Juste une arnaque politique !

Mardi 27 janvier 2015 - 09:06

Un article 8 auquel on a fait dire qu’il contenait une disposition assujettissant exclusivement l’élection présidentielle au recensement général de la population alors que cela n’est pas le cas ; des députés de l’Opposition radicale qui en ont appelé au soulèvement populaire dans une déclaration du 15 janvier 2015 ni dénoncée, ni condamnée par la Société civile congolaise et par la communauté internationale ; des sénateurs de l’Opposition républicaine qui ont exigé le rejet pur et simple du projet de loi mais qui ont fini par l’adopter à l’unanimité sans fournir à qui que ce soit la moindre explication ; Human Rights Watch qui réclame la mise en procès des agents de l’ordre mais en épargne les premiers responsables des incidents (en l’occurrence les Opposants et les activistes de la Société civile alliés signataires de l’appel au soulèvement), l’Acaj, qui promeut la justice pour tous mais ne veut pas voir les pilleurs aux arrêts être traduits en justice au simple motif qu’il s’agit de "citoyens courageux" : oui, les dieux nous sont tombés sur la tête...

Lorsque les étudiants de l’Unikin réaliseront, demain ou après demain, combien ils ont été manipulés, l’effet boomerang risque d’être terrible pour ceux qui se frottent les mains d’avoir réussi l’arnaque de l’année. Car, au départ, ils ont été mobilisés non pour s’opposer à l’alinea 3 de l’article 8 du projet de loi électorale mais plutôt pour rejeter carrément le projet de loi, sous prétexte qu’il visait - au travers du recensement de la population par l’Onip - la prolongation du mandat du Président Joseph Kabila au-delà de 2016.
Le projet, amendé d’abord par l’Assemblée nationale, ensuite par le Sénat, est extirpé de cet alinéa. Ce qui veut dire que tous les autres articles sont validés !
Au sujet justement de l’unique article au centre de la controverse, la seule différence de formulation se situe à l’alinéa 3 pour le texte du Gouvernement amandé par l’Assemblée nationale et 2 pour celui amendé par le Sénat. La liste électorale, dispose le premier texte, "...doit être actualisée en tenant compte de l’évolution des données démographiques et de l’identification de la population". Le projet adopté par le Sénat dispose, quant à lui, que "L’actualisation de la liste électorale définitive en fonction des données démographiques disponibles se fait dans le respect des délais constitutionnels et légaux prévus pour l’organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales ".
Nulle part - pour peu que l’on fasse preuve d’honnêteté intellectuelle - il n’est dit dans le projet initial que du recensement dépend exclusivement l’élection présidentielle ! Toutes les autres élections sont concernées aussi. Ceci de un. De deux, même la formulation adoptée par le Sénat - et qui satisfait l’Opposition dans son ensemble - est un non sens puisqu’en dehors du délai constitutionnel pour l’élection présidentielle, aucune autre échéance n’est concernée. Et encore, la Céni - à laquelle on demande à cor et à cri la publication du calendrier électoral global - n’est astreinte à aucun délai constitutionnel ou légal pour organiser les législatives, les provinciales, les urbaines, les municipales et les locales.
On ne peut dès lors expliquer ni comprendre cette sorte d’hystérie collective qui s’est emparé du leadership congolais et des décideurs du monde (médias pole position), en liant la contestation du projet de loi électorale à la perspective du prolongement du mandat du Président Joseph Kabila.

