LA RDC RENOUE AVEC L’ÈRE DE LA TRANSITION DE MOBUTU

Vendredi 23 janvier 2015 - 14:53

* Sauf qu’en lieu et place d’une solution politique, c’est l’option judiciaire qui est mise en avant.
La RDC a vécu, du lundi à mercredi dernier, des moments tout aussi inattendus qu’inquiétants. Des scènes de pillages qui rappellent les années de la transition du maréchal Mobutu. C’était inattendu parce que plus personne ne s’attendait à ce que des jeunes se lèvent de manière spontanée pour profiter d’un appel de l’Opposition pour se livrer à des actes de vandalisme. De quoi faire douter ceux qui criaient à tue-tête que la RDC n’était pas le Burkina Faso. Pour des raisons d’enquête, trois cents jeunes ont été arrêtés par les forces de l’ordre dans la capitale congolaise. Mais, pour nombre d’observateurs, la RDC renoue avec l’ère de la transition mobutienne et, si rien de concret n’est fait pour arrêter la machine, ce qui s’est passé risque d’être seulement le début du commencement.

UNE OPTION JUDICIAIRE A LA PLACE D’UNE SOLUTION POLITIQUE

300 jeunes ont été arrêtés à la suite des actes de vandalisme enregistrés lundi et mardi derniers. Ils seront déférés devant la justice pour qu’à la suite du procès, les coupables soient transférés en prison. Tout à fait normal dans un pays où la loi existe. 
Mais, la démarche ne risque pas de s’arrêter en si bon chemin lorsqu’on sait que les auteurs intellectuels et matériels seront, eux aussi, poursuivis. Voilà qui pourrait ouvrir la voie à l’arrestation de certains opposants aussi. 
Du coup, la réponse politique à laquelle certains observateurs pensent, à savoir un dialogue politique entre la Majorité présidentielle et l’Opposition politique devant accoucher d’un compromis, ne soit pas au rendez-vous. Et que cela contribue plus à envenimer la situation qu’à la calmer au moment où on s’approche de l’an 2016. 
Pourtant, des voies s’élèvent de plus en plus, en RDC comme dans la communauté internationale, pour réclamer un consensus autour du processus électoral avec un calendrier global comprenant aussi bien les élections locales, municipales et autres que les scrutins législatifs et présidentiel. 
En fait, c’est une réponse politique qui est souhaitée en lieu et place de l’option judiciaire envisagée par le Gouvernement pour dissuader tous ceux qui seraient tentés de rééditer l’exploit des pillages et autres actes de vandalisme observés jusque-là à Kinshasa et ailleurs. Surtout que ce qui passe actuellement rappelle les évènements déjà enregistrés durant la transition dirigée par le maréchal Mobutu comme pour dire que l’histoire n’est qu’un éternel recommencement. De quoi s’instruire. 
SOUS LA TRANSITION DE MOBUTU, LA SOLUTION ETAIT POLITIQUE
Lors de la transition, plus précisément en 1991, tout avait aussi commencé par la protestation des partis de l’Opposition - à l’époque Union sacrée de l’Opposition radicale – face au refus du pouvoir de céder à la tenue de la Conférence nationale souveraine réclamée. Cela fut suivi par des scènes de pillages le 22 et 23 septembre où plusieurs sociétés ou entreprises furent pillées. 
Pour calmer la tempête, le maréchal Mobutu convoqua la rencontre dite du Palais de marbre 1 entre Mobutu et ses proches et quelques leaders de l’Opposition (Etienne Tshisekedi, Frédéric Kibassa, Joseph Ileo et Jean Nguz a Kar-i-Bond). C’était le 29 et 30 septembre. A l’issue de cette rencontre, le Gouvernement de la République fut accordé avec, comme Premier ministre, le leader de l’UDPS, Etienne Tshisekedi. 
Voilà qui avait ouvert la voie à un climat apaisé et à l’ouverture proprement dite des travaux de la Conférence nationale. La deuxième version des pillages se réalisa en 1993. Car, après la révocation du Premier ministre élu en août 1992 à la Conférence nationale souveraine, Etienne Tshisekedi, à la suite de la démonétisation de la monnaie proclamée du haut de la tribune du grand forum national, la crise politique répartit de plus belle et le maréchal le remplaça par un de ses anciens proches, Faustin Birindwa. 
Et, contrairement aux pillages de 1991 qui s’étaient simplement limités aux opérateurs économiques, cette fois-ci, les particuliers furent visités dans leurs domiciles. Pour décrisper la situation, les Concertations politiques du Palais du peuple eurent lieu en fin 1993 à début 1994.

EN PREVISION DE L’AN 2016, MIEUX VAUT UN COMPROMIS POLITIQUE La révision de la loi électorale, dans la tête de plusieurs compatriotes, ne constitue qu’un raccourci de la révision constitutionnelle redoutée parce qu’elle risque d’ouvrir la voie au glissement du calendrier électoral. 
Si, jusque-là, cette perception n’était redoutée que par l’Opposition, maintenant cette crainte taraude l’esprit d’une bonne partie tant dans la capitale congolaise qu’en provinces. Et c’est là que cela devient un problème pour la nation. 
Et c’est là que nombre d’observateurs tant nationaux qu’internationaux proposent la tenue d’un dialogue devant donner lieu à un compromis politique afin qu’un consensus permette de régler la question en lieu et place d’un coup de force politique. Ce qui permettrait d’avoir un climat apaisé pour que les échéances électorales se déroulent de manière pacifique.
Ce dialogue, poursuivent les observateurs, pourra également aider, si besoin en était, d’avoir une transition qui pourrait même aller au-delà de 2016. Dans ce cas, il faudra déterminer la durée de la transition, accorder les violons sur le calendrier électoral et sur les règles du jeu électoral de manière consensuelle … bref éviter tout ce qui conduit à la surchauffe politique. 
De cette manière, l’accalmie étant décrétée par les acteurs politiques, les partisans des actes de vandalisme manqueront ainsi le prétexte attendu. Sinon, redoutent, les observateurs, les incidents déplorés pourraient un jour ouvrir la voie à un cycle infernal de violence en plantant un décor dangereux pour la suite des évènements en prévision de l’an 2016. Or, si l’an 2015 doit être la préfiguration de l’an 2016, c’est maintenant qu’il importe de prendre des dispositions. 

L’UDPS ENTRE DANS LA DANSE

A la suite du révirement de son leader par rapport à l’option dialogue, l’UDPS en appelle à son tour à des manifestations pacifiques ce lundi 25 janvier. Depuis Bruxelles où il se trouve, Etienne Tshisekedi décrète ce qu’il appelle la mobilisation générale de tous les Congolais pour un changement de régime. L’UDPS invite aussi toutes les forces politiques et sociales qui soutiennent son combat à s’unir. Comme on le voit, la RDC est au seuil du remake des années 90. M. M.

 

Bannière 1xBet Catfish