nationale de l’électricité, SNEL, la population d’Inga est partie d’elle-même sous la pression d’une mouche agressive.
Par ailleurs, la Banque mondiale a octroyé courant 2012, une enveloppe de 900 dollars à chaque foyer vivant sur le Camp Kinshasa, un village créé par d’anciens ouvriers r-dcongolais commis à la construction de la centrale d’Inga II. Camp Kinshasa se trouverait dans une zone que devraient engloutir les projets Inga III et du Grand Inga. Déjà des équipes d’une société allemande spécialisée dans le domaine de l’énergie, VOIT Hydro se trouvaient dans la région. Voilà qui a mobilisé la mouvance de la société civile du Bas-Congo qui a crie à une indemnisation de complaisance avant l’expropriation et la délocalisation de plus de 10.000 personnes. La BM indiquera cependant que l’enveloppe de 900 dollars distribuée aux foyers du Camp Kinshasa rentre dans le cadre d’un projet de fonds social. « Ça n’à rien avoir avec Inga ou une quelconque indemnisation », avait soutenu un responsable de la Banque mondiale.
POLD LEVI