La Majorité présidentielle s’est retirée, hier mercredi dans un endroit tenu secret dans la ville de Kinshasa, pour une réunion, dite stratégique. Si personne ne s’est hasardé à en préciser le contenu, l’on pressent que la formation annoncée depuis belle lurette d’un gouvernement de cohésion nationale aurait été au cœur de la rencontre. Sans omettre la brûlante question de la révision constitutionnelle. Voilà qui justifie amplement le triumvirat Joseph Kabila-Matata Ponyo-Aubin Minaku.
La formation d’un éventuel gouvernement de cohésion nationale est toujours à l’ordre du jour dans l’agenda du président de la République. Promis depuis octobre 2013 en marge des concertations nationales, ce gouvernement, présenté comme censé cimenter davantage la cohésion nationale, se fait attendre. Toujours est-il que le chef de l’Etat qui s’est engagé à aller jusqu’au bout de sa logique n’a pas encore dit son dernier mot. A la Primature où siège encore Matata Ponyo Mapon, des signes d’au-revoir sont déjà perceptibles. Depuis la semaine dernière, le Premier ministre a liquidé tous les décomptes finals des membres de son cabinet.
Mardi dernier, il s’est entretenu presqu’en aparté avec son précarré, composé de son directeur de cabinet, ses deux adjoints et de tous ses conseillers principaux. C’est dire qu’à la Primature, l’on se prépare déjà à un changement de décor. Se ferait-il avec ou sans Matata ? Nul ne le sait pour l’instant. Le dernier mot revient donc au président de la République qui jouit de pleins pouvoirs de décider de l’identité de celui qui siégera dans les tout prochains jours aux commandes du gouvernement central. Pendant ce temps, dans la Majorité, l’on s’active pour boucler définitivement ce dossier.
La Majorité court derrière une échéance. Car au 23 octobre 2014, la promesse d’un gouvernement aura pris une année. En effet, c’est le 23 octobre 2013, du haut de la tribune du Parlement réuni en Congrès et des délégués aux concertations nationales, que le président avait promis de rendre public le plus rapidement possible un gouvernement de cohésion nationale.
Le chef de l’Etat en avait même fixé la composition, soulignant que ce gouvernement devait être composé des délégués aussi bien de la Majorité, de l’Opposition que de la Société civile. Mais, voilà une année que la promesse du président de la République peine à se réaliser. Le lundi 25 août 2014 à Kingakati, Joseph Kabila avait tenté de dissiper le malentendu au cours d’une réunion du bureau politique de la MP. A l’occasion, il avait promis de vider cette question avant la rentrée parlementaire du 15 septembre 2014.
A la date prévue, le gouvernement de cohésion nationale n’a pas vu le jour, alimentant la polémique dans les cercles politiques. Des sources rapportent que la question est en voie d’être vidée. Elles en veulent pour preuve la réunion convoquée, hier mercredi, à Kinshasa, par le chef de l’Etat de quelques têtes couronnées de la MP.
Au nombre de celles-ci Matata Ponyo Mapon, Premier ministre et Aubin Minaku, secrétaire général de la Majorité et président de l’Assemblée nationale.
MOTUS ET BOUCHE COUSUE
Que se sont-ils dit ? A cette question, rien n’a filtré. Joint au téléphone par notre Rédaction, le porte-parole de la Majorité, Luzanga Shamandevu, s’est plutôt montré évasif. « Il faut attendre le compte rendu aujourd’hui, demain ou dans quelques jours. Pour l’instant, il n’y a rien à dire », s’est-il limité à déclarer, sans autre précision.
Ce que l’on a retenu c’est qu’il a confirmé la tenue de cette rencontre qui a eu lieu dans un endroit tenu secret jusqu’au moment où nous mettions sous presse cette édition. Rien par son format, l’on peut déjà spéculer sur son ordre du jour. Que Matata soit convié à une telle rencontre renvoie directement à l’imminence d’un gouvernement de cohésion nationale.
Se fera-t-il avec Matata ? Difficile à dire pour l’instant. Le plus évident est que l’actuel locataire de l’Hôtel du gouvernement
part avec toutes les faveurs des pronostics. Sa présence à cette réunion en dit long.
Mais, au-delà du maintien ou non de Matata, il y a bien des zones d’ombre qui entourent encore la composition de ce gouvernement. Est-ce que dans le contexte actuel où la Majorité peine à faire passer son projet de révision constitutionnelle, la Majorité acceptera-t-elle de cohabiter avec les délégués de l’Opposition et de la Société civile ? Là aussi, le doute subsiste. Surtout que, à l’issue des concertations nationales, ceux-ci s’étaient opposés à une éventuelle révision de la Constitution actuelle. Ajouter à cela la dernière sortie médiatique de Léon Kengo, président du Sénat, sur l’épineuse question de la révision de la Constitution.
Cette prestation, dit-on, dans les mieux de la MP, aurait compliqué la situation, au point que Kabila pourrait se démarquer de sa promesse du 23 octobre 2013. Dans ces conditions, il est évident que, dans le cas où la publication du gouvernement de cohésion nationale, serait effective, la Majorité pourrait se taper la part du lion, réservant à certains opposants ou leaders de la Société civile de son obédience certains postes ministériels secondaires.