DE "TOUCH’PAS A MA CONSTITUTION" A "TOUCH’PAS A MA LOI ELECTORALE"
Comment en est-on alors arrivé aux événements des 19, 20 et 21 janvier 2015 qui ont fait entrevoir à d’aucuns un remake burkinabé ?
Au commencement - si l’histoire pouvait être contée -, il y eut le rapport final du conclave de l’Opposition radicale tenu du 6 au 11 juillet 2013, en réaction à l’annonce des Concertations nationales tenues, elles, du 7 septembre au 8 octobre 2013 avec la participation de l’Opposition républicaine. Les deux ailes de l’Opposition parlementaire levèrent des options similaires pour trois matières sensibles relatives, toutes, au processus électoral : recensement général de la population, calendrier électoral allant de la base au sommet et révision de la loi électorale. Faut-il noter en plus que celle-ci avait déjà fait l’objet d’une recommandation de la part des Députés au terme des travaux d’évaluation Assemblée nationale-Céni en 2012.
Voilà qu’à partir du 26 mai 2014, date de publication du calendrier électoral par la Céni, l’Opposition radicale - sous la houlette de Vital Kamerhe - décrie ce qu’elle a pourtant préconisé une année plus tôt à son conclave. Elle va tenir en haleine l’opinion en attribuant au Président Joseph Kabila l’initiative, prêtée à l’abbé Apollinaire Malu-Malu, de privilégier les élections locales, municipales et urbaines pour retarder le plus possible les élections provinciales et nationales. L’Opposition s’appuiera sur le discours du Président de la République sur l’état de la Nation. Pourtant, la recommandation du Chef de l’Etat était exprimée différemment.
Naturellement, l’Opposition radicale s’abstiendra de toute allusion à sa propre option contenue dans son rapport final de juillet 2013. Et, comme par enchantement, elle verra sa position confortée par la recommandation faite à la Céni de publier plutôt un calendrier global, de sorte que le chronogramme indique les dates ou périodes de la tenue des élections locales, municipales, urbaines, provinciales, législatives et présidentielle jusqu’en 2016. C’est à cette condition que la RDC pourrait obtenir des apports extérieurs, ont laissé entendre les partenaires extérieurs.
Entre-temps, les Congolais vont passer de "Touch’pas à ma Constitution" à "Touch’pas à ma loi électorale". Comment est-on encore arrivé là ?
L’histoire retient que l’Opposition radicale n’ayant pas participé aux travaux d’examen et d’adoption du projet de loi électorale, l’attention de l’opinion ne pouvait que se focaliser sur les prestations des sénateurs. On a alors assisté le 20 janvier 2015 à la démolition, au Sénat, du projet adopté par l’Assemblée nationale, avec comme "massacreurs" attitrés Djoli, Mokonda, Siluvangi et Ndolela, partisans du rejet pur et simple du texte. Ils ont enjoint d’ailleurs la Majorité d’entendre la rue !
Curieusement, le vice-président de la Céni semble ne plus se souvenir que le jeudi 28 juin 2012, lors des travaux d’évaluation du processus électoral de novembre 2011, il avait stigmatisé la loi actuelle dont il redevient deux ans et demi après le grand défenseur. " La loi a fait des CLCR, les centres nerveux autonomes de collationnement, de dépouillements, de compilation, d’apurement et d’affichage. Au niveau du bureau, nous étions donc désarmés lorsque nous arrivions à avoir des résultats parfois incohérents ", s’était-il plaint, rapporte la dépêche de radiookapi.net du 30 juin 2012 intitulée " RDC : la Ceni se plaint de l’autonomie des CLCR à l’Assemblée nationale". On y lit : " Le vice-président du bureau de la Ceni, Jacques Djoli a souligné que la commission n’a disposé que d’un délai bref de sept mois pour organiser les élections. Selon lui, l’autonomie des Centres locaux de compilation des résultats (CLCR) n’a pas permis au bureau de s’imposer pour la transparence des élections". Le moment venu, il a choisi de se défiler...

PARLEMENT : ZONE NEUTRE ET INVIOLABLE
Seulement voilà : le vendredi 23 janvier 2015, les sénateurs communiant avec la rue vont se dédire en votant à l’unanimité le texte amendé alors qu’ils avaient le loisir entre s’abstenir et voter non, question de demeurer fidèles à leur position.
Que doit-on finalement garder des fausses " Trois Glorieuses" des 19, 20 et 21 janvier 2015 ? D’abord une grosse manipulation sur fond d’un appel net et clair au soulèvement populaire. Ensuite, une tentative de rattrapage pour le moins lamentable. Car, si le soulèvement avait réussi (un appel a tout de même été adressé à la population, aux étudiants, aux jeunes, aux mamans de descendre au Palais du Peuple) pendant que les parents ont été priés de garder leurs enfants à la maison, les personnes âgées de ne pas sortir et les opérateurs économiques de fermer boutique), plus personne ne parlerait de dialogue.
Aux chantres de l’Etat de Droit, il est quand même bon de rappeler que le Palais du peuple est "une zone neutre", une zone "inviolable". Il y est formellement interdit de se livrer à tout fait, tout geste, toute parole ou tout agissement de nature à troubler les travaux parlementaires. Ce n’est pas une particularité congolaise. Tous les palais nationaux du monde (Maison Blanche, Elysée, Capitol, Bourbon etc.) le sont.
Que devrait, par conséquent, faire les forces de l’ordre face à des foules qui, visiblement ignorant ces prescriptions, étaient déterminées à occuper le Parlement à la burkinabé ? Et qu’est-ce qui dit qu’après le Parlement, elles n’allaient pas se diriger vers l’hôtel du gouvernement, la cour suprême de justice (incendiée autrefois en 2006) et peut-être vers le Palais de la Nation ? Et qu’est-ce qui ne dit que par la suite, ce ne serait pas la Monusco, et peut-être certaines ambassades ? Et qu’est-ce qui ne dit pas que ce ne serait pas la Rtnc, le Q.G. des Fardc ou de la Pnc ?

