La SNEL n’y va pas avec un langage diplomatique : les prochains jours seront ténébreux. Elle annonce «le délestage sera intensif » dans la capitale et dans le Bas-Congo, conséquence d’un déficit de production de la centrale d’Inga II. Outre l’écroulement d’un pylône dans le faubourg Ouest de la capitale. Certes, la SNEL a entrepris des travaux de réfection. Mais la maintenance à Inga II va durer longtemps, prévient la SNEL.
En 1982, lorsqu’Inga II (1.400MW) a été mis en marche, quatre de 8 turbines fournies par la firme ACEC Charleroi n’ont jamais ronronné. Et 2 de 4 turbines qui tournaient cahin-caha, le G24 et G 28 sont tombées en panne. Les dernières tentatives pour les réparer ont échoué. Il faut compter fin novembre 2014 pour la remise en service de l’une ou l’autre de ces turbines. C’est 175 MW sur les quelques 800MW mis à disposition de la capitale qui sont donc compromis.
Alors que l’on parle du projet Grand Inga, les deux premiers barrages du site d’Inga croulent à petit feu. Il n’est plus que de gestes de bonne volonté des institutions financières internationales ou des ONG internationales ou encore des opérateurs miniers du Katanga pour sauver ce qui peut l’être. L’on se rappelle entre 2011-2012, c’est la société allemande spécialisée dans le domaine de l’énergie, VOIT Hydro la firme allemande VOIT Hydro se trouve dans la région d’Inga dans le cadre d’un appel d’offre international pour la réhabilitation des groupes G11 et G15 de Inga II sur financement de l’Agence de financement de la coopération allemande, KFW pour quelque USD 50 millions. L a situation est si catastrophique que la RDC a cessé d’exporter du courant. Tenez, la ville de Goma est alimentée par le courant venant du Rwanda.
Au Katanga, c’est à la Zambie voisine que la SNEL achète désormais du courant chaque soir, entre 22h00’ et 6h00’, quelque 100 MW à sa consœur ZESCO. Pour revenir à la capitale, en attendant l’opérationnalité de Zongo II (150MW) ou encore la construction de la nouvelle ligne de 400Kv Inga/Kinshasa dans le cadre du projet PMEDE, la SNEL a levé, l’option d’importer quelque 20MW du Congo Brazzaville en vue de soutenir son offre en courant électrique dans la Capitale.
Le site d’Inga assure, actuellement, 63,5% de la production brute du courant du pays. Mais le taux de desserte demeure pas assez satisfaisant du fait qu’il n’est plus que 3 groupes sur 8 d’Inga II sont opérationnels (G23, G24 et G28) et 1 (sur 6) seul groupe d’Inga I (G11) qui tiennent cahin-caha. La nature sinon la négligence est aussi passée par là: l’étiage. Le niveau d’eau se met à baisser depuis quelques temps. Sinon, foi du prof Dieudonné Musibono, Chef du Département de l’environnement à l’Université de Kinshasa, pendant plus de 20 ans, la SNEL- sinon l’Etat propriétaire de cette entreprise- n’avait plus, en réalité, entrepris les opérations de des voies d’eau en amont des barrages d’Inga I et Inga II. C’est ainsi que le Groupe 26 d’Inga II a , par exemple, été arrêté volontairement par la SNEL pour maintenir le plan d’eau fixé par des experts de l’entreprise.
Il y a quelques années, un diagnostic technique établi pour la réhabilitation des infrastructures de la SNEL, rendu public par le Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques, a fait mention d’un investissement de USD 1 milliard de dollars dont 600 millions pour requinquer 9 des14 centrales hydroélectriques de la société où sont installés 32 turbines dont une vingtaine ronronnent encore cahin-caha. Il faudrait lever 300 millions de dollars pour retaper les 5183 Km des lignes du réseau de transport du courant et quelque 40 millions de dollars pour les infrastructures de distribution composées de 16.433Km des lignes basse tension et 4.470Km de basse tension. D’ores et déjà, le COPIREP a fait savoir que ni l’Etat r-dcongolais ni la SNEL n’ont la capacité de financer un tel programme. Le déficit en courant électrique a, on le sait, une fois encore entraîné la R-dC à la queue du classement Doing Business 2014 de la Banque mondiale. Chaque année, l’économie r-dcongolaise accuse une perte de croissance de 5% à cause du déficit en énergie électrique, fait-on comprendre le Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques, COPIREP.
A ce jour, à peine 44% des foyers dans la capitale Kinshasa ont accès à l’électricité et le taux de l’électrification à l’échelle nationale n’est que de 9%,a indiqué la Commission Aménagement du territoire du Sénat, lors de l’examen sur le projet de loi relatif au secteur de l’électricité. La loi relative à la libéralisation du secteur de l’électricité en RDC pourrait être promulguée courant 2015.
Mais rien ne rassure qu’en libéralisant le secteur de la distribution du courant, la R-dC sortirait de l’auberge. En libéralisant le secteur d’électricité, le gouvernement n’aura fait que déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Paul, a redouté Mutima Sakrimi, ex-SG de l’Union des pays producteurs de l’électrique en Afrique, actuel DG de l’Office des Routes. Plutôt réticent à la libéralisation du secteur de l’électricité car partout en Afrique, a-t-il fait comprendre, où elle a été expérimentée, l’échec fut cuisant au bout de quelques mois. Pour le COPIREP, enfer ou ciel, peu importe pourvu qu’on n’y trouve du nouveau. D’ailleurs le gouvernement, dans sa lettre de politique et stratégies de développement du secteur de l’énergie électrique a souverainement réaffirmé l’option libérale dans la réforme du secteur de l’électricité et de la SNEL en vue de permettre l’accès des partenaires privés, a-t-on fait comprendre au COPIREP. Quiconque veut peut donc devenir, à court terme, opérateur dans le secteur d’électricité. Parmi les grandes difficultés auxquelles est confrontée la SNEL, l’Etat note, selon ce rapport du COPIREP, outre l’absence de clarté sur le régime juridique des biens constituant l’actif immobilisé de la société après sa création en mai 1970 ainsi que l’absence des titres de propriété de la quasi-totalité des biens immobilisés figurant à l’actif du bilan de la SNEL à la date de sa transformation en SARL en décembre 2009 ; l’absence d’une convention de gestion du service public de l’électricité entre l’Etat et la SNEL.
Toutefois, la libéralisation du marché du courant aura, par contre, le mérite, croit-on au COPIREP, de porter la couverture énergétique de populations r-dcongolaises de 6 à 60% dans 10 ans, donc d’ici 2025. L’électrification urbaine, particulièrement, devrait, elle, quadrupler de 35 à 90% au cours de la même période.
Pold LEVI Maweja