LA REGIDESO A BESOIN DE PLUS D’UN MILLIARD US POUR SON PROGRAMME D’INVESTISSEMENT

Mercredi 8 juillet 2015 - 05:54

Pour réussir la réforme, les participants invitent l’Etat à payer ses factures
de consommation d’eau.
L’étude sur l’évolution institutionnelle de la REGIDESO livre ses secrets. Charles Tribèche, le consultant recruté par le Comité de pilotage de la réforme des entreprises du portefeuille de l’Etat (Copirep) pour conduire ce travail a rendu son rapport. Pour en débattre, le Copirep a réuni hier mardi 7 juillet, en atelier, toutes les parties prenantes du secteur de l’eau afin de bâtir un consensus sur les conclusions et les suggestions de ce rapport. Il s’agit des services publics de l’Etat, les établissements publics, les partenaires au développement, du secteur privé, de la société civile, de la Regideso et les représentants de ses travailleurs.

Selon le secrétaire exécutif a.i du Copirep, Alex Nkusu, cet atelier est une revue du processus engagé par le gouvernement devant conduire à la restructuration de la Regideso pour améliorer les performances opérationnelles et financières du secteur de l’eau en milieu urbain. Sous l’autorité de Mme la ministre du Portefeuille, Louise Munga, le Copirep avait recruté un consultant pour mener cette revue et faire les suggestions utiles afin d’assurer le succès du processus entamé.
L’expert a présenté les objectifs de la stratégie de redressement de la Regideso lesquels sont : atteinte de l’équilibre financier de l’entreprise, amélioration de la qualité dans les 6 centres, amélioration de la gestion et extension de la desserte.
Deux phases, explique-t-il, sont prévues à cet effet. De 2012 à 2017, réalisation des préliminaires de stabilisation et de redressement, à savoir l’exécution d’un contrat de performance, d’un contrat de service et d’un programme d’investissement.
A partir de 2015, restructuration en profondeur, création d’une société de patrimoine, décentralisation de l’exploitation et octroi des concessions à des sociétés fermières publiques ou privées.
Il ressort de cette première présentation, qu’aucun des indicateurs importants du secteur n’a été amélioré depuis 2006. De sorte que les objectifs de la première phase de restructuration n’ont pas été atteints. Le consultant trouve quatre causes à ce constat d’échec : le retard dans la mise en œuvre de la réforme, la volonté de réforme insuffisante de l’Etat et la Regideso, l’investissement trop faible et l’application trop parcellaire du contrat de performance.

PERSPECTIVE DE LA RESTRUCTURATION DE LA REGIDESO
Charles Tribèche explique que quatre objectifs ont été fixés à la poursuite de la restructuration de la Regideso. Notamment l’amélioration des services fournis aux usagers, le maintien de l’équilibre financier du secteur, l’accroissement de la contribution du privé à l’exploitation, et la décentralisation de l’exploitation. La présentation de l’expert se termine sur une série de questions que l’auditoire a convenu de développer. Faut-il créer une société de patrimoine nationale en charge des investissements dans les services publics d’eau afin de permettre la mise en œuvre du contrat d’exploitation de type à fermage ? La formule du contrat de gestion est-elle la forme de partenariat public-privé la mieux adaptée à la poursuite de la restructuration de la Regideso ou faut-il lui préférer celle d’un nouveau contrat de service…
Il a également été question du programme d’investissement de la Regideso, établi en horizon de 20 ans. Trois catégories de centres sont retenues : les centres en activités, les centres en zones de conflits et ceux à l’arrêt. L’objectif principal du programme d’investissement est de satisfaire les besoins en eau potable de la population. Les résultats attendus sont le redémarrage des centres à l’arrêt, l’accès adéquat à l’eau. Et le coût de ces investissements est estimé à 1.347.000 de dollars.

78 MILLIONS US DE DETTE DE L’ETAT
On retiendra de cet atelier de Kinshasa, la volonté de tous les participants d’améliorer la performance de la Regideso pour aller vers un service d’eau en qualité et en quantité pour les populations de la RDC.
La Banque mondiale a réaffirmé sa volonté de continuer à accompagner ce secteur " si les autorités en définissent clairement les orientations et objectifs à atteindre et affichent une volonté réelle d’engager les réformes indispensables y associées ", a affirmé Madio Fall.
Jean Bosco Muaka, secrétaire général du syndicat national des travailleurs de la Regideso, est sceptique quant à la réforme en cours. Pour lui, un des partenaires, l’Etat, ne remplit pas sa part de contrat. "La réforme de la Régideso ne peut pas aboutir tant que l’Etat ne paye pas les consommations des instances officielles. L’Etat congolais, de janvier 2012 à ce jour doit à la Regideso 78 millions de dollars", révèle Jean Bosco Muaka. " Le secteur de l’eau demande beaucoup d’argent. On doit faire un effort pour comprendre que le prix de l’eau c’est celui d’un produit et d’un service rendu qui vaut la peine d’être payé. Nous demandons au gouvernement de soutenir la réforme de la Regideso par le paiement des factures des administrations… ", plaide-t-il finalement. Muaka pointe également du doigt les entités décentralisées, notamment les communes, les mairies, les gouvernorats qui ne payent pas non plus leurs consommations d’eau.
" Nous pensons que pour la réforme de la Regideso, il faut des moyens.. Et si l’Etat ne bouge pas, n’envoie pas de signaux clairs à la réforme, nous n’irons pas de l’avant ", affirme le syndicaliste en chef Muaka.
En attendant, Alex Nkusu indique qu’une " note va être préparée et adressée au Gouvernement avec chaque étape du processus, une sorte de feuille de route établie pour pouvoir nous amener à bon port. " La ministre du Portefeuille a saisi cette occasion pour remercier tous les partenaires du Gouvernement qui apportent un appui technique et financier à la REGIDESO pour permettre son redressement sur le plan technique, opérationnel et financier. Didier KEBONGO

 

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