Comme à l’accoutumée, la date du 8 mars est dédiée à la journée internationale de la femme. En RDC, cette journée commémorative se caractérisait toujours par des manifestations festives à travers tout le territoire national. Evoquant abusivement les traditions congolaises, il arrive souvent que les pouvoirs publics organisent des défilés sur les principales artères des villes animés bruyamment par des organisations pseudo-féminines.
A l’époque du MPR-parti Etat, outre les défilés monstres organisés sur le Boulevard du 30 Juin, le Ministère de la Condition Féminine, qui en fait n’était qu’un des différents organes de ce parti à l’instar d’autres régimes totalitaires, recourait à toutes les entreprises commerciales paraétatiques et même privées pour souscrire à des cotisations pour financer l’achat des pagnes aux couleurs du Parti et aux effigies du Président-Fondateur.
L’actuel régime issu de l’ex-AFDL et CPP n’a pas dérogé à cet héritage. Probablement inspiré par des anciens cadres du MPR-parti Etat, très entreprenants dans les rouages de l’actuelle majorité, il a recouru aussi à ces pratiques révolues mais qui se sont avérées très onéreuses pour certains initiés bien placés dans les sphères du pouvoir en place. En fait, il s’agit d’une affaire en or pour le confort de certains apparatchiks du régime. Il y a plus de trois ans, une dame bien introduite, dans les arcanes du pouvoir était passée maitre dans divers marchés d’importation des dizaines des millions des pagnes aux effigies très évocatrices. Promettant de mieux conjuguer le verbe « manger », cette dame avait obtenu des pouvoirs publics le monopole des opérations de fabrication de ces pagnes commémorant cette journée internationale de la femme. C’est ainsi que le pagne importé de la Chine Populaire au prix de 10
dollars Us la pièce était revendu à 25 dollars Us. Des instructions non écrites avaient été données aux entreprises commerciales paraétatiques et même privées pour habiller tous les membres de leur personnel féminin ainsi que des partis politiques proches du pouvoir.
Pour que la fête soit merveilleuse et au nom du slogan creux de Gender, des responsables des écoles publiques recommandaient aux parents d’habiller leurs filles, tous âges confondus, aux couleurs de ces pagnes. Un véritable pactole entre les mains d’une poignée des femmes initiées et membres du parti au pouvoir en place. Il y a plus de cinq ans, profitant des manifestations de la « marche mondiale de la femme » organisée au Sud Kivu en souvenir des femmes enterrées vivantes dans la localité de Kasika pendant le règne du Rassemblement Congolais pour le Démocratie, certains initiés se réclamant des pouvoirs publics s’étaient tapés des bénéfices plantureux par l’importation des pagnes aux effigies de ces martyres.
Géneviève Inagosi met fin à l’arnaque
A la suite de nombreuses plaintes émanant non seulement des parents d’élèves et étudiantes mais surtout des mécontents dans le partage de ce pactole et évoluant dans les sphères du régime, l’ancienne ministre du Genre et Famille, Géneviève Inagosi a été emmenée à prendre une mesure interdisant cette pratique révolue et coûteuse qui a fini par prendre les allures d’une arnaque au profit d’une poignée d’initiés, toutes tendances confondues. Cette brave dame était peut-être loin de s’imaginer que, par ce geste pourtant de portée politique indéniable, elle venait d’arracher le pain de la bouche de certains groupes maffieux évoluant dans l’ombre du pouvoir en place. Dieu merci, il semble qu’elle aurait bénéficié de l’appui discret de la 1ère Dame, sinon elle aurait perdu sa place au sein du gouvernement, a ironisé un ancien apparatchik du régime aujourd’hui placé dans la réserve de la République.
Chassez le naturel……
On croyait que cette pratique était déjà enterrée, mais à la veille de cette date, l’on fait état de l’existence dans de nombreux magasins de la capitale d’importants stocks des pagnes pour commémorer cette journée internationale de la femme. Et comme d’habitude, des commerçants véreux se proposent d’intéresser à ce marché certains dirigeants des entreprises commerciales privées et paraétatiques à travers des commissions plantureuses. Chacun va retrouver son compte, ne cesse-t-on de dire. Comme pour dire : « chassez le naturel, il revient au galop». La présence des stocks de 8 mars dans les magasins et marchés de Kinshasa est fort suspecte. Pourquoi avoir exhumé les pagnes du 8 mars s’il est acquis qu’il n’y aura ni défilé, ni manifestations de réjouissances?
F.M.