Le go de la campagne de vulgarisation sur les lois portant violences sexuelles et celles basées sur le genre dans les quatre districts de Kinshasa a été donné le vendredi dernier à l’Institut Supérieur Pédagogique (ISP) de la Gombe. Organisée par le ministère du Genre, en collaboration avec le Cadre permanent de concertation de la femme congolaise (CAFCO), cette campagne vise à pousser la communauté à dénoncer toutes formes de violences autour d’elle.
La conseillère en genre et directrice de l’Agence nationale de lutte contre les violences sexuelles faites à la femme et à la jeune fille, (AVIFEM) Jacqueline a lancé les séances de vulgarisation de ces lois. Elle est convaincue que la vulgarisation permettra à la femme de s’approprier ses droits afin de savoir les revendiquer. Il est donc nécessaire de sensibiliser la population aux méfaits des VSBG, si on veut prévenir et éradiquer ce fléau qui fragilise la femme et l’empêche de s’épanouir, a-t-elle martelé.
D’après elle, le MGFE se réjouit de voir le CAFCO rejoindre le cadre de référence de l’AVIFEM en vue de permettre une prise en charge holistique, juridique et judiciaire et psychologique des victimes ainsi que leur réinsertion. Ainsi, le ministère invite les futures femmes et dirigeantes de demain à s’approprier tous les instruments juridiques qui permettent la promotion et la protection des droits humains surtout ceux de femmes pour les réprimer, briser le silence et dénoncer toutes violences d’où qu’elles viennent. Selon la conseillère en genre au ministère du GFE, taire les violences sexuelles , c’est donner une licence aux auteurs et libre cours aux violeurs. Il est donc impérieux de connaître la constitution de la République, précisément les articles qui concernent les droits de l’homme, spécialement les articles liés aux violences sexuelles basées sur le genre (VSBG).
Pour Rose Mutombo, coordonnatrice de CAFCO, cette campagne de vulgarisation des lois existantes sur les violences sexuelles est une occasion pour tout le monde de prendre connaissance effective de l’existence de formes de violences qui sont nuisibles et comportant des conséquences néfastes sur la vie. Et d’indiquer, les objectifs poursuivis par cette campagne sont entre autres, vulgariser les lois auprès des hommes et des femmes, pousser la population à dénoncer les cas de viol, et aussi créer des cellules d’écoute dans la communauté pour que les victimes et les survivantes soient prises en charge.
De son côté, le secrétaire général administratif de l’ISP Gombe Abdoul Nsoko s’est réjoui du fait que son institution soit choisie pour le lancement de la campagne de vulgarisation des lois sur les VSBG à Kinshasa. « Une marque de confiance pour cet établissement d’enseignement supérieur qui compte la majorité de filles », a-t-il soutenu avant d’ajouter, c’est un signal fort en direction de tous les prédateurs reconnu universellement. Que ces discussions soient une contribution importante pour toute la population kinoise afin que les victimes arrivent à dénoncer. Car, le viol est une affaire qui concerne tout le monde ».
INFRACTIONS ET SANCTIONS
Pour être protégé, il faut connaître les lois existantes. Ces lois sont la loi numéro 06/018 du 20 juillet 2006 portant Code pénal et la loi numéro 06/019 du 20 juillet 2006 portant code de procédures pénales congolais. Honorine Boshasanga, juriste de son état, s’est penchée sur les infractions relevant du code pénal congolais. Elle a fait savoir que les VSBG sont les violences les plus étendues, elles n’ont pas de frontières. Elles peuvent être physiques, économiques, etc. Et les actes du viol vont du verbal à la pénétration. Elle a évoqué plusieurs infractions notamment le viol sur mineur, si le viol est commis par l’autorité parentale, le proxénétisme, le harcèlement sexuel et l’attentat à la pudeur dans les articles 165, 168, 171 du code pénal. Les coupables pour toutes ces infractions courent de 3 mois à 20 ans de prison et une amende de 50.000 à 100.000 FC. Tandis que si le viol cause la mort, c’est la servitude pénale à perpétuité pour le coupable, a signifié Honorine Boshasanga.
Me Lisette Mavungu s’est appesantie sur le code des procédures pénales congolais d’où 16 infractions sont retenues. Elle a noté entre autres le mariage précoce, les grossesses forcées, le trafic et exploitations à de fins sexuelles. Parmi les causes de violences sexuelles à travers le pays, il s’agit de la proximité, la prolifération des films pornographiques, les points sexuellement transmissibles ainsi que les dérèglements de conduite. Pour terminer, elle a rappelé à l’auditoire que les violences sexuelles détruisent la famille et affaiblissent la société. Un débat houleux a permis aux uns et aux autres de lever certaines zones d’ombre. Mathy MUSAU