La Majorité Présidentielle a réussi son pari de procéder au remplacement des animateurs de la CENI dont la loyauté envers le pouvoir n’était plus ni acquise, ni sûre. L’entérinement à l’Assemblée nationale, lundi 16 novembre 2015, de la candidature de Madame Pierrette Mwenze Kisonga, au poste de Questeur de la CENI, aura été le dernier élément du puzzle. La prochaine étape prévoit que son dossier soit transmis, pour investiture, à la Présidence de la République, où se trouvent déjà les dossiers de Corneille Nangaa et Norbert Basengezi, respectivement, Président et Vice-Président de la CENI. Il reste que pour l’Opposition qui exigeait également, sans succès, le remplacement de certains des ses délégués, devenus électrons libres, la recomposition forcée de la CENI s’est soldée par échec, laissant ainsi, derrière celui-ci, un goût amer.
Finalement, l’Assemblée nationale a pris une résolution pour combler le seul poste qui restait encore vacant au Bureau de la CENI. Le choix a été porté sur une femme, originaire de la province du Haut-Katanga, dans le Territoire de Kabongo. Pierrette Mwenze Kisonga, c’est comme cela qu’elle se fait appeler, a fait le Droit à l’Université de Lubumbashi où elle a presté comme assistante. Elle passera à la magistrature debout, pour terminer comme magistrat assis. Son Curriculum vitae a été lu à l’attention de la plénière de l’Assemblée nationale. Il en ressort que Pierrette Mwenze a souvent prêté ses services à des organismes internationaux, le cas de la Cour Pénale Internationale a été évoqué. Elle vient remplacer Chantal Ngoyi Tshite, contrainte à la démission en représailles à sa solidarité envers son parti d’origine, le MSR, qui a basculé vers l’opposition. Maintenant que le Bureau de la CENI affiche complet, tous les animateurs doivent se mettre au travail afin de produire un calendrier électoral réaménagé et réaliste. Le pays navigue à vue, sans boussole, depuis la mise en veilleuse du calendrier électoral global du 12 février dernier, par la Cour Constitutionnelle qui a privilégié les mesures exceptionnelles, dans un arrêt rendu public, le 8 septembre. Peu avant que l’abbé Apollinaire Malumalu ne démissionne de la Présidence du Bureau de la CENI, imité quelques jours plus tard par le Vice-président André Mpungwe, il se disait que trois projets de calendriers électoraux avaient été conçus. Le premier scenario envisageait d’organiser uniquement la présidentielle et les législatives au troisième trimestre 2016. Le deuxième prévoyait de tenir toutes les élections directes, le même jour. Le troisième, enfin, était pour la postposition des locales en 2017. Le G7, mis au parfum, avait plusieurs fois demandé à la CENI de rendre public un calendrier réaménagé, dans le respect des délais constitutionnels. La nouvelle équipe dirigeante de la CENI va entrer en fonctions dans un environnement politique marqué par des divergences nourries entre le pouvoir et l’opposition. Autant dire que les animateurs de la centrale électorale ne bénéficieront pas d’une période de grâce. S’ils veulent gagner la confiance des Congolais, ils devront poser des actes au quotidien qui rassurent toutes les parties prenantes au processus électoral. A moins que l’on attende autant que possible, les conclusions du dialogue politique annoncé. Un dialogue, apprend-on chaque jour, qui viendrait résoudre les questions de financement des élections, de calendrier électoral, ainsi que de la sécurisation du processus électoral. Entre les lignes, certains acteurs de la majorité ne cachent plus leur volonté d’inscrire d’autres sujets beaucoup plus complexes à l’ordre du jour du dialogue. On pense, ici, à toutes les élucubrations mentales sur une éventuelle transition qui serait instituée. D’autres, plus sceptiques, parlent, eux, d’un référendum dont les moyens financiers sont prévus dans le projet de Budget de l’Etat, actuellement en discussion, à l’Assemblée nationale. Au chapitre des réactions, il semble important de souligner la position des évêques membres de la CENCO qui disent oui au dialogue, mais dans le strict respect de la Constitution. Ils ont ouvertement manifesté leur opposition à toute idée d’institution d’une nouvelle transition politique en RDC. Comme on le voit, chacun place ses pions et les avance prudemment. Jusqu’où ira-t-on dans le louvoiement ?
La Pros.