Köbler soutient le film de T. Michel et C. Braeckman sur Dr Mukwege

Jeudi 10 septembre 2015 - 11:08

Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations- Unies en République Démocratique du Congo, Martin Köbler, s’est insurgé contre l’interdiction, par le gouvernement congolais, de la projection du film « L’Homme qui répare les femmes » de Thierry Michel et Colette Braeckman sur la vie et l’œuvre du Dr Mukwege, qui prend en charge les femmes violées à l’hôpital de Panzi de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu. Selon le chef de la Monusco, il s’agit là d’une atteinte inadmissible à la liberté d’expression, laquelle est garantie par la Constitution du pays et les lois internationales.

Cette information a été rapportée par le Directeur de l’information publique de la Monusco, Charles Bambara, au cours de la conférence de presse hebdomadaire des Nations- Unies qu’il a animée hier mercredi 9 septembre 2015 au quartier général de cette institution, dans la commune de Gombe.

A ce sujet, il a précisé que Martin Köbler demande instamment aux autorités congolaises de revenir sur leur décision et de laisser les cinéphiles juger par eux-mêmes de la pertinence des arguments développés dans ce film, pour se faire une idée du drame vécu par des milliers de femmes congolaises violées à l’Est du pays. Le chef de la Monusco soutient que de la même façon les organisations internationales dénoncent les viols de ces femmes, de la même façon elles s’élèvent contre toute tentative de censure qui pourrait empêcher l’effort de sensibilisation des populations contre les viols et autres violences faites aux femmes.

A la question de savoir si cette prise de position de Köbler contre une décision des autorités de la RDC n’enfreignait pas la logique de la Monusco de ne jamais interférer dans les affaires domestiques d’un pays, Charles Bambara a soutenu que l’interdiction de ce film n’est pas une affaire interne, d’autant plus qu’il s’agit nettement d’un empiétement à la liberté d’expression. Puisque cette prérogative est garantie par la Constitution de la RDC, a-t-il mentionné, il revient donc à la Monusco, dans le cadre des accords, de rappeler aux autorités congolaises le respect de la loi fondamentale.

Les FARDC en tête de liste pour les violations des DH au mois d’août 2015

Dans le volet des droits humains, le directeur du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH), José Maria Aranaz, a donné le bilan des cas des violations des droits de l’homme enregistrés durant le mois d’août de cette année, qui se chiffre à un total de 409 cas. Selon le rapport présenté au cours du point de presse d’hier mercredi 10 septembre 2015, des agents étatiques (PNC, FARDC, ANR et autorités administratives) ont été responsables de 216 violations ayant fait 330 victimes. Parmi les agents de l’Etat, a précisé José Maria, ce sont les militaires des Forces Armées de la République Démocratique du Congo qui seraient responsables du nombre le plus élevé de violations des droits de l’homme, à savoir 93 violations ayant fait 168 victimes. Ceux de la PNC seraient, quant à eux, responsables de 90 violations ayant fait 126 victimes.

Toujours au cours de ce mois d’août 2015, le BCNUDH a enregistré 24 violations des droits de l’homme dans le cadre du processus électoral à venir sur l’ensemble du territoire congolais, notamment dans les provinces du Sud-Kivu (9 cas), Nord-Kivu (5 cas), Orientale (3 cas), Kasaï Occidental (2 cas), Kasaï Oriental (2 cas), Maniema (2 cas) et Kinshasa (1 cas). Selon José Maria, les types de violations les plus rapportés sont les atteintes aux droits à la liberté et à la sécurité de la personne (11 cas) et à la liberté d’expression (10 cas). Ce qui porte à 122 le total de violations des droits de l’homme en lien direct avec les élections à venir, enregistrées depuis le 1er janvier 2015.

Les victimes, a mentionné le directeur du BCNUDH, seraient principalement des journalistes (8) et des membres de la société civile (8 aussi). A l’instar du mois précédent (393 violations enregistrées), José Maria a indiqué que son bureau reste vivement préoccupé par les restrictions de la liberté d’expression dans le pays et la sécurité de ceux qui expriment des critiques envers le gouvernement et ses actions.

Il s’inquiète aussi du fait que les auteurs présumés des violations enregistrées pendant le mois d’août sont principalement des agents de l’ANR (9), qui agiraient en dehors de leurs attributions légales.

Myriam Iragi