Certes, le retour fracassant des pluies dans la capitale depuis deux semaines ne cesse de causer des dégâts matériels et humains. Mais le plus frappant sont les inondations constatées à l’usine d’épuration et de traitement d’eau potable de la Regideso au niveau de la rivière Ndjili. Les eaux en furie ont non seulement endommagé certains compartiments de cette usine mais bien pire, elles ont déposé un amas de sable qui a interrompu les mouvements des machines. Ces dégâts ont alors interrompu le fonctionnement normal de cette usine avec comme conséquence majeure la coupure de la fourniture d’eau potable à toutes les communes de la partie Est de la capitale.
Selon les responsables de la Regideso, cette situation ne pourra être rétabli dans un délai raisonnable, à condition que d’autres pluies ne tombent pas sur cette partie où est érigée cette usine d’épuration et de traitement d’eau potable. Les responsables de la Regideso, surpris par ce cataclysme, ont eu le mérite de prendre des mesures préventives pour protéger un tant soit peu les populations de cette partie de la ville.
Cette partie de la capitale se trouve aussi privée d’eau potable depuis 48 heures jusqu’à ce que les ingénieurs et techniciens de la Regideso parviennent à réparer les dégâts ainsi causés. Les habitants de ces communes populeuses doivent parcourir des kilomètres à pied ou en véhicules pour s’approvisionner chez des familles amies.
Risque des épidémies d’origine hydrique
Les risques des maladies d’origine hydrique ne sont pas à écarter mais comme les populations ont été averties, le niveau de contagion sera très faible. Il revient aux autorités administratives et politiques d’intensifier des campagnes de sensibilisation à travers les différentes communes concernées pour prévenir tout danger ou dérapage. En recourant aux agents des services d’hygiène, de la police, pourquoi pas des FARDC, pour intervenir en cas d’autres sinistres. Les médias devront être mis à profit pour alerter les populations contre d’autres intempéries et l’on espère que la RVA va prévenir les compagnies aériennes en cas d’orage pour les inviter à dévier vers d’autres aéroports internationaux des pays voisins. Cela, pour ne pas revivre le drame du crash de l’aéronef de la compagnie Hewa Bora survenu à Kisangani il y a cinq ans.
Gouverner, c’est prévoir !
Selon des sources administratives, la Ville de Kinshasa pourtant habitée par près de douze millions d’hommes et femmes, tous âges confondus, n’est desservie en eau potable que par trois usines d’épuration et de traitement de ce liquide précieux. C’est ainsi qu’en cas de panne dans l’une ou l’autre usine, les habitants des communes entières sont ainsi forcés de parcourir des dizaines des kilomètres à pied ou en véhicules pour ce qui en disposent pour s’approvisionner en eau potable pour la cuisson des aliments tandis que pour les autres besoins, ils doivent se contenter des eaux puisées dans des puits ou des rivières insalubres car charriant des cadavres des animaux domestiques ou des déchets des usines et des habitations privées.
La question qui revient souvent sur toutes les lèvres est celle de savoir pourquoi les pouvoirs publics n’ont-ils pas pris en compte cette démographie galopante en vue de répondre aux besoins primaires ? Ce, alors que Kinshasa est traversée par de nombreux cours d’eau surplombant des espaces marécageux. L’eau se trouve à moins de cinq mètres en-dessous du sol.
Il est incroyable qu’une ville de douze millions d’habitants ne soit alimentée que par trois usines d’épuration et de traitement d’eau potable. Faut-il inscrire ce dossier à l’ordre du jour du dialogue tant vanté et fort attendu pour ne pas vivre des pénuries du genre de celle du moment? Il n’est jamais trop tard pour agir, la balle se trouve alors dans le camp des pouvoirs publics.
F.M.