Dans son discours sur l’état de la nation prononcé lundi 15 décembre devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès, le chef de l’Etat Congolais a annoncé que toutes les élections prévues par les lois de la République seront organisées conformément aux dispositions qui seront prises par la commission électorale. Cette déclaration intervient alors qu’un débat agite depuis plusieurs mois la classe politique congolaise sur la tenue des prochaines élections présidentielle et législatives notamment prévues en 2016.
« Les élections sont dans notre pays devenues incontournables pour l’accès aux plus hautes charges de l’Etat. Nous ne pouvons donc pas en faire l’économie quelles que soient nos difficultés. Toutes les élections prévues par les lois de la République seront organisées conformément aux dispositions qui seront prises par l’institution compétente pour ce faire, à savoir la Ceni [commission électorale]», a déclaré Joseph Kabila.
Le chef de l’Etat congolais a plaidé pour que l’Assemblée nationale et le Sénat dotent la Ceni des lois dont elle a besoin pour mieux programmer les différentes échéances électorales.
Au gouvernement, il a demandé de mobiliser et de mettre à la disposition de la commission électorale « les ressources nécessaires pour la bonne organisation des élections ».
Joseph Kabila a également évoqué le recensement de la population.
Il a exhorté le gouvernement à appuyer « comme il sied » l’Office national d’identification de la population, chargé d’organiser ce recensement.
« Les résultats du travail de ce service public étant nécessaires pour la bonne fin du processus électoral », a fait savoir le président congolais.
Respect de la souveraineté
Joseph Kabila a également évoqué les réactions suscitées à l’intérieur comme à l’extérieur du pays par le débat politique interne en RDC.
Il a reconnu aux acteurs politiques congolais le droit de susciter ou d’entretenir le débat au sujet du processus électoral.
« On peut en revanche s’interroger sur le bien-fondé de l’auto-invitation dans ce débat des personnalités non congolaises aussi bien intentionnées soient-elles », a-t-il cependant ajouté.
Le chef de l’Etat s’est également interrogé sur « la tendance fort remarquée de certains compatriotes d’en appeler systématiquement à l’étranger pour régler les différends entre Congolais, comme si dans ce pays, nous n’avions pas collectivement assez de sagesse pour le faire nous-mêmes ».
« Je voudrai dire aux premiers et aux seconds que le peuple congolais n’est pas n’importe quel peuple. Nous sommes les descendants de Kimpa Vita, de Simon Kimbangu, de Joseph Kasa-Vubu, d’Antoine Gizenga, de Patrice Lumumba et de Laurent Désiré Kabila. Nous sommes ce peuple tellement jaloux de son indépendance conquise de haute lutte et de liberté démocratique obtenue parfois au prix de sang », a lancé Joseph Kabila, avant de faire cette mise en garde aux partenaires de la RDC :
« De nos partenaires et pourvu que cela soit fait dans le respect de notre souveraineté, nous sommes toujours prêts à recevoir des avis, conseils et suggestions mais jamais des injonctions. »
Gouvernement de cohésion nationale
Joseph Kabila est revenu sur la composition du nouveau gouvernement dont il a rappelé les principales missions :
◾consolider la paix
◾rendre effective l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national
◾appliquer les recommandations des concertations nationales, mettre en œuvre le processus de décentralisation
◾appuyer l’organisation des élections
◾améliorer les conditions sociales des populations et poursuivre la reconstruction du pays
Il a aussi plaidé pour l’unité.
« C’est uni que nos leaders de 1960 ont arraché l’indépendance. C’est uni que notre génération gagnera la bataille de l’émergence », a affirmé Joseph Kabila, indiquant que le gouvernement de cohésion nationale réunit la plupart de nos courants politiques et forces sociales.
Ce gouvernement de cohésion nationale a été publié le dimanche dernier.
Massacres de Beni
Le chef de l’Etat a également évoqué la situation sécuritaire du pays, estimant qu’il fallait consolider la paix « chèrement acquise ». Il a notamment déploré la situation qui prévaut actuellement dans le territoire de Beni au Nord-Kivu.
« Les forces obscures de l’intérieur et de l’extérieur guettent la moindre distraction de notre part pour allumer le feu. C’est le cas depuis quelques mois dans le secteur de Beni-Mabu au Nord-Kivu où des milliers de personnes sont contraintes d’abandonner leurs foyers et où la population subit quotidiennement des violences insupportables du fait des bandes d’anarchistes dépourvues de toute revendication intelligible moins encore légitimes », a expliqué Joseph Kabila.
Il a indiqué avoir donné l’ordre aux forces armées de la RDC « de poursuivre le travail de restauration de la paix jusqu’à l’éradication de toutes les forces négatives nationales et étrangères ».