Kinshasa a frôlé le Burkina

Mardi 13 janvier 2015 - 10:22

La marche pacifique violemment dispersée par la police anti-émeute, quelques députés brutalisés par des sportifs en pleine séance, des coups de sifflet pour empêcher le déroulement de la plénière, avant de quitter la salle des congrès.

La ville de Kinshasa a frôlé, hier lundi 12 janvier 2014, le feuilleton de Burkina Faso qui e conduit au changement brutal de son régime, alors que les députés nationaux Burkinabès tentaient de modifier la Constitution pour permettre à BIaise Compaoré de briguer un troisième mandat.
Hier en effet, l’Assemblée nationale devait examiner et voter le projet de loi modifiant la loi électorale de 2006, déposé par le gouvernement. Une loi qualifiée d’anti-démocratique par l‘Opposition, car elle permet, selon elle, au pouvoir actuel de trôner à la tête du pays jusqU’au-delà de 2016.
Raison pour laquelle, ladite opposition parlementaire a appelé le peuple congolais à l’accompagner dans une marche pacifique, avec comme chute le Palais du peuple. Objectif, empêcher les députés d’examiner et voter cette loi. A l’avant-garde de cette marche, Martin Fayulu, Jean-Claude Vuemba, Franck Diongo, José Makila, Kudura Kasongo, Jean-Claude Muyambo, Mwenze Nkongolo et Samy Badibanga.

Déploiement des forces de sécurité

Dès tôt le matin, un imposant dispositif de sécurité a été déployé sur toutes les artères conduisant vers le Palais du peuple afin d’empêcher les manifestants de contrer toute modification de la loi électorale. Ce qui a rendu le transport en commun très difficile, car les grandes artères étaient barricadées par des agents de l’ordre. Bien des travailleurs, étudiants, élèves et débrouillards ont dû marcher à pied pour se rendre au lieu de travail, à l’université, à l’école ou au marché central.

Contre vents et marrées, la marche a débuté dans une ambiance de psychose.
Arrivés au niveau de l’avenue de l’Enseignement, commune de Kasa-Vubu, certains leaders des partis politiques de l’Opposition ont été brutalisés par des policiers. Obligés de se refugier au siège de l’Unc de Vital Kamerhe, rapportent des sources, ils ont inhalé le gaz lacrymogène leur lancé par des policiers, au point de s’asphyxier.

Téléphones hors services

Plusieurs personnes qui ont tenté de joindre les leaders de l’Opposition qui ont manifesté, n’ont pas réussi à le faire. Bizarrement, tous leurs numéros étaient hors services. Désagrément technique ou perturbations voulues ? A vous de répondre. Toutefois, l’opinion sait que les dirigeants de l’Udps étaient plusieurs fois victimes de ce même désagrément pendant qu’ils organisaient leurs manifestations, il y a de cela quelques années.

Une quinzaine de blessés

Il faut dire que Martin Fayulu et ses militants ont bravé la peur et résisté à la police qui a entamé un combat de corps à corps avec les militants. Le bilan serait d’une quinzaine de blessées dont un journaliste de CCTV, et naturellement, plusieurs arrestations. Aucune perte en vies humaines n’a été signalée.

Martin Fayulu appelle encore les Congolais à descendre encore au Palais du peuple aujourd’hui pour empêcher la révision de la loi électorale.
Débandade au Palais du peuple

Pendant ce temps, la salle des Congrès du Palais du peuple était toujours fermée. Aucune disposition annonçant le déroulement d’une plénière, alors qu’il était déjà 14h00’. Le personnel administratif aurait pris la fuite, craignant l’effet Burkina.

Turbulences au Palais du peuple

La plénière tant attendue a commencé avec une heure trente minutes de retard. Dès l’annonce de l’ordre du jour et l’adoption de celui-ci, en présence du vice 1er ministre et ministre de l’Intérieur,
Evariste Boshab, tous les députés de l’Opposition ont commencé à siffler, parcourant toute la salle, certains avec des pas de danse. Un climat qui a obligé Aubin Minaku d’arrêter la poursuite des travaux.
Le speaker de l’Assemblée nationale a tenté, en vain, de calmer les anti modification de la loi électorale. A un moment, il a même pris la décision de suspendre la plénière et tenir illico presto une conférence de presse. Mais les députés de la Majorité présidentielle ne l’ont pas soutenu dans cette démarche, lui demandant de poursuivre les travaux dans le vacarme. Ce qui fut fait.

« Voler n’est pas bon »

Invité à présenter l’économie de son avant-projet de loi, Evariste Boshab a été surpris de voir les députés de l’Opposition scander « voler n’est pas bon », faisant ainsi allusion à la fameuse histoire de 30 millions de $US de la facture du Congo-Brazza à la Snel, qui avait coûté, à l’époque, l’éviction de ce ministre au poste de directeur de cabinet de Joseph Kabila. Ce, sous le rythme des sifflets. C’est dans ce tempo que Boshab s’est exprimé au micro de la représentation nationale, vantant toutes les qualités de la nouvelle loi électorale qui vient remplacer celle de 2006.

Quelques temps après, sans doute après une consigne, tous les députés de l‘Opposition ont quitté la salle, sans doute pour une concertation en vue de mûrir d’autres stratégies. Leurs collègues de la Majorité leur ont dit mi revoir en les huant pendant qu’ils quittaient la salle.

C’est après que Minaku a dirigé la séance dans le calme, les députés de la Majorité examinant article par article ce projet de loi leur soumis par le gouvernement.

Par LEFILS MATADY

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