La contestation estudiantine a touché hier l’ISAU et l’ABA

Jeudi 19 novembre 2015 - 14:30

La journée d’hier mercredi 18 novembre 2015 a connu tôt le matin, une forte perturbation des cours dans deux établissements de l’enseignement supérieur et universitaire, notamment l’Institut Supérieur d’Architecture et d’Urbanisme et l’Académie des Beaux-arts. Des groupes d’étudiants auxquels se sont joints des bandes de marginaux de la commune de Lingwala, s’étaient amassés en face de ces deux instituts, fulminant de rage. Dans un mouvement spontané, ils vont déferler sur la chaussée en y érigeant des barricades avec des briques. Il ne restait plus qu’à brûler des pneus usés.

La circulation routière aussitôt perturbée de part et d’autre de l’avenue 24 novembre, les chauffeurs des véhicules en commun et privés ont par crainte des actes de vandalisme, dû faire demi-tour, créant des embouteillages monstres aux croisements des avenues Itaga et 24 novembre, ainsi que Kalembelembe et 24 novembre.

Vers 11 H 30’, des jeeps de la police provinciale ont débarqué sur le lieu,  des éléments du Groupement mobile d’intervention – Ouest, ainsi que ceux de la Légion nationale d’intervention venus en renforts, avec deux missions principales : évacuer ces étudiants, débarrasser la chaussée de toutes les barricades et interpeller les meneurs.

Les étudiants ont pris la poudre d’escampette. Si les uns sont allés se réfugier dans l’enceinte de l’Académie des Beaux-Arts, les autres sont allés s’entasser sur les avenues Luiza et Mweka. Ceux postés au portail de l’Institut Supérieur d’Architecture et d’Urbanisme, opposés à leur évacuation manu militari, parce que disaient-ils, ils étaient dans leur établissements, ont résisté aux injonctions des policiers. Ce qui a énervé ces derniers. Quelques actes de brutalité sur des étudiants ont alors été enregistrés, poussant leurs condisciples à lancer des projectiles sur des policiers en guise de protestation aux fortes méthodes policières. Des escouades de policiers ont pris en chasse étudiants, marginaux et piétons qui s’étaient engouffrés en courant sur les avenues Luiza et Mweka, lançant des grenades lacrymogènes même dans certaines parcelles riveraines. Des nuages de gaz se sont répandus dans le secteur, arrachant des larmes aux victimes.

Ces échauffourées ont dégénéré en un vaste mouvement de protestation qui a perturbé les enseignements jusque 16 heures. Et comme si cela ne suffisait pas, une équipe d’éléments de GMI-Ouest s’est chargée de chasser tous les vendeurs de coins de rue dans le cadre de l’opération assainissement. De l’avenue Itaga jusqu’au Home Assanef, ils brutalisaient les commerçants ambulants.

          Abordés, quelques manifestants ont laissé entendre qu’ils protestaient en signe de solidarité avec leurs condisciples de l’INBTP affectés et révoltés par une prétendue majoration des frais académiques.

Le déficit de communication nourrit des malentendus

          Alors qu’on croyait fini le mouvement de protestation des étudiants qui a débuté le lundi 16 novembre 2015, à l’Institut National des Bâtiments et Travaux publics de Ngaliema, avec l’entretien qu’une délégation de ces étudiants a eu le même jour, avec le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire. Surtout que Théophile Bemba Fundu qui avait tôt pris l’ampleur de cette contestation, en consultant les responsables de l’INBTP pour recueillir un autre son de cloche, s’est fait une idée exacte des causes réelles à l’origine des troubles dans cet établissement d’enseignement supérieur et universitaire. Voilà que les faits contredisent le compromis trouvé entre le ministre de l’ESU, la coordination des étudiants et la délégation des membres du comité de gestion de l’INBTP.

          Le compromis était-il de façade ou réel ? Qu’est-ce qui a provoqué la contagion du mouvement de contestation estudiantine de l’INBTP à l’ISAU et à l’ABA ? Est-ce que les étudiants  de ces deux établissements d’enseignement supérieur et universitaire, comme tant d’autres, ont-ils reçu la bonne information sur le terrain d’entente trouvé entre le ministre et les étudiants ?

S’il y a eu déficit de communication, qui pourrait en être condamné pour n’avoir pas fait son travail ou pour l’avoir mal fait ?

          De ces incidents, on peut retenir que le problème qui oppose les étudiants et les membres du comité de gestion est celui du délogement sur le site du campus. Le ministre de l’ESU qui s’était exprimé à la presse, s’est dit opposé à toute majoration, aussi bien des frais académiques que des frais de loyer. Tout doit rester en l’état comme l’année dernière. Il a promis d’autre part, en tant qu’autorité de tutelle, de trouver une solution au casse-tête du logement des étudiants. Cette promesse dont on ignore quand et comment elle sera honorée, a toutefois mis du baume dans les cœurs de certains étudiants.

          Nous espérons qu’à la lumière de ces premiers incidents dans quelques établissements d’enseignement supérieur et universitaire, le ministre de l’ESU pourra convoquer une réunion avec les responsables des écoles supérieures, pour non seulement interdire toute majoration des frais académiques en cours de l’année académique, le déclenchement de l’opération délogement des étudiants dans les homes, mais aussi les inviter à préserver un bon climat social en organisant des cours et des examens, en respectant le programme des activités de chaque année académique.                                       J.R.T.   

 

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