Coordonnateur national de l’Alliance pour le développement et la république(Adr), Gérard Tumba, est monté au créneau pour exprimer la position de son parti sur la principale question qui domine l’actualité nationale : la publication du calendrier électoral global. Le Phare est allé à sa rencontre. Interview.
Le Phare : Etes-vous satisfait du calendrier électoral global que vient de publier la Commission nationale électorale indépendante (CENI) ?
Gérard Tumba : Nous ne pouvons qu’être satisfaits parce que c’était une exigence de tous les acteurs politiques et même de toutes les personnes intéressées, tout court, par cet exercice. Il était effectivement indiqué que pour que les choses soient bien claires dans la tête d’un chacun, il fallait une vue un peu plus large de la situation, plutôt que l’exercice des calendriers séquentiels de la CENI. Maintenant, nous pouvons dire que nous sommes satisfaits malgré les interrogations qui se présentent.
Le Phare : lesquelles par exemple…
Gérard Tumba : La capacité même de la CENI à mettre en œuvre ce calendrier qui est assorti de deux contraintes (d’ordre financier et celles liées à la production législative). Autre crainte, le calendrier est tellement serré, qu’on en est à se demander sur la capacité du gouvernement et du parlement à respecter les échéances qui sont fixées par la CENI.
Le Phare : Tout en saluant le caractère global dudit calendrier, une frange de l’Opposition continue de réclamer un consensus sur ce chronogramme. Qu’en pensez-vous ?
Gérard Tumba : Effectivement, il eut été sage, à mon sens, si ce calendrier était produit par un exercice de « dialogue », car la phase des élections qui vient, doit être une période apaisée pour un pays post-conflit comme le nôtre. Les comportements des uns et des autres, surtout des acteurs politiques, pouvant mener à des dérives, je crois que dans la situation de notre pays, comme le recommandent des observateurs et analystes politiques, il aurait fallu organiser une sorte de dialogue « inclusif » d’où sortirait un calendrier « consensuel ».
Le Phare : Plus d’un milliard de dollars pour organiser l’ensemble des scrutins. Certains estiment qu’on devrait privilégier les élections les plus importantes, notamment la présidentielle et les législatives, au lieu de dépenser davantage pour les locales et urbaines. Ont-ils raison ?
Gérard Tumba : Ce sera toujours le même problème toutes les 5 années lorsqu’on voudra organiser les élections, si nous n’engageons pas des réformes institutionnelles courageuses, notamment en ce qui concerne le mode de scrutin. On ne va pas tous les 5 ans organiser des élections qui vont nous coûter plus d’un milliard. C’est une grosse somme qui peut être affectée à des projets de développement dans ce pays. Est-ce que ça vaut la peine ? La RDC a, en elle-même, les moyens de sa politique car ça ne serait pas sérieux de fixer cette hauteur pour le budget des élections et commencer à demander l’argent aux partenaires. Ce qui va certainement être le cas.
Le plus grand défi est, notamment, d’ordre organisationnel avec la mise en place de la logistique, car le pays ayant les dimensions d’un continent alors que les infrastructures sont pratiquement absentes dans certains coins, où il faut parfois des hélicoptères ou des pirogues pour les atteindre. Donc, c’est des défis énormes pour la conception et la mise en œuvre de cette logistique ; Il faut beaucoup des moyens et les avons-nous ? C’est donc finalement la meilleure question qu’il faut se poser.
Le Phare : L’Adr va-t-elle participer à tous les scrutins ?
Gérard Tumba : Si le calendrier est maintenu, nous avons l’ambition de participer aux élections à tous les échelons. Pour le candidat à la présidentielle, il faudrait attendre l’issue du Congrès ou passer par des primaires. Somme toute ça va se décider en interne, au cours d’un exercice tout à fait démocratique.
Tshieke Bukasa