Serions-nous au seuil de grandes manœuvres politiques ? En ce début mai, la question vaut son pesant d’or. Tant la ville haute charrie des nouvelles faisant état des contacts politiques souterrains. Samedi dernier, le missi dominici du Raïs, Kalev Mutond, a été signalé à Limete au siège de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi. Ce même émissaire a été annoncé à l’UNC de Vital Kamerhe et au MLC de Jean-Pierre Bemba.
Bien que très peu de chose ait fuité de ces contacts, toutes les sources concordantes avancent que ces concertations rentrent dans le cadre de la décrispation eu égard à la période que traverse le pays. Il n’aura échappé à personne que d’un point de vue parlementaire comme d’un point de vue représentativité sur le terrain, l’UDPS d’Etienne Tshisekedi est une force que personne ne peut ignorer.
Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Etienne Tshisekedi reste le plus grand leader de l’Opposition. Il en est de même pour son parti Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Les dernières élections du 28 novembre 2011 le confirment si bien. Candidat à la présidentielle, Etienne Tshisekedi a été proclamé deuxième sur un total de onze candidats en lice. L’homme pèse des millions des voix. Et donc on ne peut pas feindre de l’ignorer. Pas moins meilleur que son Udps qui, à l’issue des législatives, a aligné plus de quarante députés nationaux. A ce titre, le parti d’Etienne Tshisekedi est donc la première formation politique de l’Opposition ayant le plus grand nombre d’élus. Et, de manière générale, l’Udps occupe une position confortable de 2ème place, après le parti présidentiel, Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).
Maintenant que la République Démocratique du Congo négocie un virage important de son histoire avec les élections qui pointent à l’horizon, les concertations entre forces sociales et politiques ne sont pas inutiles. Outre l’UDPS, l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe et le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba sont également consultés.
L’UNC de Vital Kamerhe n’est pas une quantité négligeable sur la politique congolaise. Aux dernières élections de 2011, Kamerhe s’est hissé à la troisième place, juste derrière Etienne Tshisekedi. Au parlement, l’Union pour la nation congolaise compte une bonne dizaine d’élus. C’est dire qu’il faut compter avec ce parti dans le paysage politique congolais.
Malgré le départ du parti de plusieurs cadres, le MLC de Jean-Pierre Bemba Gombo ne reste pas moins une force sur la scène politique congolaise. C’est une formation politique capable de mobiliser. La silhouette de l’Envoyé spécial du chef de l’Etat est un signe que ce parti peut toujours avoir son mot dans les affaires du pays. Bien que détenu à la CPI, Jean-Pierre Bemba a toujours des millions de Congolais qui croient en lui. Aux élections de 2006, il était arrivé deuxième avec plus de 40%. Pas étonnant que son parti soit dans le gotha que le missi dominici du Raïs consulte.
Que vont donner ces concertations ? Sur quoi ça va déboucher ? C’est encore trop tôt de le dire. Une chose est cependant sûre, si cette dynamique se consolidait, le paysage politique congolais devrait changer. Il n’est pas exclu que ces échanges balisent la voie à des rencontres Kabila-Tshisekedi, Kabila-Kamerhe pour in fine déboucher sur le dialogue. Didier KEBONGO