Kabila obligé de lâcher du lest

Lundi 26 janvier 2015 - 12:00

Journée de psychodrame à Kinshasa. La majorité est finalement contrainte d’abandonner la loi Boshab.
La tension devrait enfin retomber à Kinshasa. Ce samedi, peu après 20 heures, Aubin Minaku, le président de l’Assemblée nationale a annoncé que le point de vue qu’il défendait devant la commission paritaire était "celui du retrait de l’alinéa" contesté. "Comme la voix des députés prime, cet alinéa sera purement et simplement rayé de la loi électorale" , a-t-il expliqué.

Quelques mots pour terminer une nouvelle journée de haute tension à Kinshasa.

Flash-back. Samedi dernier, en fin de journée, l’assemblée nationale avait voté avec une petite majorité - l’ARC d’Olivier Kamitatu s’était clairement désolidarisée de la majorité présidentielle, tandis que le MSR de Pierre Lumbi s’était abstenu - le texte de la nouvelle loi électorale qui liait la tenue des élections à l’identification des nationaux. Un texte (surnommé loi Boshab du nom du ministre de l’Intérieur qui l’a portée au Parlement) qui permettait de facto au président Kabila, qui arrivera au terme de second mandat fin 2016, de prolonger son bail à la tête de l’Etat de quelques mois voire plus.

Le passage par les urnes pour les législatives et la présidentielle devant attendre l’organisation d’un recensement et la distribution des cartes d’identité (au moins 50 millions de pièces…).

Un texte voté en catimini qui a déclenché une vague d’affrontements violents à Kinshasa mais aussi dans d’autres grandes villes (Goma ou Mbandaka, notamment). Au moins 42 morts.

Vendredi, après quelques reports, c’était au tour du Sénat de se pencher sur le texte et de voter une mouture largement amendée. Plus question de lier recensement et élection. "Quand Léon Kengo wa Dondo a fait cette annonce en lingala, ça a été une explosion de joie qui a fait trembler tout Kinshasa" , explique un Kinois. " Comme si on avait annoncé qu’on venait de gagner la Coupe du monde" .

Mais la loi Boshab n’était pas encore enterrée pour autant. Une commission paritaire devait se réunir ce samedi pour tenter de trouver un accord sur la mouture finale du texte. Sans accord, le texte original voté par le Parlement allait être présenté ce dimanche aux deux chambres réunies. Avec, en toute logique, le passage en force de ce texte et le risque d’une nouvelle flambée de violence.

Samedi matin, le président Kabila a reçu les ambassadeurs étrangers qui prônaient le dialogue. Fin de non-recevoir du chef de l’Etat pour qui les manifestants ne représentaient qu’une minorité et qu’il ne pouvait accepter d’être l’otage de "quelques agitateurs" . En sortant de cette réunion, quelques ambassadeurs, très inquiets, dont celui des États-Unis, ont demandé à leurs ressortissants de ne pas sortir de chez eux et de se tenir prêts à fuir vers Brazzaville.

Parallèlement, la commission paritaire devait débuter à 9h, était repoussée à 12, puis 16 et 18h. A son arrivée, le président de la Chambre, Aubin Minaku a tenté d’imposer le texte de sa chambre. Comprenant qu’il n’y parviendrait pas, il a finalement cédé et a tenté de faire passer cette décision comme un choix de la majorité présidentielle.

Dans les faits, cette majorité a tenté d’imposer son texte coûte que coûte mais elle a compris, après le départ de l’ARC d’Olivier Kamitatu, suivi du MSR et hier du Palu que le vote en plénière ne serait pas une sinécure, voire que la majorité fragilisée pourrait éclater sur ce texte. La voie des élections en 2016 s’est dégagée.

Bemba libéré provisoirement

Mauvaise semaine pour Kabila, secoué par deux mauvaises nouvelles en moins de 24 heures. Vendredi en fin de journée, son pire ennemi, Jean-Pierre Bemba a été mis en liberté provisoire… dans le dossier de subornation de témoins qui avaient valu le passage par la case prison à certains de ses avocats. L’affaire se dégonfle et tout ce petit monde a été remis en liberté… sauf Bemba qui reste détenu sous le chef d’accusation de crime contre l’humanité pour des exactions commises par ses troupes du MLC en Centrafrique au moment de la chute du président Patassé. Un dossier qui s’est dégonflé au fil des ans. S’il avait été reconnu coupable de subornation, la culpabilité de Bemba dans l’autre dossier aurait repris du poil de la bête… Ici, à l’inverse, le bout du tunnel se dessine. H. Le.

 

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