Les électeurs des communes de Lemba, Limete, Matete, Makala, Ngaba et Kisenso, qui ont perdu leurs cartes d’électeurs, ne savent à quel saint se vouer. Impuissants, plusieurs requérants ont du mal à digérer la lenteur avec laquelle la Commission électorale nationale indépendante (CENI) délivre les duplicatas des cartes d’électeurs. Un véritable calvaire.
Depuis le mois de novembre dernier, la CENI avait décidé de délivrer les duplicatas des cartes d’électeurs aux Congolais qui ont perdu ce sésame qui tient lieu de pièce d’identité. Ce, moyennant un Procès verbal (PV) de perte de pièce, délivré par l’autorité locale ou municipale du lieu d’enrôlement de la personne concernée.
A Kinshasa, la CENI avait sélectionné certains sites, notamment la maison communale de Lemba où les Kinois de six communes de la capitale, à savoir Lemba, Matete, Limete, Makala, Ngaba et Kisenso, devraient retirer leurs duplicatas des cartes d’électeurs. Malheureusement, cette opération est devenue, aux yeux des requérants, un véritable calvaire.
PLAINTES DES REQUERANTS
Lors de notre passage le lundi 12 janvier sur ce site de Lemba, la situation que nous avons trouvée sur place laisse à désirer. La majorité d’électeurs n’ont pas, jusque-là, retiré leurs cartes, en dépit de leurs PV. Abordés, quelques-uns d’entre eux ont tenu à délier leurs langues. La plupart déplorent le calvaire qu’ils vivent depuis près d’un mois pour les uns et trois semaines pour les autres.
« Je suis ici depuis le 17 décembre 2014, date à laquelle j’ai déposé mon PV », rapporte un chauffeur de taxi, habitant la commune de Ngaba, qui a requis l’anonymat. « Chaque jour, raconte-t-il, la maison communale de Lemba est devenue mon lieu de ‘‘travail’’. Ce, depuis près de trois semaines. Je ne sais que faire ni que dire. La CENI a mal organisé cette opération. Au lieu de laisser chacun là où il s’est enrôlé, elle s’attèle à nous martyriser, nous qui vivons du jour au jour ».
« Aujourd’hui, clame le conducteur, je suis venu très tôt, dans l’espoir de retirer mon duplicata de carte d’électeur. Mais, quelle déception ! Je ne suis pourtant pas le seul à déplorer cette situation. La majorité des personnes qui se trouvent ici, vont, à leur tour, vous relater ce qu’ils ont vécu depuis que cette opération a débuté ».
TOUS DERRIERE UNE SEULE MACHINE
Pour sa part, Kibakweto Honoré, résident dans la commune de Makala, nous fait part de son ras-le-bol : « Je suis arrivé dans ce site le 29 décembre dernier avec le PV. Chaque jour, j’ai dû abandonner mes occupations quotidiennes pour être présent ici à Lemba. Je me demande toujours quand je vais entrer en possession de ce fameux duplicata. J’estime que c’est une punition que la CENI nous impose. Je suis désolé ! ».
Logée dans la commune de Matete, Mme Mbenza abonde dans le même sens : « C’est depuis le 23 décembre dernier que je suis arrivée avec mon PV de perte de pièce. Mais curieusement, c’est hier lundi 12 janvier que les agents de la CENI m’ont demandé de refaire un autre PV, car celui que j’avais déposé le 24 décembre serait, selon eux, perdu. Avec tout ce temps perdu, je ne sais que faire. Je suis vendeuse des légumes au marché de Matete. Et voici bientôt trois semaines que je fais le pied de grue ici à Lemba. Les personnes qui ont réussi, jusque-là, à retirer leurs duplicatas sont en petit nombre. Il s’agit particulièrement de celles qui sont arrivées dès le début de l’opération. Par contre, la majorité continue à attendre d‘être servie ».
« Moi, je ne sais que dire, enchaîne Mme Kinshiere Onguya, résidente aussi à Matete. Je suis d’avis que les responsables de la CENI n’avaient pas bien réfléchi avant de lancer cette opération. A titre illustratif, est-il possible qu’avec une seule machine, on puisse demander aux Kinois des six communes, qui ont perdu leurs cartes d’électeurs, de se retrouver dans un seul site ? ».
‘‘LE SUIVI’’ POUR LE RETRAIT RAPIDE DU DUPLICATA
Contrairement aux déclarations de la CENI qui rassurait que tout se déroulait comme sur des roulettes, le 10 janvier dernier, jour prévu pour la clôture de l’opération de consultation, on a été surpris de l’entendre autoriser la poursuite de l’opération de délivrance des duplicatas de cartes d’électeurs. En vue de permettre à tous les électeurs d’être en ordre utile pour les prochains scrutins.
« A ce rythme de travail, a soupiré Mme Kinshiere, je ne pense pas que la CENI pourra réellement atteindre ses objectifs. Car, nombreux sont les requérants qui, découragés, ne viennent plus perdre leurs temps pour attendre quand ils vont entrer en possession de leurs duplicatas ».
Une autre méthode sournoise que certains requérants ont adoptée est celle dite de « suivi ». Elle est actionnée pour pouvoir retirer rapidement la carte duplicata. Selon certaines indiscrétions, la méthode « de suivi » consiste, pour les réquérants, à soudoyer discrètement des agents commis au bureau de délivrance desdits duplicatas pour être vite servis.
Comme dans la commune de Lemba, des plaintes analogues fusent aussi de plusieurs autres sites aménagés par la CENI. Les Kinois lésés sont bien d’avis que la Commission électorale les martyrisent. Alfred LUKAMBIL