Des jeunes du mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) organisent un sit-in mercredi 18 mars depuis la matinée devant le bureau du gouverneur du Nord-Kivu à Goma. Ils réclament la libération d’autres membres des mouvements citoyens arrêtés dimanche à Kinshasa.
Ce sont au total une vingtaine de personnes qui manifestent devant le bureau du gouverneur de la province du Nord-Kivu. Ils affirment vouloir continuer à manifester pacifiquement jusqu’à ce que leurs collègues arrêtés à Kinshasa soient libérés.
Ces jeunes disent être prêts à se faire tous arrêter jusqu’à ce que le gouvernement remplisse les prisons, pourvu d’atteindre leur objectif.
La veille, des activistes du même mouvement avaient manifesté devant les bureaux de l’Agence nationale de renseignements (ANR) à Goma. Onze d’entre eux avaient été arrêtés avant d’être libérés dans la soirée.
D’après un militant joint au téléphone dans la matinée, leur libération est intervenue après un interrogatoire musclé. Lors de l’arrestation des activistes de Lucha mardi à Goma, deux journalistes étrangers avaient aussi été interpellés avant d’être relâchés peu après.
La manifestation devant le bureau de l’ANR à Goma s’est déroulée après l’arrestation dimanche des leaders de Y’en a marre et du Balai citoyen ainsi que de quelques activistes des mouvements citoyens congolais, une trentaine de personnes au total.
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« Répression de la liberté d’expression »
Dans un communiqué publié mercredi, Human Rights Watch déplore ces arrestations et dénonce une répression de la liberté d’expression.
« Nous pensons que c’est un signal très inquiétant d’une répression de la liberté d’expression et de rassemblement », indique Ida Sawyer, chercheuse senior de Human Rights Watch.
Elle estime que ces arrestations sont peut être liées au processus électoral.
« Les activistes ont été arrêtés après un atelier à Kinshasa où ils ont discuté de l’importance de la jeunesse de s’engager dans le processus politique et les élections. On pense que c’est peut être lié à ça que les autorités étaient inquiétées », affirme Ida Sawyer.
Human Rights Watch appelle à la libération des activistes arrêtés.
« Nous avons appelé les autorités congolaises de libérer immédiatement les personnes placées en détention si elles n’ont pas été inculpées d’un délit crédible. Nous avons aussi appelé les membres du conseil de sécurité des Nations unies qui ont prévu de discuter de la situation en RDC demain à exhorter publiquement les autorités congolaises à libérer immédiatement toutes les personnes détenues en RDC à raison d’activités pacifiques ou des propos exprimés », a fait savoir Ida Sawyer.
La Monusco suit la situation de près
De son côté, la Monusco a déploré l’arrestation des leaders des mouvements africains «Y en marre» et «Balai citoyens» et des Congolais à Kinshasa ainsi qu’à Goma.
Les libertés d’expression et de réunion sont reconnues par la constitution de la RDC, a affirmé le porte-parole de la mission onusienne, Charles Antoine Bambara, lors de la conférence hebdomadaire des Nations unies mercredi 18 mars à Kinshasa.