QUE SERAIT DEVENU LE PAYS ?
Parlons-en tout de même : le pillage a commencé dans la ville sans que l’on n’aperçoive ou l’on n’entende un seul des signataires de la Déclaration du 15 janvier 2015 dissuader les manifestants de se livrer à ces dérapages. Ce n’est qu’après coup que certains ont tenté, d’ailleurs timidement, de condamner les dérapages.
Dans la foulée, on a par contre entendu le cardinal Monsengwo appeler " les autorités et les hommes politiques à ne pas ’tuer’ leurs concitoyens, et tous les Congolais à s’opposer à la révision de la loi électorale qui permettrait au président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir". Or le prélat devrait tout de même avoir lu le projet ne contenant aucune disposition dans ce sens du prolongement du mandat du Chef de l’Etat.
Dans la même foulée, Vital Kamerhe - échangeant avec la délégation du Cim - en a appelé au dialogue qu’il venait de rejeter en décembre 2014, Etienne Tshisekedi exiger le dialogue avant de préconiser la marche et annoncer une série de manifestations devant démarrer le 26 janvier 2015 jusqu’au départ du Président Kabila, la communauté internationale faire la sapeur-pompier, Vsv exiger la prise en charge, par le Gouvernement, des frais médicaux ou mortuaires pour les victimes des événements sans cependant proposer l’indemnisation des Chinois (évidemment, ce ne sont que des Chinois) !
Entre-temps, les 19 et 20 janvier 2015, on a laissé les Internautes injecter sur des réseaux sociaux des images des carnages survenus en octobre 2014 à Beni (en RDC) et à dans les Etats du Nord du Nigéria perpétrés par Boko Haram, en prétextant que les faits étaient en plein déroulement à Kinshasa et en provinces.
Du 19 au 21 janvier dernier, aucun Opposant n’a dénoncé la destruction de l’église du pasteur Baruti, au simple motif que le général Kanyama en était membre et du complexe de l’artiste Koffi Olomide, au simple motif qu’il s’afficherait du Raïs. D’ailleurs, un témoin contacté par une radio locale dit avoir identifié José Makila parmi les excités ayant attaqué cet immeuble.
Et sur ces entrefaites, l’Acaj en rajoute à la confusion en réclament la libération pure et simple des pilleurs des magasins des Chinois pendant que les ONGDH congolaises et étrangères promettent de produire les preuves des tueries auxquelles se sont livrées les forces de l’ordre ; ce qui laisse supposer qu’elles détiennent aussi les preuves des pillages perpétrés. Aucune logique, en effet, ne peut expliquer la détention des preuves pour les tueries et non pour les autres.
Dans tout ceci, la question première est de savoir ce qui serait advenu du pays si la force n’était pas à la loi. Les expériences du passé depuis 1990 nous apprennent que les pyromanes sont toujours les premiers à se réfugier dans les ambassades, et les ambassades sont généralement les premières à organiser l’évacuation de leurs ressortissants quand les choses se gâtent.
Ce que les étudiants vont devoir alors retenir des événements des 19, 20 et 21, c’est que l’Opposition radicale avait déjà, elle-même, planifié le fameux glissement. D’autant plus qu’en levant en 2013 l’option du recensement général de la population tout en sachant que l’opération prendrait au minimum 4 ans (c’est dans la Déclaration du 13 janvier 2015), elle pouvait tout ignorer, sauf le fait que 2013 + 4 font 2017 ! On n’a pas besoin de détenir un titre universitaire pour comprendre que 2017 vient après 2016. L’évidence, c’est celle-là. Juste une arnaque politique.
Pour une fois, je suis vraiment en colère...Omer Nsongo die Lema

 

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