Intervenue suite à l’appel des autorités sanitaires pour répondre à une flambée de paludisme en mai 2016, MSF quitte le 20 août les zones de santé de Pawa et Boma-Mangbetu où l’urgence est passée. En trois mois, les équipes de l’organisation, en collaboration avec les équipes du ministère de la Santé ont pris en charge près de 82 000 personnes atteintes de paludisme dont une majorité d’enfants de moins de 5 ans. Parmi elles, près de 3 000 souffraient d’une forme sévère de la maladie et ont dû être hospitalisées et 1 100 transfusions sanguines ont été réalisées.
« Le système d’alerte a bien fonctionné et les bureaux centraux de Pawa et de Boma Mangbetu ont commencé à s’inquiéter de l’augmentation des cas de paludisme en décembre déjà. En mars, lorsque la courbe épidémiologique est montée en flèche, ils sont revenus auprès du Département Provincial de la Santé d’Isiro qui nous a contacté, » explique Ahmad Samro, chef de mission pour MSF en RDC. « L’alerte a été donné en temps voulu mais la réponse à l’urgence a tardé et nous sommes intervenus pour leur prêter main forte. Le problème majeur que nous avons rencontré était celui de l’approvisionnement en médicaments. »
En effet, selon le constat des équipes MSF sur le terrain, cette hausse importante de cas a occasionné une rupture totale des intrants au niveau des postes de santé et des sites de soins communautaires à Pawa et Boma Mangbetu à partir de janvier 2016, puis au niveau des centres de santé à partir de fin février. Malgré l’alerte précoce, les autorités sanitaires ont été dans l’incapacité d’acheminer en urgence et en quantité suffisante les médicaments nécessaires au traitement du paludisme pourtant disponibles dans les centres de santé de la zone. Sans traitement, les cas de paludisme sévère se sont multipliés, les hôpitaux se sont retrouvés débordés et le nombre de décès a augmenté.
« Pour diminuer la surmortalité lors d’une flambée exceptionnelle comme celle que nous avons rencontré à Pawa et Boma-Mangbetu, deux mesures doivent être prises en priorité, » continue Ahmad Samro. « Il faut, tout d’abord, disponibiliser des médicaments au plus proche de la population qui n’a souvent pas les moyens de se déplacer dans les hôpitaux ou les centres de santé de référence. Et il faut aussi leur garantir la gratuité des soins ».
Ainsi, dès son arrivée, MSF a approvisionné en médicaments les 32 centres que comptent les deux zones de santé et a secondé les équipes des hôpitaux de Pawa et de Boma-Mangbetu, ainsi que celle du centre de santé de Babondé, où le paludisme a été pris en charge gratuitement tout au long de la flambée. A Dingila, dans le Bas-Uélé, également touché par une flambée de paludisme, les équipes MSF ont également appuyé le système de santé en intrants et formation.
« MSF ne peut que répéter l’importance de la réactivité et de la flexibilité de tous les acteurs lors d’une flambée de paludisme. A Pawa et Boma-Mangbetu, nos équipes ont trouvé en place un système de santé qui fonctionne, des structures qui comptent du personnel formé qui a su détecter de façon précoce cette flambée. Si des mesures avaient été mises en place dès que le seuil d’alerte a été atteint, la mortalité aurait pu être contrôlée même sans l’intervention de MSF », conclut Ahmad Samro.
Depuis 1981, MSF œuvre en RDC, fournissant des soins de santé gratuitement aux populations en détresse. L’organisation médicale d’urgence œuvre en toute neutralité, impartialité et indépendance, soignant les populations en détresse quels que soient leur religion, origine ethnique ou appartenance politique.
Francine Kongolo Sambahi
Rédactrice Communication Opérationnelle, RDC
Médecins Sans Frontières
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