Grave crise d’eau à Mbuji-Mayi

Mercredi 7 janvier 2015 - 11:35

Pour avoir de l’eau potable, les familles modestes de la capitale diamantifère et qui constituent le 9/10ème de la population doivent parcourir plus de dix kilomètres. Ceux des habitants de cette ville qui disposent des véhicules 4X4 effectuent des tours durant la nuit pour se procurer cette denrée devenue rarissime. Mbuji Mayi offre le spectacle d’une ville ayant subi une guerre civile entre factions rivales qui se sont livrées à des destructions méchantes des infrastructures, notamment les canalisations et autres canaux de distribution d’eau potable fournie par la Regideso locale. L’eau des robinets ne coule plus dans les quartiers résidentiels, notamment la Cité de la Minière de Bakwanga et ses alentours tout comme la nouvelle ville où s’approvisionnaient les familles modestes.

Le spectacle est poignant : l’on observe de jour comme de nuit des longues files d’enfants et adultes, tous sexes et âges confondus sur les sentiers et avenues, à la recherche d’eau potable. Pour se laver ou nettoyer les habits, les gens se précipitent vers les rares rivières dont notamment la Lubilanji. Où l’on vit des scènes effroyables et indécentes car tout le monde est pressé d’aller tailler son caillou dans cette ville où 97% d’habitants vivent de l’informel.

Pire, l’on assiste souvent à des bagarres rangées entre jeunes-gens ou familles voisines ou lointaines, lorsque l’enfant de l’une ou l’autre famille s’est permis d’arracher les bidons d’eau aux plus faibles qui ont effectué plus de dix kilomètres à pieds. Selon la Radio Okapi captée avant-hier à Kinshasa, la Police a dû intervenir avec des tirs d’armes légères pour disperser une bagarre rangée entre deux familles de la Commune de Bipemba, dont l’un des rejetons s’était permis de trouer à l’aide d’un poignard une citerne d’eau se trouvant sur la camionnette de l’autre. On fait état des noyades d’enfants à la recherche d’eau dans la rivière Lubilanji.

La voix de la sagesse….

Ce spectacle désolant rappelle les périodes tristes des années 65- 70 où l’eau potable était introuvable dans la capitale mondiale du diamant. A cette époque, le commerce de l’eau potable était florissant et c’est au lendemain de la construction de la centrale de traitement d’eau de la Regideso que la situation s’est améliorée un tant soit peu, car les ménages en ont profité pour se procurer de l’eau potable particulièrement auprès des amis et connaissances habitant dans la Cité de la MIBA et ses environs.

Le lundi dernier, quatre Ong de développement se sont retrouvées pour étudier les voies et moyens de résoudre cette pénurie d’eau potable. Parmi les résolutions, un appel pressant a été lancé aux hommes d’affaires locaux, à la diaspora, aux organisations caritatives internationales et aux organismes étatiques spécialisés dans l’hydraulique pour relancer l’exploitation des sources d’eau potable dans les zones périphériques. Il a été aussi demandé aux pouvoirs publics de délier le cordon de la bourse pour financer l’alimentation en fuel de la centrale d’eau de Regideso. En attendant, une collecte des fonds sera lancée de porte-à-porte à travers toute la ville pour parer au plus pressé, notamment l’achat du carburant et le paiement des primes aux jeunes volontaires chargés de réfectionner les tuyaux d’eau dans les quartiers résidentiels de la MIBA et de la nouvelle ville.

Cependant, l’espoir de tous les habitants de cette ville est de voir le gouvernement central libérer des fonds importants pour construire une autre centrale d’épuration d’eau potable pour répondre aux besoins de près de quatre millions des résidants de l’ancienne capitale mondiale du diamant. Cela va de pair avec le financement de la réfection de deux autres turbines du barrage hydroélectrique de Tshiala pour augmenter l’alimentation en électricité de la deuxième ville de la RDC en nombre d’habitants. Sinon, l’on court le risque de voir la ville envahie par des épidémies d’origine hydrique, notamment le choléra, la dysenterie, les amibes et pourquoi pas la fièvre Ebola. Dossier à suivre.