Le porte-parole des combattants hutus rwandais est d’avis que « des personnes responsables ne vont pas oser les attaquer et les tuer car ils sont déjà désarmés » au 02 janvier 2015, date-butoir de l’ultimatum accordé aux FDLR par la CIRGL et la SADC pour « désarmer volontairement ».
« Je ne comprends pas pourquoi la communauté internationale demande tout aux FDLR mais presque rien au régime de Kigali. Lancer des opérations militaires contre les FDLR, c'est tuer des innocents », a déclaré La Forge Fils Bazeye dans un entretien à Radio Kivu 1 le week-end dernier.
Il a affirmé que « les FDLR n'ont pas peur à cet effet et sont prêtes pour démontrer que l'on va attaquer des personnes désarmées qui ne font que réclamer un dialogue inter-rwandais et demander au président Paul Kagame d'ouvrir les portes du Rwanda ».
La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL) avaient accordé un délai de six mois (qui a pris fin vendredi 2 janvier) aux FDLR pour désarmer volontairement.
« Malgré les appels lancés aux FDLR depuis 7 mois rien que 26 pour cent d’effectif de ces combattants hutus rwandais ont désarmé », a déploré le gouvernement congolais le vendredi 02 janvier 2015 avant d’annoncer que « l’option militaire contre les FDLR qui n’ont pas désarmé est inévitable ».
« Toutes lies dispositions militaires opérationnelles ont déjà et seront prises », a affirmé le ministre de la Justice, Alexis Tambwe Mwamba, qui a lu la Déclaration du gouvernement sur la chaine publique, la RTNC.
Plusieurs dépendants de FDLR devront arriver bientôt à Kanyabonga
Radio Kivu 1, émettant à partir de Goma, signale quelques lieux de la province du Nord-Kivu (Est de la RDC) où sont les dépendants (femmes et enfants des FDLR) : « 6 partiront de la ville de Goma, 3 de Ngungu, 5 de Lushebere, 5 de Machumbi, 2 de Mweso, 25 de Kateku, 12 de Lusoa, 61 de Rusamambu, 3 de Kikuku ».
En tout, sur 6 axes du Nord-Kivu, 280 femmes et enfants partiront de tous les territoires en y ajoutant les 44 qui sont déjà dans le centre de regroupement de Kanyabayonga.
Le chef de la cité de Kanyabayonga (où sont regroupés les derniers 83 FDLR qui ont quitté Buleusa dans le territoire de Walikale, le dimanche 28 décembre 2014), Eugide Karasisi Siberemundu, avait dit « attendre ce qui va se passer à partir du 2 janvier 2015 ».
« Plusieurs mécanismes sont déjà mis en place »
Interrogé par Radio Kivu 1 sur le sort des civils quand les opérations militaires seront lancées, le Représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’Onu et coordonnateur des activités humanitaires en RDC, Moustapha Soumaré, a déclaré que « des mécanismes ont été mis en place pour accompagner ce processus ».
« Comme vous le savez, sous le leadership d’Ocha, le Bureau de coordination des actions humanitaires, la communauté humanitaire, qui est présent à l’Est, a déjà mis en place plusieurs mécanismes pour pouvoir accompagner ce processus-là », a-t-il dévoilé.
Il a souligné qu’« il y a un plan de contingence qui a été préparé, qui a été discuté et qui va certainement être mis en œuvre ».
« Et nous avons aussi validé le dernier document des lignes directrices sur les relations entre civils et militaires, qui va faire un peu comment les civils peuvent travailler avec les militaires dans ce genre d’actions », a assuré Moustapha Soumaré.
Il a promis de suivre « de près » toutes les questions relatives à l’accès des humanitaires aux populations affectées par l’insécurité.
De son côté, le président de la mutuelle des ressortissants de Lubero au Nord-Kivu, Donatien Mangane Kibulutwa, a insisté sur le fait qu’« il faut que ça (ultimatum) soit réellement la fin, qu’on y ajoute même pas une seconde », a-t-il affirmé.
« Ce sont de petites personnes qui se rendent et ça ne rassure pas. Une centaine sur 1 500 ou 2 000, ça ne représente rien du tout. Ceux qui se sont rendus, ce n’est qu’une petite partie des FDLR. Vous savez que ça pouvait rassurer s’il y avait dans le groupe un colonel par exemple, comme le colonel Kizito. Il reste à Buleusa où les troupes se sont rendues. Le colonel Mushale qui est non loin de là », a déploré Donatien Mangane.
Donatien Mangane estime que ces rebelles des FDLR représentent toujours une menace pour la population.
« Nous pensons que les menaces continuent. Pour le mois de décembre (2014), nous avons inventorié 10 (cas d'exactions contre la population) mais, dans l’ensemble depuis qu’ils sont là-bas, on a déjà inventorié 2 731 personnes tuées», a-t-il précisé.
Le président de la mutuelle des ressortissants de Lubero Sud demande également à la Monusco et aux FARDC de « tout faire pour retrouver les personnes récemment kidnappées par ces FDLR ».