Inga III : le consortium chinois en pole position

Lundi 5 septembre 2016 - 12:20

Pour la concrétisation du projet Grand Inga, le soumissionnaire chinois part favori. Et, d’ici la fin de l’année, les travaux proprement dits pourront démarrer, tel que promis par le gouvernement.

 

La concrétisation du projet Grand Inga atteint une vitesse de croisière. Les soumissionnaires se sont déjà manifestés, Parmi les deux, estiment certains spécialistes, le chinois part favori. Néanmoins, d’ici la fin de l’année, l’opinion pourra assister au début des travaux proprement dits tel que promis par le gouvernement.

 

Compte tenu du niveau des relations qu’entretient la RDC avec la Chine, nombre d’analystes voient déjà la Chine en pole position dans la sélection du consortium devant gagner le marché de construction du projet Grand Inga. Face au consortium chinois, groupe de BTP espagnol ACS, un inconnu de la RDC, selon bon nombre des spécialistes.

 

L’opinion se souviendra que la République démocratique du Congo (RDC) et la Chine avaient déjà signe un accord pour un partenariat gagnant-gagnant. Selon les termes du contrat, des entreprises chinoises étaient autorisées à exploiter les minerais, principalement dans l’ex-province du Katanga. En contrepartie, les entreprises chinoises devaient construire les infrastructures à travers la RDC.

 

Initialement conclus pour 9 milliards de dollars américains, ces contrats avaient été revus à 6,2 milliards suite aux pressions du FMI et de la Banque mondiale. Trois milliards deux cents millions de dollars devaient être investis dans le secteur minier à travers la Sicomines. Et le reste était destiné aux infrastructures. Jusqu’en janvier 2014, seulement près de 1,7 milliards de dollars avaient été déboursés, dont 468 millions pour les infrastructures.

 

Partant de ce passé jugé « fructueux », des analystes n’accordent pas trop de chance au groupe BTP espagnol ACS.

Selon Al Kitenge, un analyste économique, il y a trois principaux variables à prendre en compte dans ce genre de deal, notamment la science, la diplomatie et les finances. Et en ce qui concerne la Chine, Al Kitenge estime qu’elle dispose suffisamment des moyens financiers. D’ailleurs, affirme-t-il, le niveau des finances dont dispose la Chine peut aussi servir même aux pays qui prétendent être les plus avancées économiquement. Mais, pense-t- il, toutes les variables doivent être pris en compte. « Même le barrage des Trois-Gorges en Chine n’a pas été entièrement construit par les chinois. On y retrouve de la technologie française, l’électronique allemande… », a-t-il affirmé.

 

ENTRE L GOPOLITIQUE ET LA GEOECONOMIQUE

En lieu et place de la géopolitique, a proposé Al Kitenge, la RDC doit aussi abordé la dimension géoéconomique.

Au gouvernement, l’on ne voit pas les choses de cet œil-là. Le vendredi 2 septembre1 les autorités de Kinshasa ont annonce qu’elles choisiraient avant la fin de L’année le consortium chinois ou espagnol, chargé de construire lé méga-barrage hydroélectrique Inga III, serpent de mer de la politique énergétique congolaise.

Lors d’une cérémonie de remise solennelle des offres présentées par les deux soumissionnaires, le directeur de l‘Agence pour le développement et la promotion du projet Grand Inga (ADPI), Bruno Kapandji Kalala, a déclaré que « la désignation du concessionnaire aura lieu avant la fin de l’année 2016, le lancement du projet doit se faire en 2017 et les premiers mégawatts vont être produits en 2021 ».

 

Pour certains spécialistes, cette annonce vient,- une fois e plus, consacrer un nouveau retard du début programmé des travaux. Elle intervient alors que la Banque mondiale a suspendu, fin juillet, sa participation sous forme d’un don de plusieurs dizaines de millions de dollars à Inga III. La Banque mondiale reproche ainsi au gouvernement congolais d’avoir donné «au projet une orientation stratégique différente» de ce qui avait été convenu initialement.

 

Les deux groupements d’entreprises en compétition sont un consortium chinois emmené par Three Gorges Corporation (gestionnaire du gigantesque barrage des Trois-Gorges en Chine) et un autre autour du groupe de BTP espagnol ACS.

 

En octobre 2015, alors que le projet Inga III était piloté par le Premier ministre Matata Ponyo, la République démocratique du Congo (RDC) et l’Afrique du Sud avaient fait part de leur volonté d’accélérer la construction de ce barrage, en gestation depuis une trentaine d’années et dont le coût total est estimé à 12 milliards de dollars américains. Il revient donc aux deux consortiums en lice de trouver des financements pour le développement du projet.

 

La construction d’Inga III doit, en principe, venir compléter les deux centrales vieillissantes entrées en service entre 1972 et 1982 au lieu dit des chutes d’Inga sur le fleuve Congo, à 260 km en aval de Kinshasa.

D’autres spécialistes estiment que le futur barrage doit produire 4.800 MW (l’équivalent d’environ trois réacteurs nucléaires EPR de troisième génération), dans un pays où moins de 10 % des habitants ont accès à l’électricité. La population congolaise ne devrait cependant pas bénéficier beaucoup de la lumière produite par Inga III.

L’Afrique du Sud a, en effet, signé une option préférentielle pour récupérer 2.500 MW. Et la majeure partie du reste de la production est censée aller vers les groupes miniers du Katanga (sud-est), handicapés dans leur activité par une pénurie chronique d’énergie.

Par Olivier KAFORO