L'armée de la République démocratique du Congo (RDC) a "engagé" une offensive contre les rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), qui sévissent depuis 20 ans dans l'est du pays, a assuré samedi le ministre congolais des Affaires étrangères.
"L’action est engagée et elle ne va pas s’arrêter tant que nous n'aurons pas neutralisé ces forces négatives", a affirmé à l'AFP Raymond Tshibanda à Addis Abeba, à l'issue d'une réunion sur les Grands Lacs organisée en marge d'un sommet de l'Union africaine (UA).
"La détermination du gouvernement est telle qu’il n’y aura pas de répit tant que nous n’en aurons pas fini avec ce groupe", a ajouté le ministre. Après des semaines de pressions internationales, la RDC a annoncé jeudi le lancement d'une offensive contre ces miliciens, dont plusieurs chefs sont accusés d'avoir pris une part active au génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda. Offensive menée sans la force de l'ONU dans le pays (Monusco).
Le commissaire à la paix et la sécurité de l'UA, Smaïl Chergui, s'est félicité samedi de cette annonce, estimant que les FDLR continuaient de "recruter" des combattants. La RDC a également reçu le soutien du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, qui a "salué le recours à la force militaire contre les FDLR" et assuré que la Monusco "se tient prête à participer à ces opérations" pour "éliminer la menace posée par les FDLR une fois pour toutes".
Le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, a de son côté envisagé une intervention des hélicoptères et des drones de surveillance de la Monusco en appui de l'armée congolaise. Mais il a averti que "la neutralisation des FDLR ne se fera pas en une semaine".
"Il s'agit de gens qui sont complètement éparpillés, diffus dans la population", a-t-il expliqué à l'AFP. "Ce n'est pas une force militaire compacte (...) Nous sommes au niveau de la recherche de fourmis dans une meule de foin. Ca va prendre du temps."
Plusieurs observateurs et diplomates doutent cependant sérieusement de la volonté de Kinshasa de combattre réellement les rebelles hutu. Le fait que l'opération ait été annoncée à la veille du sommet de l'UA fait même dire à certains qu'elle relève certainement plus du "show" que d'une réelle offensive.
Et sur le terrain, rien ne semble encore se passer. "Je n’ai pas été informé de la moindre chose", a déclaré samedi un officier européen en poste à Kinshasa. Selon lui, certains camps d'entraînement des FDLR n'existent effectivement plus, mais "c'est parce que beaucoup de combattants les ont évacués" afin de "se fondre dans la population locale" avant ou après la fin de l'ultimatum du 2 janvier qui leur avait été donné pour rendre les armes.
Les rebelles, qui compteraient aujourd'hui 1.500 à 2.000 combattants disséminés dans les montagnes boisées de l'est congolais, sont toujours considérés par Kigali comme la "menace la plus grave" à la sécurité régionale.
Mais Kinshasa est soupçonnée de rechigner à désarmer complètement des combattants qui ont pu parfois prêter main forte aux forces armées congolaises pour lutter contre des rébellions soutenues par le Rwanda.