Au sortir des élections de 2006, Jean-Pierre Bemba s’était promis de mener une " opposition forte et républicaine ". Sans exégèse, cette formule charriait comme de l’antinomie. Mais, à bien décrypter les concepts, on comprend vite que le commandeur des opposants d’alors entendait se démarquer de ces " oppositions gentilles " qui, en Afrique, servent de faire valoir aux régimes en place. L’histoire politique du Congo- Zaïre est pleine de ces opposants de façade dont la vocation est de légitimer le pouvoir.
Orfèvre en la matière, Mobutu disposait d’une machine à créer des opposants.
Le qualificatif " républicain " venait circonscrire le champ d’action de cette opposition. Il ne s’agit pas non plus de ces opposants nihilistes qui prennent des libertés avec les valeurs républicaines. Pour Bemba, hélas, on connait la suite.
Depuis, le pays était en quête d’un leader qui pouvait incarner cette opposition à la fois forte et républicaine. Peut-être plus pour longtemps. A la tête de l’Union pour la nation congolaise, Vital Kamerhe pourrait bien être l’homme de la situation. Arrivé troisième à la présidentielle à un tour de 2011, le leader de l’UNC paraît de plus en plus soluble dans les deux qualificatifs magiques lancés naguère par Jean- Pierre Bemba. Forte, l’opposition incarnée par Kamerhe l’est.
Depuis qu’il a lancé son parti, Vital Kamerhe fait tout , sauf de l’opposition gentille . Même ceux qui , à ses débuts dans la carrière d’opposant , doutaient de l’authenticité de sa démarche , se sont rendus à l’évidence . Comme ses illustres aînés qui, bien avant lui , avaient fait le même itinéraire , l’icône de Bukavu a réussi sa mue. Une véritable révolution copernicienne. Depuis, Vital Kamerhe est de tous les combats de l’opposition.
Symétriquement, le leader de l’UNC se fait un point d’honneur de situer son opposition dans les limites républicaines. Samedi dernier, on l’a vu conduire la marche anti révision et pro dialogue. S’il a fustigé les velléités de modification constitutionnelle et en a appelé au dialogue tel que préconisé, selon les opposants, par l’Accord -cadre, c’était pour préciser immédiatement qu’il entendait mener ce combat dans le cadre de la loi.
Samedi 27 septembre , on a retrouvé sur le pavé de Kinshasa , un Kamerhe maniant les deux registres de l’opposition : forte et républicaine . Et si " Vital " était en passe de donner …vitalité au rêve de Bemba ! José NAWEJ