Candidat congolais déclaré à la succession d’Abdou Diouf à la tête de l’Organisation Internationale de la Francophonie(OIF), le Dr Tharcisse Loseke Nembalemba est déjà au front où, sans relâche depuis plusieurs semaines, il bat campagne pour le contrôle, par son pays, du Secrétariat général de cette institution dont les Etats membres ont en commun la langue française et certaines valeurs (comme, notamment, la diversité culturelle, la paix, la gouvernance démocratique, la consolidation de l’État de droit, la protection de l’environnement).
Médecin neurologue, professeur d’université, acteur politique et militant des droits de l’Homme, Tharcisse Loseke est dans la course, depuis le 15 août 2014, date de la présentation de sa candidature au ministère congolais des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la Francophonie. Cependant, malgré son profil apprécié par tous, cette ambition n’a toujours pas reçu le soutien du gouvernement de la République qui à l’instar d’autres pays manifestent officiellement leurs appuis à leurs candidats.
Plus grand pays de l’espace francophone du monde, la RDC devrait clarifier sa position sur son soutien ou non à la candidature d’un fils du pays dont la renommée de compétence, d’intégrité morale et professionnelle dépasse largement les limites des frontières nationales.
A deux mois de l’élection du Secrétaire général qui se tiendra à Dakar(Sénégal), cette sommité congolaise, diplômée d’Anvers, de Bruxelles (Belgique), de Londres(Royaume-Uni) et d’Harvard(Etats-Unis) a dévoilé au journal Le Phare les grandes lignes de son mandat s’il est porté au plus haut sommet de l’administration de la Francophonie. Entretien.
Le Phare : Dr, qu’est ce qui a finalement motivé votre candidature ?
Dr Tharcisse Loseke : Ce n’est pas une décision prise au hasard, ni à la légère. J’ai pris le temps de réfléchir depuis la déclaration du président Abdou Diouf à Kinshasa lorsqu’il avait rejeté tout mandat supplémentaire (le 4ème de la série) à la tête de la Francophonie. Je me suis dit que mon pays, 2ème pays francophone au monde, n’a pas beaucoup de visibilité sur le plan international, devrait saisir cette opportunité, d’autant plus que nous avons la chance d’avoir comme président en exercice de la Francophonie, le président de la République, Mr Joseph Kabila.
Pour toutes ces raisons et aussi grâce à mon profil scientifique doublé de ma francophilie de longue date, j’ai décidé de me porter candidat à ce poste qui, pour mon pays, sera un atout important pour une plus grande visibilité au niveau international ;
Le Phare : Est-ce que votre candidature a été agréée ?
Dr T.L. : Je l’ai déposée officiellement le 15 août 2014 auprès du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la Francophonie ; et je pensais qu’à partir de cette correspondance là, il tiendrait informer toutes les instances de la Francophonie qui sont le Président en exercice, la Conférence interministérielle, ainsi que le Conseil permanent de la Francophonie. Mais, jusqu’à présent je n’ai pas encore reçu de réponse à ma correspondance. Jusqu’au 26 septembre 2014, j’étais au siège de l’OIF à Paris où j’ai rencontré des hauts responsables qui m’ont affirmé que jusqu’à ce jour, notre pays, la RDC, n’a pas encore présenté officiellement de candidat pour ce poste. J’en ai profité pour déposer ma candidature, dans la mesure où il n’y a aucune règle écrite de procédure pour le dépôt de candidature. Je suppose que le président en exercice de la Francophonie, le président Kabila, a du être informé par ses services de ma candidature et j’attends ce soutien avec beaucoup d’intérêt.
Le Phare : Quel lobbying avez-vous déjà mené pour maximiser les chances de votre élection ?
Dr T.L. : En attendant le soutien formel de la RDC, à travers ses autorités, j’ai surtout fait une campagne de notoriété auprès de nos partenaires qui sont en fait de gros contributeurs de la Francophonie. Et je peux affirmer que mon profil et ma candidature ont été agréablement bien reçus un peu partout où je suis passé, mais avec la réserve que, en référence aux us et coutumes des organisations internationales, il faut être parrainé par son pays, qui pour moi est la RDC.
Le Phare : Etes-vous tenté d’imputer ce silence à cause du fait que vous êtes membre de l’Opposition proche d’Etienne Tshisekedi ?
Dr T.L : Je ne pense pas que ça soit l’élément essentiel car le poste du Secretaire général de la Francophonie est de niveau international où il faut se débarrasser de toutes les colorations politiques à caractère national dès lors qu’on le brigue. D’ailleurs, la Charte de la Francophonie interdit formellement, à son 1er article alinéa 2, que l’on puisse s’ingérer des problèmes internes et l’inverse est aussi vrai. A cet effet, je crois que les autorités du pays sont conscientes que nous devons nous débarrasser de nos divergences internes pour voir l’intérêt supérieur de la Nation.
Le Phare : Qu’adviendra-t-il si vous ne recevez pas le soutien officiel de l’Etat congolais ?
Dr T.L. : Je n’envisage pas cette hypothèse dans la mesure où nous avons une opportunité rare à avoir ce poste pour trois raisons. D’abord, le président en exercice de la Francophonie, c’est le Chef de l’Etat de la RDC, par son truchement, il a le loisir de promouvoir un candidat, proche de l’Opposition soit-il, envoyant ainsi un signal fort dans le sens de la cohésion nationale et le rassemblement du peuple congolais, ensuite, j’ai un profil qui est apprécié par les partenaires et enfin, le fait que j’affiche une candidature qui pourrait faire l’unanimité dès lors que je vise la promotion et la dignité des valeurs partagées par les pays membres de la Francophonie.
Le Phare : Aujourd’hui élu, quelles seront vos priorités ?
Dr T.L. : Le Secrétaire général dépend des instances de la Francophonie et la première instance c’est le Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernements qui établissent la feuille de route à suivre. Cela n’empêche que j’apporte ma touche personnelle sur des aspects tels que la lutte contre le recul de la langue française dans le monde, la diversité cultuelle, le progrès économique et social, la promotion de la paix et les droits humains, la lutte contre le réchauffement climatique, etc.
Propos recueillis par Tshieke Bukasa